NICOLAS REY, Médecine douce

nicolas rey médecine douce

Aux éditions Au Diable Vauvert

Nouveau roman de Nicolas Rey, médecine douce, ou comment retomber sous l’emprise doucement immorale d’un auteur qui prend plaisir à nous caresser à rebrousse-poil.

Nicolas Rey n’est pas quelqu’un de bien. Ou du moins, ses personnages masculins ne le sont pas (ne confondons jamais l’homme et ses créatures). On se rappelle de cet écrivain frustré devenant DRH de l’entreprise de son père et qui fera tout pour détruite ce dernier. Nous sommes aujourd’hui la proie d’un médecin tout ce qu’il y a de plus véreux puisque celui-ci n’évite pas une seule seconde à manipuler des résultats sanguins dans le seul but de séduire une femme dont il tombe, dès la première rencontre, éperdument amoureux.

Horreur ! Scandale ! Effectivement à l’époque me too, ces manières pour le moins immorales ne tardent pas à nous rendre ce médecin fort antipathique. Et pourtant, avec toute la subtilité et la poésie de Nicolas Rey, cet antihéros détestable en devient presque aimable. Pourquoi ? Parce que si sa manière de procéder est abjecte, ce qui l’est moins, c’est l’amour incroyable qui l’habite qui nous le rend pour le moins humain. Mais pas que l’amour pour cette femme sublime puisque nous y lisons également un amour incroyable pour sa propre fille, puis, de manière inattendue, de celle de sa nouvelle conquête.

Un festival de manipulations.

Pourtant, une relation partant sur une tromperie ne peut s’achever sans une vérité éblouissante. Ainsi, par un tour de passe-passe dont Nicolas Rey est seul capable, tout bascule et le piégeur se retrouve face à lui-même et ses mensonges (lesquels s’accumulent au fur et à mesure du livre). C’est à ce moment de vulnérabilité que l’auteur parvient le mieux à nous rendre son héros sympathique.

Au fur et à mesure des pages, le talent de Rey, pour inventer des situations abracadabrantesques, des délires de drogué, des passages surréalistes et d’autres plein de tendresse et d’humanité, s’affine et nous conduit au plus près de l’humain, quel qu’il soit. Si la vérité quant au personnage principal éclate, celle sur la nature humaine au sens large du terme apparaît également au grand jour. Lâcheté, peur, oublie de soi, perte des illusions, vie sans passion, tout s’étale devant nos yeux et ne manque jamais de nous faire réagir.

Montagnes russes.

Dans Médecine douce, nous passons par toutes les émotions à commencer par le dégoût pour finir par une forme d’admiration, sans oublier de sourire, ou rire, devant l’incongru de certaines situations. Non pas que ce personnage trouve 100% grâce à nos yeux, mais simplement parce qu’il nous apparaît simplement comme un être plein de failles (pour ne pas dire de faillites) et de faiblesses, mais qui garde dans son cœur une incroyable bonté humaine.

Mais comme le dit le proverbe, l’amour rend aveugle. Alors nous pardonnons à ce médecin la folie que ce sentiment magnifique a suscité chez lui. Parce que l’amour est si grand, et nous sommes si petits, que nous imaginons sans mal que nous aussi, à quelques détails près, nous pourrions tomber dans un piège similaire.

En forçant le trait avec un savoir-faire qui n’appartient qu’à lui, Nicolas Rey nous offre un livre finalement plein de tendresse, à l’image de cet auteur romantique et amoureux de l’amour.

Patrick Béguinel

Ajoutez un commentaire