MARK LANEGAN & DUKE GARWOOD With animals

With animals (Heavenly records/PIAS) est le deuxième album (le premier étant Black pudding, heavenly records/ipecace, 2013) de la collaboration entre Duke Garwood et Mark Lanegan. Le moins que l’on puisse dire est que la paire formée par ses deux auteurs/chanteurs/compositeurs est plus qu’excitante.

Si l’un est issu du grunge (Lanegan avec Screaming trees), l’autre est anglais, plus réputé pour sa pop que pour ses grosses guitares et ses chemises de bucheron. Il n’empêche que le mariage des deux univers fonctionne à merveille, au point que nous ne sachions différencier la patte de l’un ou de l’autre. La fusion est totale entre le multi-instrumentiste et le chanteur à la voix enfumée.

La seule différence notable se situe effectivement au niveau de la voix. L’une est caverneuse, rauque, puissante comme le ronronnement d’un ours, l’autre est plus avenante, sans pour autant sombrer vers la simplicité de la pop Britannique. Non, elle chante le blues, le folk, et elle sonne plus vraie que nature, avec douceur et piétée.

With animals est crépusculaire dans ses sonorités. Nous arpentons ici un univers fait de folk, de blues, de rock, sans que les frontières ne soient réellement franches entre ces courants. Les orchestrations sont minimes, reposant le plus souvent sur une gratte électrique chargée d’overdrive, baignée dans une réverb pleine de grain. En guise de batterie, nous avons affaire à une boîte à rythme (à moins qu’il ne s’agisse d’une batterie électronique) réglée sur 2 de tension.

Car ici, tout est lent, comme le pas assoiffé d’un homme paumé au beau milieu du désert. Lancinant, tel est le terme. Pourtant, la musique envahit l’espace, comme le bourdon omniprésent de l’ampli à lampe ( et de quelques nappes synthétiques provenant de claviers vintages).

À l’instar d’une veillée funèbre, le disque s’écoute religieusement, pieusement. Il s’imprègne en nous comme la suie, noire et impossible à faire disparaître d’un simple revers de la main. Si quelques éclairs de lumière apparaissent au gré d’une balade guitare folk/voix ou d’un titre en apesanteur, c’est la notion d’obscurité qui prédomine, sans que celle-ci, paradoxalement, ne soit terrifiante.

Peut-être parce que le charme opère à plein rendement, peut-être parce qu’un feu de camp repousse les ombres malveillantes au loin, ou tout simplement parce que perdu au milieu de ce nul part fantasmé, nos âmes esseulées trouvent en With Animals un écho réconfortant.

Allez savoir ?

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