STONE FROM THE SKY, Songs from the deepwater

stone from the sky songs from the deepwater3é album déjà disponible chez More Fuzz Records.

Comme quelque chose de poisseux, de lourd. Comme une nappe de pétrole sur la mer. Forcément, le titre de l’opus nous met la puce à l’oreille puisque Stone from the sky y fait référence à une marée noire gigantesque, liée à l’activité humaine (encore et toujours), mais ose également le double sens avec l’expression anglaise to be in deep water ( = être dans de beaux draps). L’un dans l’autre, un seul constat, l’amertume. Songs from the deepwater sera massif, brutal, dégagera une forme de colère sourde, sans aucun espoir de lumière.

C’est vrai, il est oppressant ce disque. À l’image de sa pochette, il laisse très peu de place à la lumière, à la couleur, nous invitant plus à rester dans des nuances plus ou moins foncées, de gris, de bleus, de noirs, profonds, presque jusqu’à l’infinie. Seules les lignes mélodiques nous épargnent la sinistrose car, si elles s’avèrent le plus souvent très mélancolique, voire totalement défaitistes, leur simplicités et leur efficacité nous font un bien fou.

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Tout instrumental.

Le disque comporte 7 titres, 7 instrumentaux, sauf peut-être le dernier, Talweg, dans lequel pointe une voix, comme provenant des fins fonds d’un gouffre marin. Inutile de dire que tout repose donc sur l’efficacité mélodique et sur l’énergie déployée par le trio. Pour ce faire, pas de mystère, une grosse rythmique basse batterie, bien nuancée même si d’une ça cogne dur, de deux ça claque des lignes de basse monolithiques. Peu de groove (dans le sens ou nous l’entendons, à savoir funky ou disco), par contre l’assise amène l’ensemble à décoller bien vite, bien fort, quand il se doit.

Parce que le tout n’est pas d’envoyer la sauce n’importe quand et n’importe comment, il faut le faire au moment adéquat. Alternant moment de fureur et passages d’accalmie, Stone Fron The Sky séduit et surprend. L’art de la composition, pour un groupe instrumental, est indispensable pour raconter des histoires (muettes), le trio s’y prend à merveille pour faire naître les images par ses changements de rythme, d’intensité.

La guitare use de nombreux subterfuges pour habiller l’ensemble. Comme un conteur, elle change ses intonations par le biais d’une distorsion, d’une fuzz bien sentie, de riffs acérés ou au contraire d’arpèges aériens. Car tout, ici, n’est pas qu’insondable noirceur.

Aériens mais pas lumineux.

Même si ces fameux arpèges (ou accords) sont aériens, ils ne sont pas pleinement lumineux. Au mieux dirons-nous, ils trouent un ciel chargé en lourds nuages noirs sur le point de crever. De toute façon, tout est ici marin, mais du genre abysse, cette mer qui n’a jamais vu la lumière du jour. Nous sommes dans une faille de la taille de celle de San Andreas, dans le froid, l’obscurité la plus totale, attendant d’être sauvé avant qu’une créature inconnue nous bouffe les pieds.

Nous ne sommes jamais véritablement tranquilles, jamais rassurés. Au contraire, c’est l’anxiété qui règne ici. Quand le rythme se fait plus empressé, notre cœur se calque sur la frénésie du tempo, au risque de nous faire passer un mauvais quart d’heure, du genre infarctus du myocarde ou on ne sait pas quoi. Ces accélérations nous clouent par terre, nous guident vers les entrailles de la terre, de la mer, ou les nôtres, celles qui nous sont propres.

Pourtant…

Pourtant, cette musique nous donne de la force. Certes, elle est mélancolique. Certes encore elle est désenchantée, peut-être même pessimiste. Pour autant, elle reste réaliste, expression d’un sentiment qui nous assaille tous quand nous voyons comment nous martyrisons notre belle bleue, comment notre activité hyper productiviste conduit tout droit au split ultime.

La colère est donc de rigueur, comme la hargne, mais aussi cette résignation qui pue, celle qui nous dit « à quoi bon combattre puisque les plus hautes autorités s’en contrebalancent » ? L’espoir est pourtant présent, nous le pressentons, ce vent de révolte qui mettra tout le reste KO, qui nous amènera à nous saisir de notre futur au présent.

C’est donc un cri d’alarme que nous fait entendre Stone From The Sky avec Songs from the deepwater. Tant qu’il est cri, nous l’entendons, et tant que nous l’entendons, nous sommes encore vivants, alors tout est possible. Ce disque abrasif, mais véhiculant par sa musique tout ce que l’âme peut avoir de plus conscient et généreux, est indispensable, ne serait-ce que pour (se)remettre les pendules à l’heure.

LE titre de Songs from the deepwater.

Album instrumental, dur de choisir un titre en particulier, d’autant plus que le disque se tient admirablement. C’est homogène et même si aucun titre ne prend véritablement le dessus sur les autres, tous possèdent ce petit truc qui le démarque de son suiveur et de son prédécesseur. Aussi, le mieux est de prendre les choses dans l’ordre et se faire happer directement par Godspeed qui donne le la (et de quelle manière) de l’album.

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