Teeth – Trauma

teeth traumaPremier album, déjà disponible chez Flippin’ freaks.

En Thérapie 

Il y a un peu plus d’un an, nous vous parlions déjà, des bordelais de Teeth, qui l’âme en peine, venaient clamer leur désarroi avec un premier et magnifique EP, J’ai Raté Ma Vie. Si jeunes, et déjà si désillusionnés. Avec un disque qui se nomme ainsi, ne voulaient -ils pas d’une certaine manière conjurer le sort? Vous savez, comme ce mec qui passe sous les échelles plutôt qu’à côté car il se dit que s’il les évite, ça lui portera justement la poisse. Bref, après s’être fait les dents en concert, nos amis de Teeth reviennent, avec un premier album au titre tout aussi enjoué, Trauma.

Et bien devinez quoi? Cet album nous a fait un bien fou. Les six titres hallucinés viennent panser nos blessures physiques et psychiques à grands coups de krautrock, de shoegaze et de psychédélisme.

“crachat de coucou” ou “crachat de crapaud”

Aucun changement au niveau du personnel. Teeth c’est Pierre Gisèle (chant/guitare/synth), Yannis Beck, (chant/guitare),  Hugo Carmouze (chant/guitare), François Vieillard (Basse) et Émile Guillaume (batterie). A l’écoute de Trauma, nous sentons que le quintet a pris de l’assurance, et que musicalement ils ont encore haussé le niveau. Les guitares gémissent, sont torturées, tantôt crunchy, tantôt planantes. Les morceaux nous rappellent parfois ceux de Laetitia Sadier et de son groupe Stereolab, ou encore le groupe d’Atlanta, Deerhunter. Cependant il est difficile de leur coller une étiquette tant leur palette sonore est large.

Teeth démarre l’album avec le titre au nom à la fois poétique et léger. L’Ecume Printanière. Cette écume printanière appelée aussi plus familièrement, “crachat de coucou” ou “crachat de crapaud”. Derrière la beauté du nom du morceau, il est question de fin du monde, d’apocalypse, de quoi prendre l’auditeur à contre pied. Le titre (6’10) démarre doucement de façon un peu pop, nous sommes sereins. Le chant en français prend place, puis le morceau prend progressivement un tournant, aussi bien musicalement que dans le chant qui passe en anglais. La sérénité du début se soustrait à l’affolement des guitares, jusqu’à l’éclosion d’une accalmie.

Tous les chiens vont au paradis

Nous retrouvons cette même structure de morceau, avec le titre Thé À La Menthe. Celui-ci nous évoque d’une certaine manière, la Madeleine de Proust. Les effluves volubiles de la menthe viennent parfumer nos narines, et nous emmènent dans un voyage sans bouger de chez nous. Nous suivons la voix douce, et le chant spoken word de Pierre Gisèle. Une longue et mélancolique interlude musicale s’installe, puis la bête prend vie. Une voix grave, légèrement sépulcrale s’invite avant de devenir un brin douloureuse. Une déchirure dans l’âme.

Dogsheaven nous happe par son rythme effréné, et évoque en nous, ce manga Sayuri Tatsuyama, nous rappelant que tous les chiens vont au paradis. Devons-nous y voir un hymne caché pour les canidés? Pas sûr. En tout cas, à la fin de l’album, il y en a bien un qui aboie.

Avec Soft Lover II, Teeth présente un variation du même morceau que nous retrouvons sur leur  EP, J’ai raté Ma Vie. Cette deuxième variation est légèrement plus courte et plus Lo-Fi que la précédente. Teeth pourrait continuer de décliner à foison ce morceau dont nous ne nous lasserons jamais. Quoi de plus beau que l’amour chargé de tendresse. Dehors, La Pluie s’abat! Le rythme est mesuré, placide. A l’écoute de ce morceau, nous sommes en pleine introspection, sur notre vie, sur ce que nous sommes (“I’m lying, thinking, I’m lonely, on an island”). Nous nous laissons porter par le flot nonchalant des gouttes qui viennent s’écraser sur le rebord de notre fenêtre. Teeth nous offre un vrai moment de rêverie.

Efface toutes les traces du passé

Enfin, La Vague. Même si certains la redoutent, comme les marins, elle est aussi celle qui efface toutes les traces du passé, par son reflux sur le sable. Ici, il est répété inlassablement “Je n’aurais plus jamais peur”. La Vague a pris sur son passage tout ce que notre quotidien peut livrer d’angoisses, d’appréhensions ou d’horreurs. La Vague résonne en nous comme un hymne adolescent, comme la confirmation que tout peut s’arranger, qu’il existe toujours une lueur d’espoir. Un monde meilleur.

Avec cet album, les bordelais renforcent ce que nous pensions d’eux suite au premier exercice. Ils sont doués et donnent le sentiment que tout est facile pour eux. Teeth vient prendre le mal à la racine, en nous apportant beaucoup de bonheur. Pour eux, artistes, comme pour nous, auditeurs, Trauma est une catharsis. Une extériorisation des émotions. A l’issue de l’écoute de l’album, “notre âme a été délivrée de ses passions” (Cf. Aristote), de ses peines et de tout élément négatif et délétère à notre bien-être. Nous laissons à Teeth le temps de digérer ce premier album album, même si nous attendons déjà la suite avec impatience.

Keep Rockin’

LGH

LGH (Le Gosse hélicoptère) :

Révolutionnaire en peau de lapin, guitariste de salon à mes heures perdues, amoureux des mots et féru de musique. Mes mots d’ordre sont l’éclectisme, la curiosité et le partage. Keep rockin’ !!

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