SESSION LIVE HACHE PAILLE (radio Activ/Bonjour Minuit)

hache paille

crédit Gérard Rouxel

Formé suite au split brutal de leur précédente formation, Hache Paille se présentait devant nous sur la scène du Club de Bonjour Minuit, dans le cadre d’une session live de Radio-Activ.

C’est donc un groupe de tout juste deux ans d’âge qui se place face à nous sur la scène du Club. Bonne nouvelle, il y a un peu de monde pour assister au show du trio Hache Paille (à la base duo composé de Clémentine Page, chant lead basse composition, et de Piergiacomo Costi batterie chant+choeur composition, rejoint récemment par le guitariste Eric Cervera, initialement pour jouer les parties de guitare sur le live mais qui fait désormais partie intégrante du groupe).

Nous arrivons alors que planent déjà quelques nappes dans l’atmosphère des lieux. La musique de Hache Paille est difficilement classable. Elle se place quelque part entre le son anglais (on pense à Portishead, ou Blonde Redhead) et le son américain (assez lourd, presque grunge), entre intimité et brusques poussées de fièvre, le tout dans une formule rock atmosphérique, hypnotique, qui se sort subitement de sa léthargie par des accélérations tranchantes. Si ces antagonismes ne disent pas forcément grand-chose sur le papier, dans les faits, la formule est parfaitement rodée et ne manque jamais de faire des étincelles.

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Un peu timide.

Le groupe, entre les morceaux, paraît timide, un peu mal à l’aise. Il n’a pas encore fait énormément de dates, même si quelques-unes de celles déjà effectuées laissent à présager d’un beau début de carrière. Le groupe a déjà joué au Novomax de Quimper en première partie de Bandit Bandit, au Sew de Morlaix en première partie de Camélia Jordanan et s’apprête à jouer en première partie de Laetitia Sheriff à La Carène de Brest (le 30 avril prochain). Il y a pire comme débuts. Malgré tout, nous sentons le combo encore un peu fébrile lorsque les morceaux s’achèvent.

En revanche, dès que les premières notes du suivant se font entendre, fini la timidité et c’est l’osmose qui lie les 3 musiciens qui nous saute au visage de façon évidente. Aucune approximation, ils se trouvent d’un regard et posent leur musique avec une classe rare. La basse porte un groove bien senti qui, couplé aux lignes de chant, crée déjà une rythmique folle, addictive et bien souvent dansante. La batterie est très inspirée, très fine, alternant rimshot et écrasage en bonne et due forme des fûts. Le jeu de cymbale est aussi magnifique, et ça fait plaisir de voir un batteur avec une palette d’expression aussi large.

La guitare, elle, pose des nappes stratosphériques, avant de retrouver le mordant sur des attaques en symbiose avec ses compagnons de scène. Expressive, parfois discrète, elle semble se fondre avec la basse dans un tourbillon sonore doux ou âpre, c’est fonction de la tonalité du titre en cours.

Hache Paille

crédit Guillaume Castel

Le chant comme 4é instrument.

Majoritairement chanté en français, à quelques exceptions en italien, les paroles dégagent une poésie lunaire et ressemblent parfois à des comptines désabusées. La voix presque juvénile de Clémentine, sur les passages les plus apaisés, gagne en intensité pour mieux nous émouvoir et/ou nous électriser. Loin d’être linéaire, le chant est ici un instrument à part entière, mais aussi une source d’images un peu folles, presque psychédéliques.

À celui-ci s’ajoute quelques pistes enregistrées de synthé, des ambiances qui viennent compléter la donne sur scène, y apportant un peu de magie, de féerie par moments, avant que les cieux ne s’obscurcissent suite à une poussée d’adrénaline éclair, qui parfois ne va pas jusqu’à une explosion, nous laissant parfois un peu frustrés. Mais vous savez, ce genre de frustration qui fait du bien car elle nous surprend.

Là où d’autres joueraient des morceaux cousus de fil blanc, Hache Paille s’affranchit des carcans, des règles imposées, pour n’en faire qu’à sa tête. Inutile de dire que cela nous convient parfaitement car la surprise est toujours au rendez-vous. Le son général est plutôt très bon, ne masque en rien les effets pré-enregistrés, mais donne une place plus prédominante que sur le disque à un son légèrement plus abrasif et électrique.

Une excellente surprise sur scène.

Nous avions écouté leur album juste avant le concert. Celui-ci, sorti début janvier, répond au nom de Cynodrome, nous avait convaincu d’aller voir le groupe sur scène. Les avoir vus sur scène nous convainc de poser une oreille plus attentive sur le disque. Quoi qu’il en soit, ce n’est absolument pas la déception qui nous a cueillis lors de cette représentation scénique, mais plutôt un mélange d’admiration et de satisfaction.

Le groupe dégage une forte unité sur scène, il dégage aussi une véritable sensation de plaisir. Il est heureux de se retrouver face au public et propose une odyssée plus que convaincante. Les trois musiciens font donc plaisir à voir, mais surtout plaisir à entendre avec une musique intelligente, très bien fichue, originale et qui ne manque jamais d’émouvoir et de surprendre. On vous conseille donc fortement d’aller les voir sur scène notamment à La Carène le 30 avril (et puis il y aura Laetitia Shériff, c’est une deuxième bonne occasion de vous y rendre), tant Hache Paille, peut-être pas le groupe le plus démonstratif sur scène, saura en revanche vous séduire par son univers totalement à part. Une très belle découverte !

Site officiel du groupe (vous pouvez y commander des albums, le groupe est totalement autoproduit et n’est pas distribué)

Très bientôt la chronique complète de Cynodrome

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Un autre live report ? Olivia Ruiz

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