GRAND BLANC Image au mur

Deuxième album pour Grand Blanc. Éternel et complexe exercice, le deuxième album peut mener un groupe à la scission. Qu’en est-il d’ Image au mur ?

Mémoires vives, leur premier album, nous avait particulièrement remué et questionné sur nos gouts en nous posant la question suivante : comment un groupe arrive-t-il à nous rallier à sa cause avec sa postwave à la française, combien même sommes-nous réfractaires à ces sonorités et au chant en français (quand celui-ci est insipide) ? Rapidement, nous avions obtenu la réponse quant au chant en français : celui-ci était servi par des paroles à la hauteur ce qui fait que l’ensemble tenait la route (ce qui est encore plus vrai sur Image au mur). Restait la question de cette musique qui nous donnait des démangeaisons.

Bon, nous avouons que la question perdure sur Image au mur, même si les sonorités sont ici moins synthétiques, ou du moins plus colorées. Mais cette question nous taraude, nous l’avouons, d’autant plus que dès les deux premiers titres, nous succombons à nouveau aux sirènes de Grand Blanc. Rien à faire, aucun moyen de résister, l’addiction se fait instantanément, sur des mélodies à la fois mélancoliques rêveuses (Les îles), à la fois sur une pop hyper chiadée au refrain aisément mémorisable (Belleville). Cette entrée en matière abat d’emblée nos défenses et nos (illégitimes) craintes d’un deuxième album au rabais.

Après cela, le groupe déroule son univers. Si la base du son reste à peu près la même que sur Mémoires Vives, à savoir un son typé années 80, assez fortement teinté de synthés, le tout dans une tonalité vaguement cotonneuse et onirique, le traitement est tout autre. Plus coloré, plus chaud, Image au mur marque le franchissement d’une étape pour tout groupe digne de ce nom, à savoir celui de la maturité. Parce que nous n’avons plus affaire à un groupe qui se cherche, loin de là, il s’est trouvé et assume.

Image au mur est plus posé, ses textes sont finement ciselés, les arrangements sont inventifs, bien sentis mais également surprenants, innovants. La production est également irréprochable, soignée et hors mode (en ce sens Grand Blanc se démarque grandement de la concurrence). Pas de mièvreries, pas d’effets faciles, l’album s’avère varié, tant dans ses thèmes que dans son énergie.

Mélancolique, questionnant sur la vie (Des gens biens), sur l’amour, sur l’appartenance (Belleville) l’album brasse large et est à même de permettre au plus grand nombre de s’identifier tant ses thématiques touchent à l’universel. Sans sacrifier la qualité de ses compos, Grand Blanc perd son côté rebelle au profit de celui, plus réfléchi (mais pas plus chiant) de l’âge adulte.

Nous obtenons au final un album plus riche encore que le précédent, plus calme mais à l’inventivité renouvelée, plus adulte mais gardant un éclair de malice adolescent. L’avenir s’avère palpitant pour ce groupe qui possède une énergie peut-être plus dissimulée sur cet opus mais toujours présente en creux.

L’étape du deuxième album est donc franchie.

Avec brio.

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