[ ALBUM ] LIMITE, Mountains inside, premier album bouleversant.

Mountains inside, debut album de Limite (disponible chez Off records).

Nous avons évoqué Limite dans une de nos récentes sélections, nous nous penchons aujourd’hui sur son premier album, Mountains inside. Celui-ci nous fait une forte impression, pop, rock. Si nous ne pouvons passer outre une certaine influence de Radiohead, nous sommes, avec Limite, dans un univers où l’expérimentation n’est jamais très très loin.

Ces expérimentations prennent principalement corps dans les tessitures sonores et dans les structures en château de cartes qui habitent cet opus surprenant à plus d’un titre. Nous reviendrons sur ce deuxième point très rapidement. Mais pour l’heure, revenons à ces sonorités particulières. Elles concernent principalement les claviers, possédant un aspect parfois granuleux, étrangement étouffés, comme c’est le cas sur Relief Failure par exemple. Ils permettent d’esquisser une atmosphère très particulière, comme « ancienne », digne d’un film d’angoisse. Pour faire une comparaison plus que hasardeuse, nous dirions que ce disque est de l’ordre du noir et blanc en cinéma. L’ambiance dégagée est dès lors une sorte de bulle hors du temps, reposant paradoxalement sur une production très actuelle.

De la douceur.

Un sentiment très doux s’échappe de Mountains inside. Il transpire par une voix au chant romantique, habité par une âme qui nous guide avec une certaine « bienveillance » dans des titres « titubants ». C’est un peu, quand on entend l’album, comme si nous voyions un mec bourré devant nous. Son pas erratique, chaloupé, compensant la chute par des rattrapages in extremis d’un moulinet de bras correspond assez bien à ces mesures chancelantes, ne reposant pas sur le traditionnel 4 temps du rock. Forcément, on adhère à deux mille pour cents même si la première écoute, forcément, ne délivre pas tous ses secrets (et déroute quelque peu).

En effet, il faut dompter l’animal, ces brusques changements d’ambiance, de rythme, passant par des aspects bruitistes après un passage pop limpide. En résulte un sentiment d’être sans cesse pris à contre-pied. Nous ne savons où nous raccrocher, à quel saint se vouer, alors nous n’avons d’autre choix que de faire confiance d’une part à Limite, qui déroule son univers avec brio (et une technique incroyable), d’autre part à nous-même et à nos ressentis premiers. Ce disque pourrait créer le malaise, mais il n’en est rien. En effet, il déclenche plutôt un sentiment magique, celui d’être stimulant de bout en bout.

Rock ou pop ?

Il nous est très difficile de qualifier le disque de pop ou de rock. Nous le rattachons à ces deux dénominations car il est fait avec des instruments inhérents à ces genres. Mais c’est un tel omni (objet musical non identifié) que nous le considérons comme étant totalement à part. Il nous ferait penser, dans l’esprit, à ce genre de déflagrations que furent, par exemple, The velvet underground & Nico ou le Kid A de Radiohead, c’est-à-dire des disques révolutionnant, avec un certain génie, un genre.

Ici, Limite le fait avec une grâce de funambule dont on frémit de voir le corps basculer dans le vide. Les arrangements sont osés, les rythmiques en chewing-gum, le propos pas forcément compréhensible d’emblée. Pourtant, il règne toujours, même s’il nous est invisible à première écoute, un fil que Limite ne cesse de dénouer. Pourtant, le côté parfois abrasif du groupe nous fait tout de même pencher du côté du rock, tendance progressive, mais toujours avec cette folie qui l’en démarque.

Sans balises.

Rien n’est balisé. Une entame de morceau, chaude, rassurante, peut vite laisser place à un bourbier presque glacial dont il nous est impossible de nous extirper. En avons-nous de toute façon réellement envie ? Non, absolument pas. Ces surprises à répétition dégagent une forte cohésion, une identité qui l’est toute autant. Inutile de dire qu’elle force le respect. Car si un tel album se mérite (nous vous en conjurons, ne vous arrêtez pas à la première écoute, ni au premier morceau), il nous rend notre patience, notre attention, notre concentration au centuple. Il est en ce sens à contre-courant de l’idée que la musique est un bien de consommation.

Cet album est, pour nous, simplement magique, complètement à la marge de ce qui se fait, brillamment produit, superbement arrangé, il est exaltant de bout en bout. Chaque écoute renforce notre idée selon laquelle nous sommes en présence d’un disque qui, dans 20 ans, pourraient avoir fait pas mal d’émules (comme le Velvet… et Radiohead on y revient). Enfin si les gens se donnent encore un peu de mal pour découvrir un album dans son intégralité, et de s’y arrêter vraiment plus de 5 minutes. Mountains inside est un gros coup de coeur révélant les monts intérieurs, intime, d’un groupe à l’inventivité débordante. À suivre de très près, c’est un futur grand nom,nous en sommes convaincus.

LE titre de Mountains inside.

Nous aimons beaucoup Skeleton Sky qui nous fait penser, dans un premier temps, à un groupe comme Sonic youth avant de dériver lentement dans un monde fantastique, à mi-chemin du trip sous acide et de la fête foraine (oui, l’écart est grand. Quoi que…). Ce titre, hyper déstabilisant, navigue sur une ligne de champ plutôt limpide, loin du fracas de guitares, de claviers aux notes qui s’entrechoquent, se télescopent, pour nous placer face à ce que nous pourrions nommer un bad trip, de façon plus efficace qu’un millier de mots. Bref, on aime beaucoup beaucoup !

limite mountains inside

On parlait déjà de Limite dans une de nos sélections.

On pense à Dalès

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