chronique roman, nouvelles, récit
CÉLINE DUTT, Les racines de la honte
Tome deux, déjà disponible (autoédition).
On retrouve Éléonore à Berlin où elle a emménagé avec son conjoint. Désormais remise des révélations de ses parents quant à son adoption, étant elle-même maman, elle décide de retrouver la trace de son géniteur. A la fin du tome 1 des Racines de la honte, Céline Dutt laissait la porte ouverte à une telle suite. Ayant déjà exploré la partie maternelle d’Eléonore, l’autrice s’attache désormais à explorer le côté paternel.
Une fois encore, cette exploration nous propulsera à travers l’histoire sur près de 80 ans. S’y croiseront les fantômes de la Première Guerre Mondiale et son cortège de blessures (tant physique qu’urbaine ou psychologique), la cruauté du régime nazi et les relents de guerre froide sur fond d’espionnage et de paranoïa. Tout ceci pour nous conter la « petite » histoire d’Eléonore.
Une plume vive et fluide.
Une fois encore, nous sommes ensorcelés par la fluidité de la plume de Céline Dutt. Une fois encore, elle s’avère précise, tant dans ses descriptions historiques, documentées, que dans celle de la psychologie de ses personnages. Sans entrer dans des détails sans importance, sans non plus nous offrir un documentaire sur près d’un siècle de tourments en Europe, l’autrice vulgarise et romance son propos pour en faire à la fois un livre distrayant et plein de fond.
Elle revient en outre sur différentes époques et, comme une photographie, fait ressortir les faits marquants de celles-ci. L’immersion est totale et rapide, et surtout elle fait que nous ne lâchons jamais le livre des mains. L’histoire dans l’Histoire, elle aussi, nous maintient captif. Qui est cet homme qui a abandonné Eleonore et sa mère ? Pourquoi l’a-t-il fait ? Les questions trouvent des réponses tout au long des presque 370 pages du roman.
Autoédité.
Ce deuxième tome, autoédité comme le premier, nous montre à quel point ce type d’édition peut révéler des plumes talentueuses, mais jouissant aussi d’une certaine liberté. Celle-ci ne signifie pas faire n’importe quoi mais montre que les autrices et auteurs sont conscients du poids qui pèse sur leurs épaules, celui de satisfaire des lecteurs en proposant une vraie belle expérience de lecture. Dans le cas présent, Céline Dutt à tout de l’autrice de best-seller tant son roman en coche toutes les cases.
Nous ne saurions que trop vous conseiller de vous confronter à des auteurs et autrices autoédité.e.s pour vous convaincre de leurs qualités respectives. Tous ne sont pas bons, mais certains le sont assurément, au point que quitter leurs héros fait un petit pincement au cœur. C’est le cas avec Eléonore et les Racines de la honte qui, en toute fin de livre, pourrait être rebaptisé. Mais ça, vous le saurez en lisant le livre !
Patrick Béguinel