[ ALBUM ] TACHKA, Volcan, magma pop de chambre !

Volcan, nouvel album de Tchaka (disponible chez Le cri du charbon).

Tachka nous propose un nouvel album, son deuxième, 5 ans après son premier Balbutiar. Et le moins que nous puissions dire, c’est que l’univers du groupe est complètement à part, presque anachronique. Est-ce un mal ? Absolument pas ! Pourquoi ? Parce qu’il porte une voix singulière, originale, et parce que Volcan dégage une chaleur intense, à nulle autre pareille.

Mais avant toute chose, Tachka, qui est-ce ? La tête pensante, c’est Natacha Jomain, accompagnée aux arrangements et en formule trio par ses acolytes Agnès Ino et Romain Stohl. Natacha Jomain produit, écrit et compose, joue de la voix, des claviers, de la guitare, du ukulélé, du charango, des bruitages.

Agnès Ino est à la clarinette (Si bémol et basse) et aux percussions. Romain Stochl est lui à la contrebasse. Ils portent Tachka et sa pop « de chambre », terme évidemment galvaudé puisque le rapport à la musique de chambre s’arrête à l’utilisation de ces quelques instruments « classiques » que sont la contrebasse, la clarinette et d’autres instruments additionnels comme les violons, violoncelles et saxophones baryton.

Pop de chambre ?

Alors oui, l’impression première que nous avons nous rapproche de la musique classique, car les sonorités sont ici très boisées, feutrées, acoustiques en grande partie. Mais il s’agit bel et bien de pop. Une pop qui s’avère, par ses instrumentations, par sa construction, souvent expérimentale. Pour autant, elle n’oublie jamais d’être mélodieuse, porteuse de lignes de chant accrocheuses.

Qui dit pop dit bien souvent chant en anglais. Ici, la balance est presque équilibrée car Volcan contient 5 titres en français contre 6 en anglais (forcément, l’album contenant 11 titres, dur d’avoir un équilibre parfait). L’entame du disque se fait du côté anglophone et nous entraîne rapidement dans un univers aux teintes presque mélancoliques, avec ce petit élément qui donne des ailes à un corps plombé.

White-eyed brides (qui ouvre le disque et est primordial dans l’impression générale qui en découle) possède en effet un côté combatif, un peu épique, mais toujours contenu dans un espace relativement restreint. C’est-à-dire que la production est dessinée au plus près des musiciens, ne possède pas une ampleur de fou. Pas de réverb pour donner une sensation d’espace, au contraire l’effet désiré est d’obtenir un côté très intime. L’aspect épique se manifeste principalement par l’agencement du morceau, par la voix de Tachka, pleine d’une emphase communicative. Nous retrouvons cette caractéristique sur une majorité de titres, aussi bien en français qu’en anglais.

Passage parfois délicat.

Néanmoins, les titres en français semblent avoir une portée relativement différente des titres en anglais. Pourquoi ? Déjà parce qu’en anglais nous apportons sans doute plus d’importance à la musicalité qu’aux paroles. Nous ne sommes, par exemple, pas fans des titres Salop.e et Café des anges même si, musicalement, Salop.e est hyper intéressante, notamment sur ce jeu de boucle sur la voix et sur la progression « dramatique » du morceau (mais nous accrochons moyennement sur la ligne de chant). Café des anges s’inscrit dans une relative cohérence avec le reste de l’album, mais reste un peu dans les starting-blocks.

Ce qui nous frappe en revanche, c’est le caractère poétique des autres titres en français. Cette poésie est elle aussi « dramatique », ou plutôt théâtralisée/théâtralisable. L’expression, tant vocale que musicale, nous transporte dans un imaginaire qu’il nous convient d’habiller avec nos références. Cela vaut pour tous les titres de Volcan, sans exception. Cette couleur, constante, apporte une dimension à la fois rassurante à l’album, mais également aventureuse, proche de l’avant-garde croisée des deux arts (théâtre et musique).

Un album homogène.

Pour nous, il ne fait aucun doute que Volcan est un album homogène. Très bien construit, superbement arrangé, il véhicule un sentiment proche de la tristesse, mais toujours avec une sorte de luminosité céleste. La production, si nous la décrivions comme « peu ample » est superbement dessinée, mettant en avant la chaleur des instruments, des cordes et surtout des bois. Et la voix, que l’on aime ou pas (et nous l’aimons) est simplement parfaite dans ses intonations, ses impulsions et son accent (pour les passages en anglais).

Nous ne saurions que trop vous conseiller de jeter une oreille attentive à ce disque qui sort des standards du genre, parce qu’il dégage une richesse émotionnelle forte, tout en restant à la fois expérimental et facilement accessible (sans lorgner la facilité ou un sinistre aspect commercial).

LE titre de Volcan.

Une nouvelle fois, comme c’est souvent le cas dans cette rubrique, nous hésitons. Notre choix est toujours très subjectif, et cette fois-ci, nous hésitons entre deux morceaux situés en fin d’album, soit Le tableau et Solace. L’un en français, l’autre en anglais. Pourtant, tous deux possèdent la même atmosphère, celle d’une histoire qui nous est contée au creux de l’oreille, presque comme un chuchotement qui parlerait autant à notre âme qu’à notre tympan.

Nous aimons chez les deux le relatif minimalisme, au service du pouvoir des mots et de leur poésie pour l’un, une musicalité feutrée laissant la part belle à l’imaginaire et à un univers onirique et cinématographique de l’autre. Comment trancher ? Impossible. Ces deux titres concluent en beauté (il reste le très beau Après la tempête en toute fin d’opus) un album qui nous accompagnera un long moment.

tachka volcan

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