[COMPILE] BLACK LILITH l’album // pop, urbain, romantique, engagé

Black Lilith l’album compile et première parution de Black Lilith records.

Avant-hier, nous vous parlions du label Black Lilith records. On vous parle aujourd’hui de Black Lilith l’album, compile de 12 titres (dans la version numérique, dont nous avons pu écouter les dix de la version vinyle). Si, à lire le communiqué de presse qui évoque une musique urbaine, trap électro nous ne sommes pas rassurés, nous devons avouer que nous avons été totalement pris à contre-pied de nos préjugés quant à ce style que nous affectionnons d’ordinaire peu.

D’une part parce que ce n’est pas à proprement parler de la pop urbaine, que de la trap il y en a relativement peu, que l’électro est ici plutôt bien foutue. Et d’autre part, surtout, vous nous connaissez un peu maintenant, les dix titres balancent une écriture absolument magistrale, loin des clichés, justement urbains. Plusieurs morceaux sont parmi les meilleurs que nous ayons entendus en pop et en langue française de ces derniers mois.

Engagé.

Nous le disions hier, le label est féministe et Queer. Alors on s’attend à ce qu’il dépote et dénonce. Et c’est le cas d’entrée de jeu avec Boys Kkklub qui égrène tous les boys club, tel que l’Elysée, le porno etc. C’est rentre dedans, d’une relative violence, mais dégrossis par des paroles ciselées, percutantes, directes et dont il est impossible de ne pas comprendre le message. On aime particulièrement le fait que des hommes soient ici au choeurs pour réclamer la fin des Boys Kkklub, ce qui amplifie le propos en engageant justement les hommes à changer leur mentalité.

C’est le titre le plus engagé de la compile, le reste oscillant entre un côté engagé, parfois contre les « hommes » comme sur AmazonesRoxanne prône le droit à être lesbienne sans qu’un homme ne pense que quand deux femmes se roulent des pelles c’est pour lui faire lever la pine, ou présage d’un plan à trois qu’il fantasme comme un mort de faim (textuellement : «  si je roule des pelles à ma copine/c’est pas pour te faire lever la pine/mais augmenter son taux de cyprine »), parfois contre le regard de la société (un peu en fil rouge).

Romantique.

Mais la majorité des titres sont, comme toujours, en rapport avec l’amour. Un classique éternel ici exposé d’un point de vue lesbien, même si, par exemple, Le cri de Léa & Sonikem, presque slam, s’avère valable pour les LGBT et H. C’est très subtilement écrit, c’est fin, et musicalement c’est également délicatement ouvragé. D’une façon générale, le son est irréprochable, même sur le titre le plus fou de l’album, à savoir Artistes femmes de Mamel, gros délire puisque le duo, assez lyrique, « chante avec ses fesses » avec un côté totalement allumé. Et bien engagé également puisque le titre défend le fait d’être artiste femme (le nom du titre parlait de lui-même). Bien évidemment, ça entre en résonance avec les mouvements Balance ton porc.

Le plus beau, en qualité sonore, mais aussi parce que sa voix nous touche particulièrement, c’est Abysses d’Ava & les Primates. Ce titre nous donne des frissons par cette voix profonde, expressive, douce mais présente, physiquement forte. Tous les morceaux nous plongent dans un univers cohérent, puissant, que, parfois, les compiles n’arrivent pas à générer. Ici, tout se tient, même si on aime moins un ou deux titres, un en particulier, mais c’est juste parce qu’il nous évoque Christine & the queen, ou Chris… on ne sait plus trop comment l’appeler, du coup on se braque. Il s’agit de En plein jour, même si techniquement il est très bien fait. Quant à Artiste femme, si nous avions un peu de mal au début, en fait, nous apprécions le délire (mais il a fallu quelques écoutes avant que nous l’apprécions à une plus juste valeur).

Sonorités électroniques et électriques.

Donc nous restons principalement, tout de même, dans l’univers électropop. Un gros travail de production a été réalisé, faisant que l’ensemble reste dans des tonalités chaudes, plutôt « confortables », c’est-à-dire que nous ne nous sentons pas agressés, quand bien même les paroles peuvent être virulentes.

Si on excepte le presque funky Alba & Bianca, le très trap/hip-hop Artistes femmes et celui plus électro tendance dark wave Argent roi, ou le plus « traditionnellement » pop En plein jour, tout reste dans une sorte de bulle urbaine relativement light. L’ensemble de la compile se tient donc dans une main car la cohérence est là, forte, et les titres cités ci-dessus permettent des sortes de petites pauses qui renforcent l’homogénéité de Black Lilith l’album.

LE titre de Black Lilith.

Pour nous, c’est Alba & Bianca de Nobräklub & Arthur D’Haeyer. Notamment le passage du mariage « je t’envoie des bisous dans la bouche/je les cric croc comme des craquottes », en mode dialogue chuchoté hyper touchant.

Mais surtout, c’est qu’en 4minutes et 40 secondes, on revit l’histoire d’Alba & Bianca, l’envie de maternité, le mariage aussi, un peu tout ce qui fait la vie d’un couple, qu’il soit homosexuel ou pas, mai jamais long fleuve tranquille. Bref, on aime beaucoup !

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