HUM HUM, Traversant, en rêves clandestins…
1er album déjà disponible
Une entrée en matière fulgurante. Légèrement rétro dans sa forme (une intro, de 2’45 tout de même, un titre qui s’emboîte à la perfection dans celle-ci, qui déploie des ailes romantico/ésotériques magnifiques, un troisième qui attise une nouvelle fois le feu sacré tout en s’émancipant lentement des précédents, et un quatrième sur lequel Traversant prend pied et donnera cours à ses facéties), le duo joue de la pop comme si sa vie en dépendait. Ce qui est peut-être bien le cas. Traversant, de Hum Hum nous fait une grosse impression.
Mais reprenons un peu. Hum hum, c’est, pour rappel, le duo formé par Sophie Verbeek et BT93. Ce dernier, nous en avions parlé il y a peu avec la réédition de son album datant des années 90. Pas étonnant de retrouver, dans La revanche de la louve, un des thèmes musicaux de ce fameux album. Grand bien en a pris à Hum hum car ce thème, qui déjà nous avait fort joliment titillé le tympan, trouve ici, accompagné par la voix de Sophie Verbeek, une dimension presque magique.
Des claviers, forcément.
Nous retrouvons énormément de claviers sur cet opus. Pas étonnant, puisque BT93 est réputé pour la chose, pour avoir utilisé avant tout le monde des synthés depuis devenus mythiques (alors que lui se ramassait dans les maisons de disques). Ici, ils trouvent une place à leur juste mesure, dans une pop à la fois inspirée des années 70 (on pense Gainsbourg, Pink Floyd), et des années 90 avec parfois un parfum rétro futuristes (cette fois-ci nous pensons à Air). Souvent secondés par une basse incroyablement inspirée, on flirte parfois avec un mix entre Daft Punk et le funk (des mêmes années 70).
Mais, le truc, c’est que le son n’est pas travaillé de façon à sonner vintage. Absolument pas. Il est très actuel et l’on reconnaît un peu la patte de Frédéric Lo (Pony Pony Run Run, Daniel Darc, également présent sur la réédition de BT93). Les guitares sont scintillantes, brillantes, mais jamais stridentes, la basse est absolument essentielle, la batterie impose des tempos efficaces, gorgés d’un groove discret qui en décuple le charme. Bref, la pop de Hum hum s’impose très vite comme une réussite du genre, finalement très peu inspirée par les maîtres du genre (les anglais quoi), mais nous proposant une pop à la française élégante et racée (comprendre qui ne dérive jamais vers la variété).
La voix.
Gros point fort de Hum hum, elle n’a pourtant rien d’exceptionnel en tant que tel. Nous voulons dire par là qu’elle ressemble à celle de pas mal de chanteuses. En revanche, elle possède des inflexions parfois mordantes, presque hargneuses, tout en pouvant, dans le mouvement, retrouver une dimension enveloppante, protectrice. En gros, elle est très expressive, ce qui n’est qu’à moitié étonnant puisque la dame est actrice (elle a joué sous la direction de Jalil lespert et Josée Dayan). Mais loin d’être une Adjani, une Deneuve, une Bardot (et on en oublie) couvée par un Gainsbourg au sommet de sa forme (qui sauvait miraculeusement les piètres qualités de chanteuses de ces pourtant grandes dames), Sophie Verbeek impose une présence qui frôle la perfection.
Si à la première écoute nous doutons de certaines de ses lignes de chant, très vite nous rentrons dans son trip. Elles sont d’ailleurs bien plus subtiles que nous le croyons au premier abord, deviennent très vite addictives, ne nous quittent plus d’une semelle, quoi que nous fassions. Les textes portent aussi leur lot de surprises, jouant des doubles sens (King Kong Show), réalistes ou alors mystiques, ils contrastent les uns des autres tout en restant cohérents. L’album surprend.
Pouvoir dansant.
Traversant possède un groove que nous disions discret, mais omniprésent. Il nous est très dur, à l’écoute, de rester statique. La paire rythmique s’en donne à cœur joie, magnifié par l’inspiration de BT93 aux synthés. Nous ne saurions comment décrire son jeu, nous dirions simplement qu’il parvient à compléter la rythmique en se mettant, presque, légèrement à côté.
Cela entraine un mouvement « circulaire » dans lequel la voix se pose avec une mélange force/douceur mais surtout avec une pertinence rare. Si le disque souffre d’une petite baisse de régime (La bête armée et Une sur un million ne nous convainquent pas totalement) il reste malgré tout de très belle facture. Et attention ! Ne pensez pas que, puisqu’il est dansant, il est décérébré. Pas du tout ! Il ne surfe pas du tout sur une production type variété ou fourre-tout ou déjà entendu quinze milliards de fois. Non, Hum Hum ne sonne définitivement comme personne d’autre. Et rien que pour ça, Traversant vaut le détour.
LE titre de Traversant.
Nous aimons beaucoup Ballade des gens heureux (rien à voir avec Gérard Lenorman), Bluueberries, Tendre est la nuit, Monkey song, mais c’est le duo d’ouverture qui définitivement nous séduit le plus. Pourquoi ? La revanche de la louve nous met dans l’ambiance. Peut-être que sans ce titre, nous aurions été cueillis à froid et, peut-être aussi, que nous aurions rebroussé chemin. Sans changer ses nappes en arrière-plan, mais en l’agrémentant des autres instruments, en changeant légèrement le thème musical, Hum hum développe Rêves clandestins, son morceau le plus long (6 minutes), mélange de spoken world et de chant dont les enchainements fonctionnent à merveille.
Le texte, même s’il demeure un peu obscur (libre à vous de voir ce qui vous plait, pour nous il est question d’une remise en question suite à une rupture ou à une grosse dispute), dégage une poésie phénoménale, inspirée et inspirante. Et la voix fait des étincelles. Bref, ce couple La revanche de la louve et Rêves clandestins ne peuvent exister l’un sans l’autre, est c’est très bien ainsi, puisqu’en presque 9 minutes, en entrée de disque, le groupe nous rétame littéralement. Fort heureusement, la suite ne souffre pas trop de cette entrée en matière tonitruante, l’une des plus percutantes que nous ayons entendus ces derniers temps.