THE WEATHER STATION, Ignorance (deluxe edition)
Versions alternatives, live et 2 inédits.
Comme une seconde chance. L’album Ignorance de la canadienne Tamara Linderman, sous son projet The weather Station, ressort prochainement, le 19 novembre, en version deluxe. L’occasion de retrouver son album de 10 titres, qui passe ici à 19, avec 2 titres inédits (Better now et Look), et des versions live de Robber, Atlantic et Loss, ou piano de Subdivisions, Tried to tell you, Parking lot et Heart.
Il convient tout d’abord de revenir sur l’album original, tant son univers y est fort, excitant. En effet, secondé à la production par Marcus Paquin (Arcade fire), le disque dévoile des charmes toxiques. Pourtant, son parti pris de mêler pop, folk et jazz (et puis aussi un petit esprit pas très loin de la ferveur gospel) aurait pu très bien tomber à côté de ses prétentions. Fort heureusement, il n’en est rien.
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Ignorance.
En effet, ce genre de mélange de styles peut vite virer à l’insupportable. Un ego surdimensionné aurait tendance à rendre le tout pompeux, prétentieux, mais c’est tout le contraire qui se produit sur Ignorance. Dès le premier (et remarquable) morceau, Robber, la magie opère. D’une part, parce que la production y est irréprochable, ample, précise, sans effets indésirables, reposant en partie sur les aspects acoustiques des instruments ou, lorsque l’électricité est présente, sans sombrer dans le cliché rock qui en amoindriraient les charmes.
Ici, tout est fait avec finesse, tact. Le mix est parfaitement équilibré, mettant aussi bien l’accent sur les instruments que sur la voix de la dame, d’une troublante sensualité. Tout est taillé dans le velours, d’un grand confort pour l’oreille, plus encore pour ce qui s’agit des émotions que dégage le disque. Elles sont nombreuses à ressortir, allant de la légère mélancolie à une sensation de légèreté symbolisant une liberté artistique totale. Un romantisme discret se fait aussi ressentir, notamment quand les morceaux se font un peu plus épiques, emballés.
Les arrangements de corde sont très bien sentis, arrivant en ponctuation ou en renfort pour faire surgir ce soupçon d’émotion supplémentaire. Le cœur se gonfle alors d’un air vif, un peu espiègle, taquin, mais surtout d’admiration pour ce disque qui semble surgir de nulle part.
Pop et entraînant.
Ce dernier argument provient sans aucun doute du parti pris de The Weather Station. Ici, rien de téléphoné, tout est hors mode, ce qui ne fait qu’apporter un supplément d’âme à l’ensemble. Si quelques touches électroniques sont présentes, elles le sont en arrière-plan, presque utilisées comme des nappes lointaines, renforçant des sensations qui ne demandent qu’à s’enflammer.
Assurément, c’est ce qu’elles font (les sensations). Elles bouillonnent à l’intérieur, irradient de tous les côtés. Si nous devions rapprocher le travail de Tamara Linderman de l’une de ses contemporaines, nous citerions le travail de Melanie De Biasio. Bien que leurs univers soient relativement différents, nous retrouvons dans leur tempérament la même volonté farouche de proposer une musique ambitieuse qui leur correspond pleinement.
Le résultat est évidemment à la hauteur de leurs espérances puisqu’il s’avère des plus captivants, enivrants, sans dévier vers une musique pour initiés seulement. Toujours accessible, l’album parvient pourtant à rester exigeant du début à la fin.
Deluxe edition.
L’album donne, en prise directe au casque, l’envie de se lever et de danser. Les prises live confirment-elles la donne ? La première très bonne surprise, c’est que live n’enlève rien à la finesse des morceaux. Nous y retrouvons la même présence délicate des instruments, y compris celle du saxophone sur Robber par exemple. La voix y est toujours parfaite, mais là où le live est fort, c’est que les rythmiques sont plus marquées, apportant un groove supplémentaire (oui, c’était possible, même si cette énergie était déjà bien présente sur le disque seul).
Il s’agit donc de ce point de vue d’une réelle satisfaction, même si fondamentalement les morceaux diffèrent peu des originaux. Ce qui est la norme aujourd’hui (retrouver sur scène ce que vous écoutez gravé) s’avère en revanche un peu frustrant. Seule la captation de cette nouvelle énergie apporte un semblant d’intérêt.
Pour les versions piano, l’effet se révèle un peu différent. Nous retournons à l’os du morceau, suivons un peu du processus ayant mené à des titres plus habillés. L’intérêt réside ainsi dans la magie de découvrir un morceau dans sa nudité la plus totale, ce qui nous émerveille par la suite des trouvailles d’arrangements et des divers effets de studio. Les deux inédits quant à eux nous montrent que The weather station semble bien avoir en stock de bien belles chansons, totalement dans l’esprit de ce disque d’une incroyable richesse.
LE titre d’Ignorance deluxe edition
Nous l’avons déjà signalé dans la chronique, mais il faut avouer que ce morceau est dingue et qu’il vaut à lui seul d’acheter le disque. Il s’agit évidemment de Robber, dont on retrouve quelques petits dans le disque. Mais chut, on va vous laisser les trouver par vous même.