[ALBUM] MERRY CHRISTMAS, The night the night fell

The night the night fell, dernier album de Merry Christmas (déjà disponible).

Nous revenons sur le groupe Merry Christmas que nous avions évoqué dans l’une de nos playlists. Avec The night the night fell, le groupe anglo japonnais nous propose un album math pop surprenant, mélange de force et de fragilité, de structures alambiquées et de pop lumineuse.

La première impression est, paraît-il, souvent la meilleure. Ce The night the night fell pourrait presque la contredire tant son entame surprend, surtout si vous ne vous y attendez pas. Pourquoi ? L’introduction de Superghost est très chancelante (ukulélé qui paraît désaccordé, enregistrement avec du souffle, la voix est limite fausse et les choeurs semblent étrangement décalés). Résultat ; nous nous demandons à quelle sauce les Merry Christmas vont nous manger.

Et puis, petit à petit, tout s’organise, s’imbrique, comme un puzzle qui prendrait forme sous nos yeux. À la fin de Superghost, nous sommes convaincus de deux choses : il va falloir être très attentif à ce qui se déroule sur cet album, et ce groupe dégage un charme fou.

Impression acoustique.

Merry christmas nous fait penser à des collectifs plus ou moins oubliés, comme We are from Barcelona, qui propose une musique aux structures cheloues et aux chants collégiaux. Deux dominantes se font ressentir de façon quasiment continue : les mélanges des voix, qui s’appuient les unes sur les autres, dont les choeurs apportent une teinte particulière, parfois épique, aux compositions, et les structures rythmiques, propres au math rock. Celles-ci s’avèrent à la fois complexes et simples, c’est-à-dire qu’après un léger temps d’adaptation (variant en fonction de vos affinités avec ce style musical) elles vous paraîtront tout à fait normales. Cela s’avère d’autant plus vrai que ces structures sont suivies, ou parfois précédées, d’un déroulé pop mélodique jubilatoire.

En effet, ces mélodies vous collent à la peau tant leur perfection frôle une certaine forme de génie pop. Elles ressemblent à s’y méprendre à une caresse après avoir reçu une gifle monumentale. Autant dire qu’elles font tout oublier des moments hachés, abruptes, parfois vertigineux des batteries. Nous notons aussi que lors, de ces passages très pop, le caractère « aléatoire » des voix est totalement gommé, ce qui décuple notre plaisir.

Les voix.

Il y a un parti pris sur le travail des voix. Captées de façon presque crues, sans effet, elles donnent une impression de nudité. Véritablement. Comme si chanteuses et chanteurs n’avaient en rien voulu travestir leur personnalité intime. Ainsi, nous entendons les imperfections, le caractère parfois hésitant d’une attaque, les « approximations » également. Les termes mis entre guillemets, dans ce paragraphe et le précédent indiquent que nous pensons ces effets voulus et au contraire très travaillés pour faire ressortir une couleur émotionnelle définissant presque le côté artisanal du disque.

C’est que nous ne sommes jamais proches d’un univers pop urbaine. Nous sommes au contraire plutôt proche d’une certaine « ruralité », touchante. Cette caractéristique nous suit tout au long de l’album, même si des passages plus ou moins longs, plus ou moins instrumentaux, nous conduisent dans un autre univers (First lull avec sa base folk nous éloignant de la math pop pour offrir un morceau presque classic folk même si possédant toujours ce chant collégial).

La production.

Comme pour les voix, le travail de production donne une impression de presque rien. Très peu d’effets, captation presque brute. Ce presque signifiant que nous sentons un parti pris artistique fort, bien mis en avant par une production très discrète, quasiment invisible, mais qui fait pourtant de cet album un ensemble hyper cohérent qui libère ses charmes, ses qualités, écoute après écoute.

Les arrangements sont subtils, se « cachent » derrière les premiers plans (voix et structures rythmiques, puis guitares basse claviers). Pour autant, leur présence est une force discrète elle aussi, qui sert de liant aux morceaux. Les orchestrations sont riches, fouillées, ne laissent pas grand-chose au hasard et nous accompagnent d’un bout à l’autre de l’album (et même après). Il faut néanmoins plusieurs écoutes successives pour sentir les effets régénérants de cet album agir sur notre corps. Une certaine joie s’empare progressivement de nous et, tels les carillons surgissant sur presque tous les morceaux, le sourire s’affiche sur notre visage de façon plus ou moins permanente à l’écoute de The night the night fell, ce qui est loin d’être anecdotique.

LE titre de The night the night fell.

Nous avons une petite préférence, d’un cheveu, pour For the lulls pour sa construction qui va crescendo, pour ses harmonies vocales (qui sont d’une façon générale très présentes sur l’ensemble du LP), pour cette force tranquille qu’il dégage, pour son côté un peu fanfare, pour sa charge émotionnelle magnifiée par des guitares plus rugueuses que sur le reste de l’album. Il donne en quelque sorte une suite au morceau First lull sur lequel flotte déjà une âme similaire. For the lulls précède Changes to numbers broken, suite logique, presque évanescente dans son intro, qui trouve peu à peu corps dans un titre magique, lui aussi.

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