LISA LI-LUND, Glass of blood, album sensible

glass of blood lisa li-lundNouvel album déjà disponible (Pan european recordings)

Il serait un crime de ne pas revenir sur cet album paru en avril dernier. Parce qu’il est simplement bon, très bon même. Nous avions cité la chanteuse dans l’une de nos playlists, mais cela ne suffit pas, car son Glass of blood, malgré un titre qui pourrait laisser croire qu’il s’agit d’un album gothique, est une petite merveille de pop légèrement rehaussée d’une pointe folk discrète mais précieuse.

Qu’est-ce qui fait que ce disque se démarque à ce point de la concurrence ? Sans doute le feu, la passion, qui transparaît à l’écoute des 11 titres. Celui-ci se fait ressentir par une production chaleureuse, aux basses profondes, aux éclairs d’électricité libérateurs, à la voix envoûtante, portant en elle une vérité vieille comme le monde.

Tout est ici synonyme de finesse, de délicatesse. Le travail de composition est d’une pertinence à peine croyable, évitant les poncifs du genre, faisant fi des fioritures pour se concentrer sur l’essence de chaque morceau.

Pop folk ?

Lisa Li-Lund fait partie de l’univers folk. Ou plutôt anti-folk comme ses frères d’Herman Düne. Pourtant, ce premier projet de groupe depuis 5 ans est plus orienté vers une pop très personnelle. Elle ne semble en effet pas s’encombrer de ce que les glorieux aînés ont érigé comme standards du genre. La pop de Glass of blood ne possède pas de nationalité, ou bien elle les englobe toutes. Quoi qu’il en soit, elle ne sonne pas anglaise, pas française non plus (son disque a été enregistré entre la France et la suède), pas plus que nord-américaine. Elle est un peu tout ça, et tellement plus.

Pour nous, elle est un hymne de la nature, une musique des arbres caressés par le vent, un chant de sirène. C’est un moment de calme dans la tempête, un éclair de soleil après l’orage, une tension à peine évacuée. Elle est un fil ardent de vie sur lequel nous tâchons comme nous pouvons de garder l’équilibre, entre les gouffres et les sommets de nos états d’âme.

Il y a de la ferveur, une émotion jamais dissimulée sur Glass of blood. Celle-ci s’avère parfois tournée vers les cieux, parfois foreuse d’une terre conduisant à la solitude. Autrement dit, nous passons d’un état d’allégresse à celui de la mélancolie, ou d’une certaine gravité du propos, sans pour autant avoir l’impression désagréable d’être embarqué de force dans un ascenseur émotionnel.

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Des compositions haut de gamme.

Nous ne sommes donc jamais ballottés d’un côté ou de l’autre du spectre émotionnel lors de l’écoute de Glass of blood, mais nous y sommes accompagnés par l’artiste. Celle-ci nous encourage à nous laisser guider par ses chansons, à y prêter une oreille attentive et surtout à lui faire confiance, aveuglément. Une fois le contrat accepté, le reste suit.

Ce reste, c’est celui qui justement place la musique en avant de tout. Non pas dans le choix du mix (ici absolument irréprochable puisque la voix de Lisa est placée ce qu’il faut en avant pour se faire accueillante), mais par son caractère sacré. Il déclenche des émotions en vagues successives, allant, comme dit plus haut, de la joie à la tristesse, parvient à nous rendre légers comme l’air ou à nous ramener à un univers plus terre à terre.

Ce disque suscite aussi une admiration à peine voilée pour les arrangements mis en place, pour l’inventivité, tout sauf ostentatoire, se dégageant de l’ouvrage (avec par exemple ce changement de rythme, accélération puis décélération, osé sur le titre Yes, I could use a glass of blood).

Tout de suite familier.

La magie de cet album réside aussi dans sa tracklist choisie avec une pertinence aiguisée. Elle fait qu’instantanément le disque nous semble familier. Comme si nous l’avions déjà entendu mille fois. Et c’est paradoxal car il faut, en exagérant à peine, à peu près ce nombre d’écoutes pour percer toutes les nuances du disque à jour. Comme par magie, la surprise nous surprend à chaque nouvelle écoute, sur un effet posé sur la voix, sur un arrangement discret, sur une phrase qui prend un sens tout particulier en fonction de notre état d’esprit. En un mot, ce disque possède une fonction caméléon qui lui permet d’être en phase avec vous en permanence.

Les sonorités électriques sont veloutées, dégagent une chaleur douce, enveloppante, mais les apports de piano, acoustique ou approchant cette qualité esthétique, apportent une touche de raffinement supplémentaire, ainsi qu’une portée émotionnelle renforcée. Les mélodies, tant vocales qu’instrumentales, participent à cette fête des sens, donnant à la pop de Lisa Li-Lund cette dimension très accessible derrière un véritable travail artistique visant une excellence qu’elle atteint de façon naturelle.

Cet album est donc un disque parfait pour vous accompagner dans chacun des moments de votre vie, qu’ils soient heureux ou tristes. Sans doute parce que Glass of blood est un baume réparateur, celui qui soigne les bleus de l’âme, mais également une source de joie permanente. Il est un album rare, de ceux qui nous font nous dire que, décidément, la pop est un genre magique quand elle est pratiquée avec ce degré d’exigence.

LE titre de Glass of blood.

Nous avons un coup de cœur pour le spleen émanant de Your words, our world. Il est mis en lumière par une musique aux atours faussement rétro, par une voix qui impose une forme de recueillement. La mélodie est limpide, d’une douceur nostalgique, à la frontière de la mélancolie, sans sombrer vers ce penchant d’où aucune lumière ne filtre. Or, il y a de la lumière dans ce morceau, celle d’une forme de souvenir peut-être un peu triste, mais entouré d’autres qui sont plus joyeux.

C’est d’ailleurs peut-être une constante dans cet album justement. Ne pas isoler les faits, ne pas isoler un morceau, mais produire un tout, avec monts et vallées sensibles, émotionnelles, lesquels monts parviennent à désembourber les vallées qui, sans ce coup de main, pourraient tourner à l’apitoiement sur soi, sur le repli. Or, comme ce morceau, nous sentons une forme de résilience, un incroyable élan de vie nous conduisant, et conduisant probablement l’artiste aussi, à aller de l’avant. Et c’est bien là l’essentiel. Se faire confiance, se faire du bien, pour distribuer du bonheur tout autour. Pari réussit.

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