KOMODOR, Nasty Habits (dispo le 17 décembre)
Rock from the far ouest.
Qui pour placer Douarnenez sur la carte mondiale du rock ? Qui pour placer le Finistère du côté de San Fransisco ? Et qui pour sonner rock comme personne ? Un seul nom teinte à nos oreilles pour répondre à ces questions : Komodor. Le groupe nous décharge électrique le canal audio/lacrymale (larmes de bonheur bon dieu!) avec son Nasty Habits (qui sortira chez Souleseller records), merveille inspirée qui envoie bouler toute idée de monde en semi-convalescence en lui mettant un bon coup de latte dans l’auto apitoiement. C’est du psych rock plus vrai que nature que nous propose le quartet, et ça nous promet un futur radieux.
Komodor, c’est un peu le trait d’union entre Deep Purple, Steppenwolf, King Gizzard and the lizard wizard et la France. La France, ce petit pays coincé entre la Bretagne et la Belgique, pas franchement réputé mondialement pour son psych rock, pourrait donc bien y apparaître enfin, côté far ouest, fin de la Terre, et franchement, nous ne pouvons rêver mieux.
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Un peu d’histoire.
Nous allons vous la faire brève : le groupe s’est créé en 2017, a sorti un EP en 2019, a commencé à bien tourner, puis patatra, covid et tutti quanti… Arrêt. Sauf que les gonzes ont mis ce temps à profit pour jouer du rock (celui qui transpire, celui qui mouille la chemise, celui qui pousse à la transe) et pour monter un album de 11 titres qui va voir le jour sous peu.
Avant ça, c’est vrai, il avait fait ses armes sur scène, seul, et puis aussi enregistré son EP en Suède. Là, il a juste fait masteriser la chose par Jim Diamond (ouais, la classe). Et puis il y a ça aussi : depuis peu, les voilà qui font la bête à deux dos psychédélique, scéniquement parlant, avec les excellents Moundrag. En effet, ils ont bâti un groupe hybride répondant au doux nom de Komodrag & the Mounodor qui relie les deux groupes copains/cousins, adeptes tout deux d’un rock qui fleure bon le garage. Bref, On se régale.
Nasty Habits.
Pas le temps de s’essuyer les pieds sur le paillasson que nous sommes déjà entrés dans le repaire des musiciens. On s’assoit dans un canap’ défoncé, on se saisit d’une bière bien fraîche, d’un verre de sky, enfin de ce qu’on veut, et on vit la musique à travers l’énergie débridée, même si contenue sur un objet physique ou immatériel. Il ne s’agit pas d’un album en prise live, pourtant il sonne comme si le groupe jouait sur scène, ou directement dans votre salon. Brûlante, affriolante, la musique est ici cri de vie, explosion de joie, d’envie de vivre ses rêves jusqu’au bout de l’ampli.
Tout commence par la présence d’une basse, sourde, rugueuse, sur laquelle s’accouplent batterie et guitare. À ce stade de Give up, qui ouvre les festivités, on est déjà convaincu. Quand la voix déboule, on valide fois 2. Il règne ici un parfum de Californie, couplé à l’énergie de la Motor City. Summer of love en plein décembre, couillu, mais en gros, ça met des fleurs dans les cheveux, ça sent la bonne vibe à 200 à l’heure, tendance Easy Rider, ça ébouriffe même la calvitie de votre hôte, c’est dire !
Plus sérieusement, ça riff comme il faut, l’esprit est non seulement au rendez-vous, mais il décuple des intentions et des idées qui vont au bout du trip. C’est super bien fait, c’est cohérent, les choeurs sont aussi « pur jus ». Le son est nickel. Le premier titre n’est pas fini qu’on est déjà In love de l’album.
Fort heureusement…
… il ne s’agit pas d’un feu de paille ! Le deuxième embraye aussi sec et aussi sexy. La mélodie est imparable, les cuivres (joué au clavier nous semble-t-il …mais on se plante peut-être) s’ajoutent au délire, l’harmonica itou. Nous sommes véritablement projetés dans l’ouest américain, vestes à franges flottant au gré du vent, le trip, sans acide, est complet, cosmique, enfin tout ce que vous voulez. Ça carbure à fond à l’essence toute fin des sixties/tout début seventies, avec un son qui fleure très très bon l’analogique (mais les gars, ils avaient prévu le coup, Nasty Habits ne pouvait pas être conçu autrement qu’avec un inébranlable bon goût).
C’est marrant comment ça nous picote de tout partout, ce petit plaisir de frisson qui nous envahit comme ça, comme une vague qui viendrait battre les côtes du Finistère. C’est sauvage, violemment plaisant, instantanément addictif, bref, c’est exactement ce dont nous avons besoin, à tout moment de la journée, de la semaine, de l’année.
Fort heureusement, le groupe est capable de variété, alterne les tempos, joue la rupture rythmique, ose la batterie inventive. Chaque titre nourrit celui qui le précède, enfonce le clou d’un rythme toujours à propos, dégage un sentiment qui reste plus au soleil qu’à la pluie, même si parfois une légère nostalgie nous gagne, par petites touches. Si l’album est léger, des légères nuances plus graves se font aussi sentir, subrepticement, sans jamais gagner sur l’incroyable aura bienfaisante de cette musique sans âge. Du coup, on savoure Nasty Habits, vraiment, sans autre arrière pensée que celle de prendre un pied d’enfer. Plus pur que ça, tu meurs. Amen.
LE titre de Nasty Habits.
Alors on aime bien, beaucoup, Washing machine man. Pourquoi lui plus qu’un autre ? Peut-être parce qu’il possède un petit côté celtique forcément qui parle chez nous (ben ouais, on joue à domicile), peut-être aussi parce qu’on y voit aussi, en tout cas dans le titre, un esprit un peu deuxième degré, la washing machine pourrait être associé, à tort, ou être un clin d’oeil, au climat breton (particulièrement radieux en cette année 2021).
Mais ce riff de gratte, made in solo de derrière les fagots trad’, nous botte parce que ça n’enlève rien à l’aspect américain du titre. Au contraire, ça relie les deux far (le far west et la phare ouest)… Enfin bref, le breton est voyageur, et ici ça s’entend à merveille !
NDLR : le groupe sera présent au Transmusicales de Rennes le vendredi 3 décembre à L’Étage à 19h30, et avec les amis de Moundrag pour une représentation de Komodrag & the mounodor le samedi 4 décembre au Hall 3 à 2h15
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