HACHE PAILLE, Cynodrome (autoproduction)

Crédit photo bandeau Guillaume Castel

HACHE PAILLE CYNODROMEPremier album entre terre et ciel

Nous avons été tellement séduits par la prestation de Hache Paille lors de son passage à Bonjour Minuit, dans le cadre d’une Session Live de Radio-activ’, que nous avons décidé de nous pencher un peu plus sérieusement sur leur premier album Cynodrome, une petite réussite dans le genre.

Dans quel genre d’ailleurs ? Les textes nous évoquent une chanson française, entre réalisme et surréalisme. La musique, elle, se veut pop, mais avec des relents parfois plus rugueux nous évoquant le rock indépendant américain des années 90, voir presque grunge dans certaines attaques. Et puis, il y a aussi ce côté britannique qui ressort, plus orienté post punk, ou du moins s’y référant. Le tout, porté par des compositions ambitieuses, s’émancipe des codes couplet refrain pont pour nous offrir des structures aux architectures surprenantes.

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Lignes fluides et aériennes.

Si la formule Hache Paille repose sur une base rock (guitare/basse/batterie/chant), lors de la composition de l’album, c’est la paire basse (et chant), jouée par Clémentine Page, et batterie (et chant), jouée par Piergiacomo Costi, qui prédominait. En effet, duo à l’origine, rejoint sur l’enregistrement par le guitariste Éric Cervera, Hache Paille ne met pas les guitares au premier plan. En résulte une approche différente, reposant en grande partie sur les lignes de basse (très mélodiques) et celles de chant, mais également sur un groove particulier entre les deux instruments rythmiques.

Les guitares sont placées un peu en retrait, en « ambiance », mais quelles ambiances ! Comme les quelques effets et claviers, elles apportent une densité à l’ensemble, un aspect parfois orageux, parfois pluvieux, parfois en appuie, parfois totalement incluses dans un brouillard lumineux. Elles apportent une touche presque évanescente à la paire basse batterie, qui elle est plus solidement ancrée au sol. Malgré tout, le jeu tout en nuances de Piergiacomo, de même que les lignes de basse entre aspects dansants et purement mélodiques rendent l’ensemble très léger.

S’ajoutent à cela des lignes de chant d’une rare pertinence. Elles permettent à la voix d’être non seulement narratrice de vignettes poétiques, aux textes cryptiques, mystérieux pour certains, mais également instrument à part entière. Tout cet équilibre, solide, s’appuyant sur un édifice qui pourrait basculer à tout moment du mauvais côté de la balance.

Entre cérébralité et instantanéité.

Mais il n’en est rien, fort heureusement. Dans Cynodrome, les architectures des compositions sont très réfléchies, très pensées, très cérébrales aussi. Elles jouent la surprise, le contre-pied, déjouent les mots « ah oui, c’est ce que j’imaginais à cet endroit ». Ici, nul effet téléphoné, tout joue sur l’inattendue. Cela pourrait devenir chiant, agir au détriment des mélodies, mais il se trouve que la patte Hache Paille permet d’éviter le piège du tout cérébral.

Sans doute parce que son approche est avant tout sensible, électrique dans le sens impulsion nerveuse. Nous sentons le groupe jouer sur un fil ténu, faisant résonner les cordes sensibles des trois membres. Apparaît alors tout le côté instantané de leur musique, conforté par le live qui prouve que le groupe maîtrise son art sur le bout des doigts. Ainsi, le chant, les paroles, mais également l’osmose entre les musiciens permet à Cynodrome d’être à la fois diablement intelligent et divertissant, de ce genre de divertissant qui jamais ne nous prend pour des cons.

Emotions et sens.

Par différents effets discrets mais là aussi très pertinents, Hache Paille parvient à nous émouvoir. Pas de grosses ficelles pour ce faire, mais une fois encore un tact empreint de délicatesse. On se prend à rêver, à dériver au gré des courants sur Fou marin, à replonger dans les affres de l’adolescence sur Pauline, ou à voyager dans une Italie fantasmée et sensuelle sur les titres chantés par Piergiacomo (Liberto e ostinato, Voglio Restare, C’est beau du ciel).

L’énergie qui circule sur ce disque est également mise en valeur par un enregistrement de très belle qualité (disque capté au studio Near Deaf Experience) et dont le mix plein de personnalité finit de parachever l’ouvrage. C’est donc un excellent premier album que Cynodrome. Il nous fait nous dire que ce groupe atypique à tout pour séduire, autant un public exigeant que néophyte qui pourrait se laisse happé par des titres fortement expressifs, homogènes mais aussi subtilement différents. Très très bien joué !

LE titre de Cynodrome.

Pauline ouvre l’album d’une façon totalement captivante, montre déjà toute l’étendue du talent de Hache Paille. Il le représente donc à merveille. Dans un registre approchant, peut-être un peu plus angoissant, nous avons une tendresse particulière pour Comme un ego et son ambiance film de série Z.

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