MOOW, We are all gonna die in 2050

moow we are all gonna die in 2050Album déjà disponible

Moow, c’est un nom un peu comme le miaulement d’un chat trop mimi qu’on a envie de serrer contre nous, telle une peluche réconfortante. Tout de suite, il possède un côté rassurant, un côté qui fait du bien. Pourtant, la musique qui se répand tout au long des 18 titres, et comme le laisse présager le titre de l’opus (We are all gonna die in 2050, soit On va tous mourir en 2050), n’est pas que joyeuseté et inconsistance.

En mixant hip-hop et pop lofi, Moow étonne, régale, par une délicatesse fine comme de la dentelle, qui ne laisse qu’entrevoir, à première écoute, la richesse de cet album qui évoque aussi bien Moby dans sa période Play, Sparklehorse, et nous rappelle aussi le thème d’Eternal sunshine of the spotless mind par Jon Brion).

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Mélodies.

Le premier effet marquant est celui des mélodies, à la fois sur notre conscient et notre inconscient. Sur notre conscient, c’est ce que perçoit directement notre oreille, à savoir une musique qui nous invite à nous laisser aller, à appréhender les minutes à venir comme l’on pénétrerait un refuge, un havre où se ressourcer, ou ne penser qu’à ce qui nous fait du bien.

Inconsciemment, il renvoie vers un quelque part du passé, un endroit de la petite enfance, à une nostalgie qui parfois peut faire jaillir quelques larmes. Non, pas de douleur, mais de celles que l’on verse pour s’alléger un peu de toutes les tensions que suscite l’âge des responsabilités.Nous y retrouvons un peu de la chaleur de ces soirées d’hiver passées au coin du feu, un peu de la main rassurante de notre grand-père posée dans nos cheveux.

Reposant sur des bases répétitives, sur des beats marqués mais délicats, sur lesquels des fragments de voix sont posés, chaque titre érige sa petite cathédrale sonore. Il y a en effet quelques éléments presque religieux, de ceux ayant trait au spirituel plutôt qu’à un quelconque dieu. Cette spiritualité serait celle de la contemplation, au temps présent, ou bien celle de nos souvenirs couleur sépia.

Sonorités.

Le travail sur le son est hallucinant de précision. Certaines tessitures, qui reviennent cycliquement, possèdent le grain des vieilles bandes qui ont résisté à tout. Par dessus, les voix sont claires, même si passées à la moulinettes de filtres les rendant joliment évanescentes. Elles vocalisent ou expriment des bribes de textes, sans début, sans fin, aléatoires, mais qui donnent un charme onirique à l’ensemble. En effet, c’est un peu comme si notre cerveau essayait de se remémorer quelques souvenirs d’un rêve en train de se dissiper, dont la rythmique particulière ne serait que feeling.

Le propos échappe, mais cela n’a guère d’importance puisque le message s’inscrit justement dans ce lâcher-prise, dans cette capacité dont nous disposons, à savoir celle de n’apporter de l’importance qu’au ressenti. L’ensemble est lié par un esprit hip-hop old school, mais ne se basant pas sur la soul ou la funk, mais plutôt sur une pop bien plus universelle.

L’ensemble délivre donc des parfums à la fois familiers et étrangers, comme peut l’être la vie, ou comme peuvent l’être les souvenirs passés sous le rouleau compresseur du temps qui passe. Le juste dosage entre acoustique, les guitares contribuant à l’aspect boisé de l’album, quand bien même elles sont parfois électrisées, et électronique (les parties samplées, certaines rythmiques) permet de bâtir un pont entre passé et présent.

Lumineux.

Si un spleen est bel et bien présent, il n’en oublie pourtant jamais d’être lumineux, aérien, gorgé d’un espoir nous permettant de ne pas sombrer dans une quelconque sinistrose. Sans aller jusqu’au psychédélisme, car jamais Moow ne franchit cette ligne qui, si nous aimons le psychédélisme en général, serait ici pure preuve de mauvais goût, l’album reste terre à terre même si propice à l’éveil des songes. L’ensemble du disque est resserré sur des fondamentaux, sur des apports précis mais qui ne rendent jamais le cadre trop rigoureux. Autrement dit, en étant ultra discipliné dans ces samples et ces superpositions de nappes, de mots (une musique à eux seuls), de tessitures, Moow nous offre la liberté de laisser voguer nos oreilles là où bon leur semble.

Ainsi naissent des paysages colorés, loin du marasme, de territoires vallonnés ou s’étendant à perte de vue. Les 18 titres, relativement brefs, sont autant de vignettes que nous pourrions découvrir dans un album photo, celui que nous entreposons précieusement, comme un trésor, dans une armoire et que nous ne ressortons que quand la folie du monde nous étreint le cœur. Jamais nous ne sommes mis en danger à l’écoute de l’album, et ce malgré ces explorations sonores, sachant rester accessibles, sans jamais verser dans le mainstream ou la variété.

Comme un livre, We are all gonna die in 2050 se découvre page après page, nous imposant sans contrainte un nouveau monde à parcourir, pour au final nous livrer un album d’une cohérence infaillible d’une très grande beauté. Que demander de plus ?

LE titre de We are all gonna die in 2050

Bien que tous les titres semblent fortement dépendants de celui qui le suit ou le précède, bien que le son soit parfaitement homogène, malgré le fait que la formule soit peu ou prou la même sur l’ensemble de l’album, certains titres s’en échappent par un aspect particulier, qui nous touche telle la flèche de cupidon. Ainsi, nous sommes personnellement tombé amoureux de Something happen et son gimmick qui répète I can (on s’avance peut-être, les voix sont trafiquées, il se peut que le fameux gimmick dise I can’t, mais au fond on s’en fiche, on garde le meilleur) et dégage un espoir dans cette possibilité qui s’offre toujours à nous, de pouvoir agir pour … (à vous de remplir les pointillés).

PS : ce titre d’album, We are all gonna die in 2050, est peut-être prémonitoire, allez-savoir. Aussi, Moow à peut-être simplement décidé de nous faire nous remémorer le meilleur de nos histoires, simplement pour montrer qu’il y a encore du beau dans l’humanité.

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