[ ALBUM ] OLIVIER PERROT, C’est la vie.
C’est la vie, premier album d’Olivier Perrot (initialement disponible le 03/04, décalée au 29/05, LaCouveuse / Differ-Ant) .
Il aura fallu attendre une soixantaine d’années pour qu’Olivier Perrot nous offre son premier album, C’est la vie. Dans celui-ci, il nous parle de la vie, de la sienne, en revisitant l’histoire de la musique populaire. Résultat, un album aux humeurs variées, portée par une voix abîmée par les épreuves, habitée par la grâce.
Une entame qui tape fort.
Le premier titre de cet album, C’est la vie, nous met directement dans l’ambiance. Nous avions déposé le single et sa vidéo ICI (avec quelques infos supplémentaires) et, nous devons avouer que cette entame nous paraissait être à la fois une bénédiction et un piège mortel pour Olivier Perrot. Car en effet, comment faire mieux que ce titre de toute beauté, piano/guitare/voix et à la couleur mélancolico-nostalgique en forme de bilan ? Nous n’y voyions pas forcément beau. Mais l’album est magnifique et se tire habillement du piège de ce premier morceau.
Évidemment, tous les morceaux qui suivent ne ressemblent pas à C’est la vie. Et d’ailleurs il faut attendre la plage 7 pour retrouver un morceau de très haute volée (et fort en émotions). Pour autant, mis à part Sous ta blouse qui nous paraît un peu plus forcé (ou moins naturel, musicalement parlant), nous avons bien 10 morceaux qui flirtent avec la mention très bien (dont 3 obtenant la mention « excellent »).
Une recette miracle ?
C’est la vie revient donc sur la vie d’Olivier Perrot. Il nous y parle en creux de filiation, d’amour, de séparation, de rêves, de tout ce qui pimente la vie. Il nous raconte tout cela de sa voix grave, proche des standards des crooners, sans en être un. Cette voix est un formidable véhicule à émotions. Nous y sentons à la fois de la force et de la fragilité, une sensibilité sincère, une honnêteté d’intention également.
Les textes sont superbes. Ils sont véritablement soignés, évitent le piège des rimes faciles qui auraient pu faire basculer cet album de chansons rocks du côté obscur de la variété. Et autant dire qu’Olivier Perrot se démarque dès lors de pas mal de ses contemporains. Pour nous, il se rapproche des grands aînés, du genre Bashung (mais avec une poésie plus concrète), ou Gainsbourg (quand il parle plus qu’il ne chante notamment, et avec une diction bien plus limpide). Ces histoires de vie sont ici déballées avec tact, c’est-à-dire qu’il ne s’agit ni d’une exhibition indécente de son vécu, pas plus qu’il ne caresse le spectre du pathos larmoyant. Non, il tire un constat de son expérience et en tire une sève universelle dans laquelle tout un chacun est susceptible de se retrouver.
Revisiter l’histoire de la musique.
Nous le disions en introduction, Olivier Perrot se livre dans ses textes, avec pudeur mais sans fard. Musicalement, il opte pour une rétrospective de plus de 60 ans d’histoire de la musique. En effet, se côtoient dans C’est la vie, chanson pop (C’est la vie, Tous mes regrets), ballade rythme and blues au piano (À tes pieds), comptine folk (Lolie Jolie, tout en arpège de guitare), blues (Je te garderai), incursion disco/électro (Sous ta blouse), gospel/negro-spiritual (Illumine), chanson rock (Caresse des mots), rock (Qu’enfin je renonce, Parades), folk(Ricochet).
Quelques constantes parmi ces onze titres qui en assurent la cohésion : guitares folk, piano, rythmiques discrètes et bien entendu la voix. Quelques éléments ponctuels qui assurent la variété des styles : orgues, pedal steel, guitare électrique, rythmiques électro, tapis de cordes.
Cet album donc, ne perd jamais en cohérence, toujours avec un soin méticuleux porté à la qualité des paroles. Musicalement, les arrangements sont sublimes, les quelques chœurs qui habitent l’ensemble sont eux aussi extrêmement pertinents. La production est chaude, sonne déjà intemporelle, et c’est tant mieux car, ainsi, elle ne sera jamais datée. Revisiter sa vie en revisitant l’histoire de la musique est une idée brillante qui permet à C’est la vie de propulser Olivier Perrot dans la cour des très grands. Et s’il s’agit là d’un album unique de sa part, nous pouvons dire qu’il aura frappé très fort et aura eu un impact fort sur nous. Sublime.
LE titre de C’est la vie.
Nous aurions cru qu’il s’agirait du morceau titre qui ouvre le bal, déjà une petite merveille. Et puis, plage 7, Illumine, sublime aurait pu lui damner le pion. Mais c’est finalement Qu’enfin je renonce qui nous met KO. Spoken world, poésie désespérée, filtre « téléphone » sur certains passages, une guitare électrique (n’étant pas sans rappeler les fulgurances de David Gilmour) qui déchire l’âme, mise à nu ici dans les textes. Une histoire de rupture, un homme aux , une vérité universelle, un chant émotionnellement bouleversé/bouleversant.
Un titre qui laisse KO et qui aurait pu conclure le disque magistralement. Mais deux titres lui succèdent et, fort heureusement, Olivier Perrot ne les foirent pas, ce qui permet à C’est la vie de finir dans une lancée moins tragique que ce Qu’enfin je renonce laissait présager. Nous le répétons, cet album est sublime, à la lisière d’un chef-d’œuvre.
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isabelle Guillot Schneider
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La chanson tourne en boucle dans la tête 🙂 Merveilleux bonhomme derrière elle … 🙂
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