PLAYLIST 34, comme une histoire tout en fragilité…

Nouvelle sélection musicale du 03/09

Dans cette nouvelle playlist, il est un caractère qui ressurgit dans presque tout les morceaux, celui d’une forme de fragilité, ici exprimée soit par la musique, soit par les voix, soit par un subtil mélange des deux. Bien évidemment, certains artistes, par pudeur, cachent celle-ci derrière un gros son, mais c’est un leurre car le regard de l’artiste, même s’il nous touche par la beauté qu’il produit, reste lucide sur ce qui l’entoure. Ainsi, cette fragilité face à l’impuissance chronique de l’être humain à communiquer, à agir pour le bien de tous, se fait entendre dans chaque morceau ici présent. Ce qui ne peut finalement que nous rendre un peu plus conscient, non ?

ekkstacy playlist 34 fragilitéEKKSTACY

Le trop est l’ennemi du bien, tout le monde le sait. Ceux qui l’ignorent ont tendance à tartiner leurs morceaux d’une couche indigeste d’effets pour essayer de nous tirer une larmichette d’émotion (qui, dans le cas que nous venons de citer serait synonyme d’effroyable douleur de voir ainsi la musique sacrifiée). Dans le cas d’In love d’Ekkstacy, rien de tout cela. Un piano sépulcral, une voix robotisée, le tout superbement produit. Sur le refrain, quelques petits effets discrets, donnant l’impression de cordes, et à la fin, un fragment de guitare électrique.

Et le résultat est là, puissant, foudroyant presque. Il nous rappelle tout ce mal-être adolescent que nous avons pu ressentir plus jeune, ce côté désabusé qui nous fait tenir tête basse. Ce titre est le premier du prochain projet d’Ekkstacy, intitulé Negative. L’avenir nous promet de belles choses de la part de cet artiste seulement âgé de 19 ans et originaire de Vancouver. Superbe.

FIGURZ

Cowboy solitaire sur fond de soleil couchant. Les premières notes de The Purge sont similaires à un constat sur une journée qui est sur le point de s’éteindre. Pour ne pas dire sur un monde qui sombre. Il dégage donc des teintes légèrement pessimistes, même si le refrain, avec ses voix plus enlevées, donne l’impression d’une ambiance plus légère. Le son est finement travaillé, dégage une énergie brute malgré un travail d’orfèvre sur les guitares (et sur les claviers en arrière-plan, discrets mais indispensables). Ce très bon morceau nous donne assurément le ton d’une nouvelle journée à combattre.

ANNIKA AND THE FOREST

Dans un souffle. On retrouve, un peu comme pour Ekkstacy, une fragilité dans ce You and me. La chanteuse, suédoise, y chante avec une implication particulière, comme si une douleur l’empêchait de se lâcher totalement. Tout est contenu, brulant d’une émotion incroyablement vibrante. Et comme un souffle, il y a cet arpège de guitare électrique, comme une nouvelle façon d’écrire et de penser (panser?) le blues.

Si l’ensemble peut paraître légèrement austère, la force, dissimulée par cette impression de vulnérabilité, est bien présente et quand la voix s’envole, les frissons nous parcourent. L’album Même la nuit sortira le 01 octobre.

SILVERBACKS

Le clip est hallucinant, enfin une partie de celui-ci, celle qui est faite en pâte à modeler et qui possède un dynamisme incroyable, collant à merveille à la ligne de chant et de guitare (laquelle est calquée sur la première).
Silverbacks propose donc ce nouveau morceau, Wear my medals, premier sur leur nouveau label Full Time Hobby. Le groupe irlandais, qui peine à se définir (« les gens disent que nous sommes post-punk, mais nous ne le sommes pas vraiment. Certains disent que nous sommes un groupe indé, mais nous ne le sommes pas non plus. Je ne sais pas, parfois c’est plus amusant de voir ce qui sort quand on écrit et de laisser les autres s’inquiéter de ce que c’est » ), ou du moins qui s’en fout royalement, commence à donner corps et âme à la suite de son premier album, Fad, sorti l’an dernier.

Pour l’heure, savourons ce titre (qu’on aurait presque qualifié d’art rock dans la première partie, pour terminer sur une note plus proche de la pop indé).

CHARTREUSE

Univers prenant que celui du quatuor anglais. Chartreuse, avec Only you, nous subjugue par son parti pris. Tout d’abord avec la voix, profonde, basse, celle d’un crooner hors pair. Elle nous prend par la main et nous conduit dans ce titre pop hors du temps et de l’espace. Il y a à la fois de la douceur, de l’âme, le tout enrobé d’une couche d’élégance à l’anglaise. Ne parlons pas de flegme, même si le chant, comme la musique sur laquelle il repose, se la joue pépère.

Pourtant, l’émotion surgit, petit à petit, sans non plus nous bousculer, mais nous embarquer en nous demandant la permission de le faire. Alors, nous nous rallions vite au pavillon de Chartreuse qui nous rappelle un peu The divine comedy par son approche mélodique légèrement grandiloquente. Et on aime !

EVENING IS YOUTH

Autant le dire tout de suite, ce groupe nous fait bien plaisir avec son Did you find your brain ? parce que ses sonorités nous rappellent tout un tas de trucs de notre jeunesse, allant de The Cure à un esprit shoegaze, couplé à une pop indé de très bonne facture. Il y a de l’énergie, un côté optimiste qui fonctionne bien (malgré un propos qui ne l’est pas forcément), une production qui tient très bien la route, bref, ça flirte avec le sans-faute et ça fait un bien fou.

GUSTAF

Et sinon, la santé mentale, Ça va ? Nous pouvons nous poser quelques questions à l’entame de ce Best behavior et sa base art rock qui n’est pas sans nous rappeler le travail de Mush. L’interprétation est, pour le moins que nous puissions dire, expressive. On aime cette fragilité dans la note lorsqu’elle est tenue, mais on aime aussi cette forme de hargne qui donne à ce titre un petit côté rugueux comme on aime, de ceux qui nous font nous dire qu’il faudrait enfermer tout ce beau monde pour des vacances prolongées.

Le côté saccadé de la musique s’accorde, dans le cas présent, terriblement aux paroles et à cette impression que nous sommes toujours jugés via le regard des autres. Ici, sa réaction disant « Oui je vais bien » montre que notre état émotionnel n’est pas forcément une chose à partager avec tous.

VIRGINIA WING

Qu’il est doux ce fruit. Parce qu’il repose sur la voix de Virginia Wing, ce genre de voix qui nous fait nous sentir tout de suite en confiance. Son timbre légèrement grave, ce combine à merveille avec une base rythmique qui ne fait pas dans la démonstration, mais développe une sensation d’accoutumance rapide et sans retour.

Mais ce qui fait le sel de ce fruit plutôt sucré, c’est cette myriade de bidouillages/bruitages que nous imaginons fait de bric et de broc, myriade qui tourbillonne dans notre tête, nous conduisant au bord d’un évanouissement euphorique. Soft fruit est un exercice parfaitement maîtrisé, et qui, forcément, porte ses fruits.

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