[ ALBUM ] THEO LAWRENCE, Sauce piquante en pays country
Deuxième album de Theo Lawrence, Sauce Piquante (BMG)
En 2018, Theo Lawrence avait fait parler de lui avec Homemade Lemonade, son premier album aux inspirations americana certaine. Alors acc2018ompagné par The Hearts, il promenait sa dégaine dans un revival 50’s réussi. Sauce Piquante le voit revenir aux affaires courantes, sans les Hearts cette fois-ci.
Vintage et country.
Le chanteur franco-Canadien n’a pour autant en rien perdu de sa superbe. Tout d’abord, sa voix possède toujours ces accents, ses inflexions très nord-américaines, parfaite pour la musique qu’elle habille. Celle-ci, très inspirée par la country, et dans une moindre mesure par le blues, nous propulse dans les terres du middle west avec une déconcertante facilité.
Sauce Piquante ne vole pas son nom. Si une telle sauce rehausse inévitablement le goût de mets insipides, la musique de Theo Lawrence rehausse pas mal le niveau du style country/americana, bien souvent fadasse, ou peu inspiré, de la concurrence. Pour la faire courte, nous dirions simplement que cet album est plus vrai que nature, s’inscrivant dignement dans la lignée des Grands du style.
Cow-boys et franges.
Les morceaux de Sauce Piquante nous font irrémédiablement penser au cinéma américain des années , ou du moins à ses représentations dans la culture populaire. Slows langoureux (Evangeline par exemple), morceaus plus enlevés, tous les ingrédients sont réunis pour nous sortir l’esprit de nos contraintes quotidiennes, mais toujours avec une qualité d’écriture qui fait mouche.
Il suffit, pour les non anglophones, d’écouter Petit Coeur, le seul titre osant l’incursion francophone de l’album, pour en être convaincu. Ce titre synthétise en 2 minutes et 33 secondes l’esprit de Sauce Piquante, avec une écriture resserrée, précise, pleine d’une poésie terrienne, évoquant une rupture amoureuse et le désespoir de l’amant éconduit avec une réussite certaine. Tellement certaine qu’elle ferait saliver d’envie pas mal de chanteurs français dont les textes sonnent creux.
Pour les titres en anglais, même pertinence, même science du bon mot au bon endroit. Pas besoin de tout comprendre pour ressentir la fièvre habitant Theo Lawrence et son équipe. Si certains morceaux ont été écrit à deux mains, et un ayant été entièrement composé par Thibault Ripault, épaulant également Theo aux guitares, aucune incohérence, aucune faiblesse ne se fait ressentir sur les 12 titres habitant Sauce Piquante. La cohésion est totale, renforcée par une tracklist absolument parfaite.
Le temps qui passe…
Cet album se veut une évocation du temps qui passe. Musicalement cela se traduit par une production aux petits oignons (comme l’était celle d’Homemade Lemonade du reste), analogique, gorgé d’orgue, de piano, de sons d’inspiration 50’s (sur les guitares notamment avec cet effet très rockabilly). Les voix passées dans des micros vintages, nimbées d’une très légère reverb, renforcent l’aspect vintage de la musique de Theo Lawrence, sans que l’ensemble soit surjoué. Bref, la classe.
Mais le véritable média transportant cette fièvre du temps passé reste la voix de Theo Lawrence. Ce type est un vrai chanteur, du genre de ceux qui font passer, par un très léger trémolo, toutes les émotions qui les habitent. Il ferait pleurer la banquise si le réchauffement climatique ne le faisait pas à sa place. Impossible, sur les balades, de résister à l’insondable tristesse qu’il semble trimbaler dans la poussière que dégagent ses bottes dans leur sillage.
Bien sûr, si l’aspect americana vous déplait, sachez que Theo Lawrence sait y faire pour vous rabibocher avec ce style relativement particulier. Comme nous le disions, ce type a la classe, et ses compositions également. Il n’y a là aucun stéréotype, un vrai amour de cette musique qui se traduit ici par un disque proche de la perfection absolue. Cet amour véritable (synonyme de respect bien entendu) fait que Theo Lawrence s’y plonge corps et tripes (et âme aussi), et cela se sent, du début à la fin de l’album, homogène et capable de résister aux outrages du temps.
Autrement dit, Sauce Piquante est déjà un incontournable.
LE titre de l’album.
Nous allons nous la jouer honnête, nous ne savons lequel choisir. À vrai dire, nous allons désigner Petit Coeur comme étant le titre de cet album car c’est le seul qui soit en français (ce qui le démarque des autres), même si musicalement d’autres lui sont supérieurs (mais lequel choisir parmi Evangeline, Lonely Together, Prairie Fire, In the back of my mind, Adelita… ? ). Vous l’avez déjà compris, aucune faute de goût, aucun titre faible, une cohésion béton… Un incontournable on vous dit !
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