[ ALBUM LIVE ] LA JUNGLE, Coucou ? Beuh !

Coucou ? Beuh ! Album live de La Jungle, déjà disponible.

Nous n’allons pas faire de fioritures, La Jungle, ça déboite. Avec cet album capté live au Périscope à Lyon et au festival de Dour l’an dernier, le duo nous propulse dans une transe intense, tendue, faite à base, comme ils nous le disent, de « guitare déflagrante, [de] batterie frénétique et [de] Casio pour gamin. » Coucou ? Beuh ! est une belle torgniole en pleine tronche.

Transe !

La transe, c’est évidemment cet état dans lequel nous nous retrouvons dans certaines situations. Soit après absorption de certaines substances, soit lorsque nous nous retrouvons en état de semi-conscience hypnotique lié à des rythmes répétitifs ou à des mantras etc… Il s’agit également de la dénomination d’un courant lié à la techno. Et bien ici, nous avons tout ça, réuni en la personne de Mathieu (guitares, claviers, voix) et Remy (batterie). À eux deux, ils forment La Jungle, duo explosif qui dynamite les codes pour créer une musique abrasive, insoutenable, tellurique, puissante, trippante, dansante, hypnotique et on en oublie.

Inutile de dire que nous nous trouvons débordés par ce déluge de grosse, très grosse énergie. Au point d’en avoir presque mal au bide. Il faut dire que La Jungle nous cueille à froid et nous quitte lorsque nous n’en pouvons plus de sauter, danser, pogoter dans tous les sens. En effet, le pouvoir séducteur de ce groupe similaire à un rouleau compresseur réside dans ce don de soi ou la musique n’est pas produite par des machines, mais bel et bien par des êtres de chair et de sang.

Un son rugueux.

Le son de Coucou ? Beuh ! est rugueux, âpre ! Nous en voulons pour témoin cette batterie qui claque comme un fouet sur nos petits culs de jouvenceaux. Ça pique, oui, mais on aime ça et nous en redemandons ! Cette batterie est minimaliste, mais comment pourrait elle être autrement vu la frénésie avec laquelle Rémy se déchaine dessus ? Une caisse claire cinglante, des cymbales scintillantes, des peaux tendues qui résonnent sèchement, et le tour est joué, sans efforts. Non, on déconne sur le sans effort. Nous n’osons même pas imaginer comment le musicien réussit à tenir le rythme sur la durée d’un show. Phénoménal !

Question guitare, peu ou prou la même chose. Son sec, auquel tout le moelleux de certaines productions a été ôté pour lui préférer des tonalités plutôt aiguës. Les motifs y sont répétitifs, jusqu’à l’aliénation parfois. Nous sommes autant en présence de techno que de kraut-rock, de punk ou de math-rock/post-rock/post-punk. Autrement dit, le mélange des genres s’effectue à merveille, est ultra-cohérent avec la démarche de La Jungle, à savoir celle de tout dévaster sur son passage, avec une bonne humeur presque potache. Nous sentons un groupe qui se fait plaisir pour décupler le nôtre.

Capté live.

La plupart des titres de ce live sont à grosse majorité instrumentaux. La voix n’intervient que sporadiquement, étant parfois samplée, parfois à base d’onomatopées, mais toujours injonctive, ce qui conduit à amplifier la transe. Les claviers apparaissent eux aussi sporadiquement et dispersent ici et là des notes colorées similaires à des bouées de sauvetage auxquelles nous rattraper quand nous en venons à sombrer dans les brumes d’un son qui nous rétame.

Cet album est capté live, mais le groupe, pour un maximum de spontanéité, enregistre également ses disques de cette façon. Une ligne de conduite exemplaire pour un groupe intransigeant (artistiquement) et exigeant, dont la ligne de conduite est celle de nous offrir un moment de lâcher prise total. Ce que démontre parfaitement Coucou ? Beuh ! puisque nous ne pouvons l’écouter sans sauter au plafond jusqu’à en perdre haleine ! Terrassant ! Épuisant ! Mais libérateur également !

LE titre de Coucou ? Beuh !

Difficile de citer un titre en particulier parmi le brasier des 11 qui habitent ce double album. Là où certains albums possèdent un ventre mou, en milieu d’album (ce qui nous aide parfois à faire notre choix), La Jungle nous en balance 3 aux saveurs différentes, riches mais assez éloignés les uns des autres.
Nous aimons fortement And the serf caresses the head of his lord avec sa longue intro presque planante (nous avons bien dit presque), avant qu’un déferlement survienne, suivi de près par quelques mots scandés à la manière du punk. Agressif, certes, mais également rugueux, insoutenable dans cette rythmique de malade mental. Le côté noise du groupe ressort à 200%, nous laisse le souffle court, proche de l’évanouissement. Le déluge de sensations est difficilement maîtrisable, nous ne pouvons qu’accepter de ne pas ou plus avoir le contrôle. Dès lors tombent nos inhibitions, pour notre plus grand plaisir !

La Jungle coucou? beuh !

 

 

Site officiel La Jungle

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