[ ALBUM ] MARTY WENT BACK, 1985. Où est passé Marty ?
1985, premier album de Marty Went Back.
Forcément, il y a quelque chose qui doit faire tilt chez vous, non ? 1985. Marty Went Back. Marty… Mc Fly ? Delorean ? Eh oui, la référence à Retour vers le futur est ici bien présente, et le groupe en joue dans sa communication (plutôt marrante d’ailleurs). Mais quel type de musique pour accompagner cette allusion à ce monument de la culture pop que tout le monde connaît ? Retrouvons-nous des clins d’oeil à Huey Lewis & the news et au fameux Power of love ?
Rock indé.
Nous répondons tout de suite que nous sommes loin de l’univers du célèbre morceau sans qui le film ne serait sans doute pas ce qu’il est. Mais Marty went back a peu faire avec la nostalgie estampillée année 80. En effet, le groupe propose un rock indé d’inspiration 90’s, mais en la propulsant directement dans les années 2020. En effet, la production est moderne, réveille parfois un esprit rock garage voire surf rock, tout en s’inspirant de certains groupes incontournables de la fin des années 80, début 90.
Au rang de ceux-ci, nous comptons forcément les inévitables Pixies, un peu de Nirvana, de Black Lips aussi, d’Oasis par instants. Bref, des références pas dégueulasses vous en conviendrez, qui nous mettent, avant même l’entame de We were lovers, la puce à l’oreille. Et surtout nous fait saliver d’envie parce que le menu sera rock et très ancré dans ce son qui a façonné notre adolescence et un peu, beaucoup, à la folie, notre identité musicale.
Guitare basse batterie.
Pas énormément de surprise de ce côté. La formule est respectée, avec simplicité, tout à fait dans l’esprit rock de toujours. Une guitare, une basse, une batterie, du chant, refrain, couplet, tout y est. Pas forcément original sur le papier, il se trouve que l’originalité provient d’autre chose, dans la production, dans la voix, dans les lignes de chant et dans l’efficacité musicale du trio composé de Tim Aberdeen, Joe Boyle et Patrick L’ours.
On ne vous la fait pas, vous constaterez aisément que les deux premiers musiciens portent des patronymes sonnant très Américains, et c’est le cas car tous deux viennent de Californie, Hill Valley pour être plus précis. Installés depuis 2017 à Toulouse, ils rencontrent Patrick L’ours et la formule trio prend son essor et publie 2 EP (avant ce debut album).
Mais nous nous égarons. Donc la surprise provient d’une part du son Marty Went Back. En effet, 1985 aurait pu accrocher quelques fragments d’un son échappé des 80’s. C’est très très légèrement le cas sur Duplicity avec quelques effets spatiaux sur la guitare. Mais très vite, tout rentre dans cet entre-deux rugueux à la Pixies et un esprit presque shoegaze. Nous disons bien presque, car jamais le groupe ne bascule dans ce mouvement, leur voix restant toujours parfaitement audibles. C’est plus dans l’esprit « mur du son » que nous retrouvons l’esprit shoegaze. Bref, passons.
Ligne de chant.
Nous adorons particulièrement les lignes de chant du groupe. Elles sont parfois proches de la comptine, celle que nous fredonnons sans même nous en rendre compte. Elles possèdent cette capacité à s’inscrire dans notre ADN comme ça, avec légèreté, avec force aussi. La rengaine de Bushes en est un parfait exemple, de celui d’un morceau que nous pensons avoir entendu un millier de fois mais qui au final délivre un plaisir inédit. Efficace à 200 %, le titre reste collé à nos basques toute la journée, sans nous faire devenir complètement barjot, avec l’envie de s’exploser la tête contre les murs pour s’en débarrasser.
La voix y fait pour beaucoup. On retrouve en effet pas mal de la hargne de Black Francis, quelque chose à mi-chemin entre agressivité et lâcher prise. Nous, on aime, parce qu’elle symbolise, cette voix, un peu de tout ce que nous sommes incapables de faire en chantant, c’est-à-dire remplacer les mots par le pouvoir évocateur émanant de l’émotion qu’ils propagent autour d’eux. Parfait.
Les compositions.
Rien à dire ici. Tout est hyper efficace, sans être hyper calibré rock US, ou du moins sans verser dans un gros son lourdingue à l’américaine. Le trio en effet pourrait presque sonner Anglais parfois (on pense à Artic Monkeys par exemple). Bon point donc car le rock pataud est gorgé de stéréotypes est évité. Le propos est ici bien plus nuancé qu’il y paraît à la première écoute. Il y a de la morgue, une forme d’arrogance jouissive et surtout une énergie dévastatrice qui ne s’embarrasse d’aucun préjugé.
Marty went back, avec 1985, nous propose un album sans âge, sans mode, donc indémodable, qui s’inscrit parfaitement dans l’époque qui est la nôtre. Entre légèreté et impact, entre force et douceur (l’intro de Too late to be your friend est presque pop), le groupe alterne les climats pour nous procurer un maximum de plaisir, tout en diffusant l’impression d’une naïveté, d’une fraîcheur toute juvénile, ce que nous aimons particulièrement. Parce que cette jeunesse nous rappelle que nous aussi, un jour, nous étions des jeunes plein d’avenir et d’insouciance. Alors forcément, si un peu de nostalgie est réveillée chez nous, on ne peut qu’adorer. Et en redemander.
LE titre de 1985.
Voilà un sacré pari que de choisir un seul titre dans cet album hyper cohérent. Nous optons pour le titre du milieu d’album, Other Side. Parce qu’il nous évoque l’esprit de Th Da Freak (que nous aimons beaucoup), autrement dit l’esprit slacker. D’ailleurs tout l’album évoque, de façon plus ou moins appuyée, ce style inextricablement lié aux années 90. Seulement Marty Went Back transcende un peu cet aspect en s’en appropriant les codes et en les détournant à leur manière. Au final, 1985 est un album rafraîchissant, très plaisant, capable de réveiller les morts (le très grunge/Pixies Lifetime) comme de nous bercer. Alors il nous fallait un titre charnière pour évoquer, donc Other side. CQFD !