SANDRA NKAKÉ Tangerine moon wishes
Il arrive parfois qu’un disque traverse notre firmament de sorties hebdomadaires telle une étoile filante. Comme elle, nous nous émerveillons de sa fugace beauté, nous promettant de ne jamais oublier le plaisir que sa vision nous a procuré.
Et pourtant, car nous sommes faillibles, nous l’avons oublié, troublés par les charmes immédiatement assimilables d’une grosse guitare électrique sur un titre aux riffs monstrueux. Notre histoire est ainsi faite, le rock nous habite depuis si longtemps que ses sonorités nous font parfois oublier le reste.
Et puis, un an plus tard, à l’occasion de la découverte d’un site ami, prescripteur de culture lui aussi, une interview nous réveille de notre torpeur. Culture Etc, le fameux site en question, a fouillé l’âme de l’artiste, avec son consentement, responsable de cette étoile filante, dont la beauté fugace s’est introduite en nous pour ne pas nous quitter.
Cette artiste, c’est Sandra Nkaké et son album paru il y a de cela une éternité relative se nomme Tangerine moon wishes. L’avantage des disques par rapport aux étoiles filantes, c’est qu’ils restent là où nous les avons posé, jamais très loin de la chaine hi-fi. Nous aurions pu le réinsérer dans le mange-disque pour nous rappeler ses saveurs mais il n’en est pas besoin.
Parce que ce disque, depuis le temps, a fait son chemin en nous, comme le Touareg trace sa trace dans les sables mouvants, fluctuants. A leur image, ce disque vit par lui-même, se charge d’émotion, la restitue à la même place ou bien ailleurs, en fonction de notre état du moment.
Ce disque est aussi comme un arbre, solidement enraciné dans la terre mais les bras/branches grands ouverts au-dessus de sa tête, comme pour capter les ondes venues d’un autre monde. Non, pas de Starmania ici, pardonnez-nous l’image. Non, ses bras sont grands ouverts pour capter les idées, les émotions, pour enlacer le monde dans ce qu’il a de plus beau.
Et ce qu’il a de plus beau, c’est une voix, délicatement jazz, mais pas que. Comme sur cette ligne de basse furieusement rock, la dame mélange les inspirations, n’en fait qu’à sa tête pour nous délivrer sa vision de la musique, ou la vision de sa musique.
Une flûte passe, antilope dans la savane, souffle d’un vent chaud, peut-être le sirocco. Les langues, elles mêmes souffle, se mélangent, se succèdent, anglais français, parlées, chantées. La chaleur irradie de ces titres, chaleur du corps, chaleur de l’âme, encore. Ce disque reste gravé en nous parce qu’il est plein d’humanité, parce qu’il touche à quelque chose d’essentiel et de viscéral.
Nous aurions pu nous contenter de garder ces ressentis rien que pour nous, jalousement gardé en notre giron, mais comme le dit Sandra Nkaké dans l’interview de Culture etc,
qu’il faut bien entendu lire absolument, l’échange est tout ce qui nous lie les uns aux autres.
Dont acte.