disque de la semaine27 septembre 2022

FREAK IT OUT, Re : [ activate ]

1er album disponible le 30 septembre.

Ce premier album est l’un de ceux que nous attendions le plus ces derniers temps. En effet, après avoir découvert Freak it out peu de temps avant les Rencontres Transmusicales 2021, et surtout après les avoir vus sur scène au O’Kenny (St Brieuc), l’envie de les découvrir sur un long format nous faisait grandement saliver. Et comme Re : [ activate ] tient toutes ces promesses, cette attente ne s’avère nullement vaine.

Album concept.

Re : [ activate ], c’est l’histoire d’un robot qui se réveille avec une mémoire plus que défectueuse. En 4 longues plages musicales, on suit son parcours en vue de se la réapproprier. Dès l’artwork, on plonge dans un univers à part. Sur la pochette (de Vincent Belbari), nous découvrons le robot en question, F.I.O de son prénom (acronyme de Freak It Out évidemment) plongé dans un décor en 4 notions (la ville, la jungle, la plage, le monde suspendu). Au dos de la pochette, 4 disques durs, représentés sur les 4 faces du double vinyle, contiennent chacun une fiction sonore et un des 4 morceaux phare du disque. Ces 4 disques représentent les mémoires fractionnées de ce personnage métallique.

Références évidentes à la science-fiction, le disque est aussi un rappel à l’enfance, à l’innocence qui est la nôtre à la naissance, qui peu à peu se nourrit des expériences et des rencontres pour nous amener à devenir l’être humain (ou un robot dans le cas de Re : [ activate ]) que nous sommes aujourd’hui. Fort de cette base clairement établie, qu’en est-il de la musique qui couvre les explorations de F.I.O et sa quête d’humanisation ?

Post jazz, broken pop, funk et rock (et esprit punk).

Définir la musique d’un groupe comme Freak It Out revient à définir la forêt vierge (ou tout autre territoire non exploré). Les repères qui sont les nôtres sont mis à rude épreuve, nous nous raccrochons à des codes qui nous sont familiers. Ici, ils se situent entre le rock, la pop, le funk, le hip-hop, le jazz, mais le tout passé dans un shaker unique de savoir-faire et d’inspirations propres au groupe.Peu importe, car dès Robot, la sauce prend. Mélange d’énergie et de couleurs sucrées, mélange d’analogique et de numérique, mélange de phrasé hip-hop et de chant plus posé, Freak It Out explose les frontières des genres pour créer son propre paradigme.

Pourtant, si cela peut éventuellement déconcerter le non-mélomane dans un premier temps (les rythmiques extrêmement changeantes et créatives renvoyant à l’idée d’une musique cérébrale), l’énergie qui découle de l’ensemble finira très vite par le convaincre que ce groupe-là possède un côté viscéral et instantané qui fait mouche. Ainsi, le côté cérébral ne l’emporte pas sur le côté plaisir et festif, ce qui fait que Re : [activate] s’impose vite à nos oreilles. Pour les mélomanes plus avertis, les compositions évolutives et les changements d’ambiance créeront la surprise, sans sombrer dans ce côté musique pour musiciens souvent insupportable. En deux mots, Freak It Out est dans le juste dosage entre démarche artistique intraitable et le partage de bonnes vibrations.

Robot, My Style, Dream On et Color Bay.

Les 4 titres phares s’approchent tous d’une durée de dix minutes. Chacun des morceaux possède un caractère qui lui est propre, reposant sur une base mouvante, comme pour mieux épouser le contour des découvertes de F.I.O. Ainsi, se succèdent périodes de tension et de relâchement, passages apaisés et émerveillement. Les rythmiques sont parfois tribales, parfois explosées, tout comme le chant, à quatre voix. Parfois harmonisé, parfois scandé, il participe à une dynamique implacable, qui nous laisse bien souvent à bout de souffle. Fort heureusement, les interludes permettent d’appréhender chaque nouvel Everest du bon pied.

Le son est incroyablement travaillé. Il ne met jamais l’énergie du groupe en cause, sans doute parce que Freak It Out a opté pour un enregistrement live. Qu’importe puisque le son met en relief les propos du combo et permet de nous perdre (ou plutôt d’éveiller nos sens) dans un imaginaire fou, que l’on est libre d’interpréter à notre façon. Le travail sur les voix est étonnant. Trafiquées parfois, elles se fondent à d’autres dans les instruments, leur donnant un côté humain, là où F.I.O tente lui aussi de s’humaniser. La boucle se boucle peu à peu.

À l’instar des voix, les instruments sont magnifiquement mis en valeur. Ils nous paraissent parfois futuristes, oniriques, totalement dans et hors des modes, comme pour synthétiser, à la manière du genre musical créé par le groupe, toute l’histoire de la musique moderne. Cet esthétisme, fort heureusement, ne dénature jamais la musique du groupe, laquelle devient très vite addictive et indispensable.

La confirmation.

Re : [ activate ] s’impose donc comme une pure réussite. Si nous espérions un bon disque, nous sommes véritablement en présence d’une pépite. Car le disque restitue la folie et la générosité du groupe en concert, tout en magnifiant son aura sonore pour nous propulser dans un monde à part.

Ce disque arrive à point nommé dans cette rentrée musicale un peu trop sage à nôtre goût. En proposant un large éventail quant aux styles embrassés, Freak It Out impose, avec la manière, sa personnalité. Impossible de passer à côté de ce très grand disque. Nous vous conseillons en plus de cela de découvrir le groupe en live lors de ses 3 release party (Le ferrailleur, Nantes, le 30 septembre, l’Ubu, Rennes, le 1er octobre et enfin à La Boule Noire, Paris le 23  octobre). Vous ne le regretterez pas, croyez-nous sur paroles.

L’interview

Nous avons posé quelques questions à Freak It Out il y a une semaine de cela. On vous met ci-dessous la première partie de l’interview, en mode podcast. Les deux parties suivantes arriveront demain et après-demain pour coller au mieux à la sortie de l’album.

Suite de l’interview en compagnie de Thibault, Maxime et Fabien

Fin de l’interview consacrée à Freak It Out. Merci à Thibault, Maxime et Fabien pour le temps qu’ils nous ont accordé (et merci également, même s’ils étaient absents, à Lancelot et Pierre).

Patrick Béguinel

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