Concert de FREAK IT OUT (O’Kenny, Saint-Brieuc, 17/06/22)
L’art de mettre le feu !
En arrivant un petit quart d’heure seulement avec l’heure officielle du début du concert de Freak It out, on se dit « mince, ils ne vont pas avoir grand monde les gars ». On s’installe au bar, prenons une pinte Guiness (la meilleure de Saint-Brieuc est tirée au O’Kenny) et commençons à attendre le début des festivités. Qui tardent… Une bonne heure… La pinte, forcément, s’est vidée, une autre recommandée. Quand le groupe s’installe enfin.
Grand bien lui a pris puisque les clients du pub sont arrivés. Après la chaleur estivale de la journée, ils viennent s’humecter le gosier et, accessoirement comme c’est très souvent le cas dans les rades, écouter le groupe. Nous pensons qu’ils sont loin, pour plus des trois quarts, de se douter de ce qui les attend.
Dans le fond du pub, le décor est planté. Le mot planté n’est pas usurpé car la décoration du groupe est végétale, presque d’aspect jungle. Des plantes (factices croyons-nous, nous ne sommes pas allés vérifier) sont disposées ici et là, comme elles sont visibles sur les vidéos du groupe captées live pour/par Les Transes. On arrive donc en terrain connus.
Une premier set.
Avec cette bonne heure de jet lag inspirée, le groupe lance la machine de guerre qu’est Freak it out ! 4 chanteurs sur 5 membres du groupe, une formule guitare/basse/batterie/synthés/machines et un groove monstrueux se mettent progressivement en place. Bien que nous sentions un début de set un peu grippé, les choses décantent très vite et la mèche se consume lentement en direction du baril de poudre. L’explosion arrivera en deuxième set, mais on vous en dit plus ultérieurement.
Pour ce premier set, le premier constat est que, même sans ingénieur du son (le groupe se règle lui-même, en fonction des retours du barman ou du public), le son est d’une très bonne qualité. Seul petit bémol, vite rectifié, sur le chant pas toujours très audible en tout début de set, surtout dans les phases les moins volcaniques. Quand ils poussent un peu sur leurs cordes vocales en revanche, les musiciens montrent l’étendue de leur maitrise en la matière. Leurs harmonies résonnent de façon très précise, décuple la force de leur composition et surtout assoit une part non négligeable de leur identité. Magique.
L’autre aspect magique, c’est celui qui, outre les très belles qualités techniques et instrumentales de chaque musicien, c’est le travail sur les rythmiques et leurs modulations. Un travail millimétré permet en effet au groupe des changements de rythmes, des cassures funambules, des chutes maîtrisées et des relances pieds au plancher absolument vertigineux. Le public ne s’y trompe pas et commence enfin à danser… mais le premier set, tour de chauffe, s’achève déjà. Le groupe reviendra une quinzaine de minutes plus tard après cette mise en jambe de 5 titres (nous n’en sommes plus sûr, happés que nous étions par le show, nous avons oublié notre rigueur journalistique dans la deuxième pinte de Guiness).
La folie Freak !
Le groupe revient derrière ses instruments et reprend les choses là où il les avait stoppées, c’est-à-dire à ce moment où les muscles sont chauds et la fièvre sur le point d’éclore. C’est vrai que progressivement l’ambiance monte, cran après cran, et que le feu s’installe, d’abord timidement, puis de plus en plus débridé. Rien à voir avec le climat tropical du dehors, c’est bien Freak It Out, et l’alcool aidant un peu on ne va pas non plus négliger ce facteur qui est une constante, quel que soit le groupe se produisant, qui incendie le O’Kenny. Devant le groupe les spectateurs commencent véritablement à danser, et ce en étant de plus en plus nombreux. Même aux arrières postes, on voit les gens bouger, plus ou moins discrètement, sur le groove du groupe.
Pouvait-il faire autrement, le consommateur de bière, que de bouger ? A vrai dire, non, car Freak It Out agit directement sur le système nerveux avec son mélange de hip-hop, funk, rock, voir presque metal, et pop. Passages parfois doux, parfois plus rugueux, parfois chargés d’invectives et parfois plus mélodiques, l’alternance est de rigueur et d’intelligence. Celle-ci réside principalement dans le fait de proposer une musique hyper exigeante en terme d’architecture, tout en sachant rester accessible.
La balance ne penche jamais dans un côté trop cérébral, tout comme elle ne sombre pas dans une facilité malvenue. Un énorme travail a été effectué par le groupe, ça se sent (et ces dires ont été confirmés après le set par le groupe) : rien n’est laissé au hasard, du jeu à 4 voix aux arrangements, tout a été pensé, organisé, travaillé pour que l’instantané côtoie la prise de risque artistique. Peu de groupes peuvent se targuer d’une telle exigence sans sombrer dans un côté « musique pour musiciens ».
Public au rendez-vous.
La preuve en est l’adhésion du public, pleine est entière. Bien qu’il soit malgré tout peu nombreux, il donne de la voix et du corps pour célébrer la musique des Freaks. Qu’il soit debout ou assis, nous le voyons réceptif, engagé dans la musique lui aussi. Même si potentiellement il n’était pas vu spécialement pour le concert, il n’aura pas été insensible à la personnalité de Freak It Out.
Nous le comprenons aisément, car en plus de la maîtrise de son art, le groupe possède une présence scénique très intéressante. Le chanteur principal possède une aura particulière, celle d’un frontman sympathique (il est très affable, engageant aisément la parole avec le public) et doté d’un jeu de scène bien à lui, mais les autres chanteurs ne sont pas en reste (à l’exception du batteur. Coincé derrière sa batterie, on comprend qu’il est plus difficile d’être démonstratif corporellement, dotant qu’il possède un sacré touché et que ses parties son complexes), venant sur le devant de la scène quand l’exige la situation.
Ainsi, plus que des individualités, nous sentons un tout qui fonctionne de façon bien rodée. L’esprit de groupe donne ce sentiment d’un charisme collectif maousse costaud, d’une joie de jouer une musique qui n’appartient qu’à eux et une capacité à mobiliser le public qui montre que Freak It Out possède un vrai quelque chose rien qu’à lui. Un énorme espoir que ce groupe bouillonnant d’idée et qui, sans se prendre la tête, retourne la nôtre. Une excellente surprise qui confirme tout ce que nous pensions déjà du groupe. À voir absolument sur scène cet été, avant que n’arrive l’album à la rentrée prochaine avec son cortège de release et autre dates de tournée !