KORIN F. CD de voiture
Pouvons-nous être totalement francs avec vous ? Oui, bien sûr, comme d’habitude ! Quand nous avons reçu cet EP, nous avons cru à une blague, même pas forcément de bon goût. Cela commença avec la pochette, relativement kitsch, celle d’une pose devant Cadillac aux chromes rutilants, casquette à hélice digne du Muppet Show, bref vous voyez le genre.
Ce que nous imaginions une blague se poursuite avec le titre de cet EP, écrit en tout petit au-dessus de celui de son géniteur, à savoir CD de voiture (Les disques Pavillon) de Korin F. (composé de Pierre Thomassian et Maxim Grayt).
Nous nous sommes sentis désarçonnés. Nous avons lu les nom de ce 6 titres et avons cru qu’elle se poursuivait, cette blague, notamment avec les deux premiers, Démarrage, CD de voiture donc, mais également avec La jungle des champions. Les autres tentaient de nous rassurer (Plaisir binaire, C’est pas tout et Le corps se leste). Pour continuer à être franc, nous l’avons glissé dans la platine avec un énorme a priori (ouh c’est pas bien ! L’habit ne fait pas le moine etc…).
Dès lors, les premières notes défilent, et ne nous rassurent pas du tout quoique… Une petite voix dans notre tête se réveille et nous murmure que « y a peut-être quelque chose ». Et effectivement, il se passe une étrange magie, à mi-chemin entre les années quatre vingt (cette voix un peu gutturale, sur CD de voiture, plongée dans une production paraissant dater de l’époque new/cold wave) et l’électro (le côté terriblement groovy du même titre).
Et puis, nous sommes surpris. Nous pensons à du Gainsbourg (période l’Homme à tête de chou sur Plaisir binaire), du Sébastien Tellier, avec ce côté texte décalé poético provocateur et/ou absurde (par exemple, ce superbe « en pleine ascension virtuelle, je m’imaginais fumeur de hashtag »).
Cette révélation aiguise nos sens, autant que les arrangements du duo : cette faculté à ne pas se prendre au sérieux tout en faisant les choses sérieusement a de quoi perdre qui écoute, mais possède également de quoi séduire quiconque se penche sur cet EP qui, finalement, se révèle particulièrement réussi, notamment par son parti pris artistique.
Nous aimons les sonorités de piano, de claviers vintages, évoquant les wurlitzer et autres farfisa, cette diction posée, parfois hachée, un rien automate, les programmations rythmiques et cette production un poil rétro futuriste savamment dosée rendant le 6 titres savoureux.
Les morceaux sont agencés intelligemment, provoquant le déclic par un arrangement bien senti survenant ici ou là. Le son est terriblement bien mixé, ce qui ne peut que nous plaire (la qualité des basses fait plaisir !).
En un mot comme en mille, il faut l’avouer, l’habit ne fait décidément pas le moine et il ne faut vraiment pas s’arrêter aux atours trompeurs. Derrière un visuel à faire peur (en toute subjectivité) se cache une très bonne surprise, regorgeant de subtilités pas forcément tape-à-l’oeil mais belles et bien présentes.
Un cd parfaitement équilibré, et pas forcément que pour la voiture !