HUMAN SONG Blue spaces
Human Song est un groupe pour le moins atypique puisqu’il a décidé de se passer de guitare pour confectionner sa musique à la croisée du rock indépendant, du métal et du gothique. Pourtant, à l’écoute de Blue Spaces, la formule fonctionne à merveille, nous interrogeant du coup sur la pertinence de cet instrument au sein de groupes du même acabit.
Nous avions découvert le groupe à la publication de leur Live au centre de la Terre, prestation captée au gouffre de Poudrey. L’ambiance était donnée, à la fois sépulcrale de par son environnement légèrement angoissant pour tout être normalement constitué (ou claustrophobe), mais également puissante et addictive.
La sauce prend instantanément. Une voix au lyrisme assumé, des rythmes hypnotiques, une tension épidermique, le tout agrémenté d’effets sur une basse faisant office de basse (quelle nouvelle!) mais également de guitare. Ajoutez à cela quelques bidouilles électroniques et vous obtenez le son Human Song.
Bien évidemment, tout cela est plus facile qu’à dire. Les ambiances s’appuient sur des nappes de claviers sur lesquelles viennent se poser la voix de Jane Lake. Si celle-ci est superbe sur les vocalises qu’elle propose, elle étonne parfois un peu sur les parties chantées. Pas désagréable, juste étonnante, comme si ses parties vocales et chantées n’étaient pas issues de la même personne.
Question intonations, nous retrouvons un peu chez elle un petit quelque chose de Toris Amos. Elle peut à la fois invoquer certaines chanteuses métal, mais également, parfois, certaines chanteuses irlandaises. Cela se ressent dans quelques titres et évoque un esprit épique que nous pouvons parfois retrouver dans des séries de science-fiction. En ce sens, certains morceaux auraient facilement trouvé leur place au sein de la série Game Of Thrones.
Vous vous dites que l’ensemble doit donc être plutôt orienté métal, les liens entre fantasy et ce genre de musique n’étant plus à démontrer, mais le fait est que nous nous retrouvons presque en univers pop. Les mélodies s’insinuent facilement en nous, le côté rentre dedans du métal n’existant pas réellement, sinon par la tension dégagée par la basse de Mathew Corner et la batterie, lourde, mais cela se trouve presque hors-champ.
Les morceaux sont relativement concis (si nous ne tenons pas compte de This is not a song for war dépassant les 10 minutes) dégagent un univers fort et vibrant. Les compositions sont également assimilables de façon assez aisée, et possèdent des atmosphères à la fois oppressantes et éthérées, rêveuses et terriblement ancrées dans une forme de réalité crue.
Vous l’aurez compris, dans Blue Spaces, tout n’est qu’histoire d’ambiances.
Les titres s’enchaînent dans un déferlement d’images, de celles qui naissent à l’écoute de ces titres évocateurs. Nous nous sentons portés par un océan de possible, une poésie parfois un peu brutale mais toujours juste. Cet album mérite que nous nous y arrêtions car s’il s’avère accessible, ses morceaux se découvrent et se décortique, et ce bien après la première écoute passée. Avec Blue Spaces, Human Song nous propose sa vision de la musique alternative à laquelle nous adhérons pleinement.