Special friend, les ennemis de mes ennemis…

ennemi commun special friendEnnemi commun, debut album de Special Friend (howlin banana records)

Les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Alors, si nous avons un ennemi commun, c’est que nous sommes amis, non ? En tout cas, à l’écoute de ce debut album, Ennemi commun, réjouissant, une chose est sure, les deux Special friend se sont trouvés, et bien trouvés puisque leur disque est d’une fraicheur absolument vivifiante.

L’image qui nous vient en premier, c’est celle de deux gosses qui joueraient dans la rue. Ils joueraient à quoi ? Au gendarme et au voleur ? À la poupée ? Non, à faire de la pop ! « Pour dire tu serais Paul Mccartney ! » « Ok, mais toi tu serais Kim Gordon ! » Ils sont malins les gosses d’aujourd’hui. Non, pas malins, mais bourrés de références, et de talent jusqu’au bout de pédales d’effets. Bon, pour le coup, pas sûr qu’il y ait beaucoup de Mccartney ici, pas plus que de Kim Gordon, mais un vrai savoir-faire mélodique, ça, c’est indéniable que le duo en possède un. Comme les grands.

Légèrement lofi.

Comme des gosses donc, les deux Special Friend nous proposent un album fait avec trois fois rien, mais avec un cœur grand comme au moins la taille des States. Guitare, batterie, alternance de voix masculine et féminine, qui a dit qu’il fallait plus que ça pour faire un grand disque ? Personne, et surtout pas nous. D’autant plus qu’ici, tout est agencé au millimètre.

Les mélodies, comme des comptines insouciantes, nous foudroient. Elles sont d’une limpidité lunaire et estivale, portent en elles un sentiment joyeux, insouciant, de ceux qui veulent dire que la merde, on la laisse là où elle est, et on fait ce que nous voulons. Le reste attendra. Alors, contre toute attente, en ces temps plutôt furieusement moribonds, ils sortent Ennemi Commun, nom également donné à un titre de l’album, pépite ensoleillée qui envoie nos idées noires aux chiottes. On tire la chasse d’eau, ne reste que ce sentiment de légèreté, de sourire idiot esquissé sur nos visages, comme lorsqu’on est amoureux et que rien ne peut venir troubler notre journée.

Effets et productions.

Il en faut donc relativement peu pour nous ravir. D’autant plus que le groupe, avec une économie de moyens, nous propose du lourd. Nous évoquions la limpidité des mélodies, nous avons omis de parler de celles des lignes de chant, à même de perforer n’importe quelle armure et de toucher au cœur des plus gros balaises du monde (dont nous ne faisons pas du tout partie). Soit en pur duo, soit en alternance/soutient l’une de l’autre, les voix se combinent à merveille, développent une rythmique bien à elle qui se trouve toujours suppléer par une petite ritournelle à la guitare.

La production reste très rock. Peu d’effet, un son relativement brut et le tour est joué. Sans être totalement lofi, le duo garde un esprit do it yourself poussé. Résultat : une approche séminale dans leur pop, un truc qui agit sans détour sur nos encéphalogrammes. Comme une drogue, Ennemi commun agit sur notre endorphine, en libère des quantités astronomiques et nous laisse en état de manque dès la fin de HCM, dernier titre du disque.

Le titre d’Ennemi commun.

Forest nous paraît le plus à même de rafler la mise. Mais peut-être que sans le morceau qui le précède, à savoir le très bon Hazard, il aurait peut-être un peu détonné dans le paysage d’Ennemi commun. En effet, Forest joue le gros son, en distorsion dents en avant. Hazard avait ouvert la voie de façon convaincante, relativement douce,mais avec déjà des prémices virulentes. Mais Foreste enfonce le clou, et ce permet une incartade presque expérimentale. Proche de la noise, le titre déchire les tympans tout en gardant cette approche mélodique géniale.

Peut-être qu’il ne serait rien sans le titre qui le suit non plus puisque Flaring jean retrouve une quiétude aérienne, touchante, pleine de sincérité. Loin de plomber, ce titre est un retour « à la normale », un moment apaisé qui achève en douceur la précédente déflagration. Mais comme l’ensemble de l’album, chaque titre se nourrit et s’expose à ceux qui les suivent et les précèdent, ce qui fait que jamais nous ne nous ennuyons sur ce disque d’excellente facture qui nous laisse rêver et nous dire que le futur s’annonce très beau.

Bonus : vidéo du groupe capté au beaux-arts d’Angers

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