MOUNDRAG, Hic Sunt Moundrages

Moundrag - Hic Sunt Moundrag cover rectoDebut album déjà disponible

Moundrag écume les scènes bretonnes, et d’ailleurs, depuis pas mal de temps, suffisamment en tout cas pour avoir été repéré par les transmusicales de Rennes il y a de cela quelques années. Pourtant, le duo formé par les frères Camille et Colin Goellaën Duvivier n’avait jusqu’à présent qu’un EP en leur nom propre, ainsi qu’une fructueuse collaboration avec un autre groupe breton, à savoir Komodor. En ce mois d’octobre, le duo infernal arrive avec un debut album du nom de Hic Sunt Moundrages.

Si la formule initiée par le duo varie peu, à savoir un unique duo claviers (le fameux organ fury) batterie et voix, rappelant des groupes comme Deep Purple, Steppenwolf, et tout un tas d’autres venant d’un courant heavy psych, la forme de celle-ci évolue un peu, proposant cependant des nuances inattendues, ainsi que des compositions qui font aboutir des idées plutôt lumineuses.

Un titre épique.

Comme il en faut un, l’album propose un morceau épique de plus de vingt minutes, une charge héroïque où les frangins montrent toute l’étendue de leur talent. Alternant passages planants et entrées en matière plus virulentes, Moudrag joue avec nos nerfs, nous laissant souvent dans l’expectative d’une déflagration qui fini toujours par arriver, sous une forme ou une autre. La musique prend son temps, celle de creuser chaque voie, sans omettre le moindre de ses recoins. La densité de cette formule laisse songeur. A quoi peuvent bien servir les guitares, basses et autres instruments lorsqu’un clavier assure toutes les parties avec tact et énergie ?

Le tact survient par les mélodies qui sortent d’on ne sait où, évoquant parfois des thèmes ethniques, des aspects cinématographiques, parfois de pures mouvements rock, ceux qui viennent des entrailles de la terre, là où sévit le malin (avec qui les deux frères ont probablement signé un petit contrat), mais également par cette aptitude à élever le tempo, en parfaite concordance avec la batterie, en passant de nappes éveillant l’imaginaire à des frappes puissantes, et parfois sournoises, sur l’orgue.

La batterie, outre son martèlement démoniaque, s’avère très souvent créative, impose elle aussi des ambiances, et agit, en cas de rupture rythmique, comme un véritable métronome à sensations (fortes évidemment). Le jeu de cymbales s’avère aérien mais cingle de façon tonitruante pour annoncer la fin de la récréation. Quand les choses sérieuses reprennent, c’est la foudre qui s’abat par ce biais, avant que le tonnerre roulant de grosse caisse et toms ne prennent la relève.

Apparitions de choeurs.

Autre constante chez les frères Goellaën Duvivier, ce jeu de « questions réponses » vocales et instrumentales. Le terme de jeu est bien utilisé car nous sentons que Camille et Colin s’amuse comme des petits fous, qu’ils sont à 100 % dans leur univers. Tout aussi à l’aise derrière leurs instruments que derrière le micro, chacun y va de sa partie, chantée, ou parfois presque plus scandée. On retrouve certains accents propres à un certain Robert Plant, et un fantôme nommé Led Zeppelin semble lui aussi roder pas loin. Le cahier des charges 70’s est donc respecté, mais reste pourtant bien ancré dans notre époque. Pourquoi ? Car la modernité des compositions, qui marquent bien la vaste étendue des connaissances du groupe en matière de rock psyché, n’empêche pas celui-ci de ne pas verser dans le réchauffé.

Pour la première fois, le groupe a recours à des choeurs, ce qui apporte une voie de réflexion intéressante sur la poursuite de cette carrière déjà plus que prometteuse. Car on sent une évolution en ce sens, timide mais assumée, une nuance salutaire qui apporte parfois quelques respirations nécessaires. Enfin, un soin tout particulier est apporté, une fois encore, au son. En effet, celui-ci nous propulse directement vers les fameuses années ayant vu éclore Black Sabbath et consorts. Il est un peu écrasé ce son, un peu mat, résonne comme s’il était imaginé et restitué en mono, ce qui ajoute au charme de l’ensemble et lui apporte, s’il en était nécessaire, un regain d’authenticité. Pour un auditeur lambda qui tomberait sur un titre comme Demon Race (et son solo de batterie venu de nulle part) ne pourrait affirmer avec aplomb s’il survient d’aujourd’hui ou de cet hier que Moundrag n’a connu que par le biais de disques aujourd’hui introuvables.

Hic Sunt Moundrages est donc une réussite qui prend tout son sens sur scène. Pour avoir vu le groupe à de multiples reprises, nous pouvons vous affirmer qu’il déploie une énergie phénoménale, couplée à une bonne humeur contagieuse. A voir et à écouter de toutes ses oreilles donc.

Patrick Béguinel

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