[EP] Iñigo Montoya, INIGEP03, terrassant, surprenant

Iñigo Montoya, EP 5 titre INIGEP03 (disponible le 15/11 chez Echo Orange)

Leur single MDTG nous avait ébranlés, et avait fissuré pas mal de fondation sur lequel reposaient nos a priori. Oui, il existe bien des groupes français qui pulvérisent les codes pour nous mettre une bonne claque dans la tronche. Mais s’arrêter à ce seul extrait serait criminel. Avec INIGEP03, le duo Iñigo Montoya nous régale, entre électro, rock, punk, spoken world…

Tout commence…

…sur un archipel. Loin de tout. Et ça tombe bien, le titre Archipel installe l’ambiance, progressivement. Elle sera prenante, angoissante, presque arabisante, répétitive, lancinante, comme un mantra : « Viens t’investir/avec moi/ici la Terre n’a plus de forme ni d’éclat ».

Cette atmosphère repose sur une nappe de clavier d’où émerge doucement quelques arpèges, de clavier toujours, trafiqués. La boucle est là, elle invite à une forme de transe extatique que la teneur des paroles vient rendre oppressante. Les rythmes electro lui confèrent une urgence tendue, mi tempo obsédant… « Là-bas le vide/ et sa lumière/ un archipel loin des dogmes et des cimetières ».

Le ton est donné et INIGEP03 ne nous brossera pas dans le sens du poil. Les sons créés par le duo sonnent inédits, sombres, mais d’une richesse incroyable. Les arrangements y sont pour beaucoup, car malins, inattendus, ils hissent le titre sur des sommets du genre. Et c’est tant mieux car, d’une durée de 8’16, il ne fallait pas se planter d’entrée de jeu. Ici, aucun doute, la première marche gravie nous propulse dans une identité forte qui ne sera jamais remise en question sur cet EP.

MDTG puis aperçu d’une Afrique déformée.

Arrive ensuite MDTG dont vous pouvez retrouver plus d’infos (et la vidéo) ICI. Ce titre appuie l’effet d’Archipel, nous prend et nous retourne… Enfin bref, il annonce un titre d’aspect totalement différent, Gymnasium, même si toujours très électro dans ses tonalités. Mais dès le premier chant, nous nous retrouvons aux prises avec un chant d’inspiration tribal, africain, que renforcent très vite des beats percutants, tribaux eux aussi. On pense, sur l’entame de ce titre, à Bonobo, car on retrouve un peu de ces tessitures cotonneuses.

Mais au bout de 2 minutes, bascule est faite vers un univers plus pop, mais toujours avec cette tonalité world dans les claviers/programmations. Ça reste soft, mais ça nous entraîne ailleurs, dans un monde aux couleurs chatoyantes, même si Iñigo Montoya ne se départie jamais de sa face cachée, plus obscure. Celle-ci ressort dans les paroles, oniriques mais incroyablement inscrite dans une forme de révolte. Nous ne l’avons pas dit, mais nous aimons la poésie qui émane de ses textes de peu de mots. Ceux de Gymansium nous ramènent sur Archipel, comme si un triptyque s’achevait.

Amour et haine…

INIGEP03 se termine sur deux titres sur lesquels amour et haine se côtoient, ne forment qu’un, pour le meilleur et pour le pire. D’aspect plus pop, ses titres, pourtant, ne manquent pas de férocité, dans leurs textes principalement. Castration pourrait paraître telle une musique pour danser, mais il est question de haine, pure et simple, comme exutoire.

« ô ma haine, ô ma haine j’ai besoin de toi, pour apaiser cette douleur qui ne s’en va pas, ô ma haine, ô ma haine j’ai besoin de toi, je ne vois plus que ta violence pour me sortir de là ».

Ce titre est un chant d’amour à la haine du narrateur, et repose sur une personnification de ce sentiment, le tout sur une musique enjouée, délaissant, pour ce coup, les tonalités sombres du début de INIGEP03. L’affect s’en trouve alors décuplé, ce paradoxe musique joyeuse sur paroles désenchantées jouant à fond le jeu.

À moi la vengeance qui conclut cet INIGEP03 terrassant, commence lui par une longue plage de piano, posée sur un fond de vague et de rires d’enfants. Ce démarrage presque classique dans sa forme, vient s’assombrir par des nappes de claviers et par le tonnerre des paroles. Leur poésie nous rend indubitablement triste, car enterrant l’enfance, et tirant le constat amer de ce que c’est d’être adulte. Il y a là de la mélancolie, profonde comme les fonds marins, au niveau d’une faille. « J’avais ma place sur un bateau pirate »

Sublime titre apothéose d’un disque viscéral, aux images incroyables. Immanquable !

INIGEP03 Iñigo Montoya

 

 

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