ALASKALASKA premier album The Dots

alaskalaska the dots chroniqueAlaskalaska, The dots (debut album déjà disponible chez Marathon artists)

N’allez pas croire, avec ce nom tarabiscoté, qu’Alaskalaska nous arrive de cet état américain aux vastes étendues sauvages. Non, Alaskalaska ne vient pas d’Alaska mais de Londres (pas de vastes étendues, mais peut-être sauvages dans certains quartiers). The dots est leur premier album et s’inscrit dans une pop à l’intersection de courants musicaux divers.

The Dots.

Les premières impressions nous submergeant nous amènent à penser que ce disque aurait tout à fait eu sa place dans les années 80, avec cette production relativement clinquante (avec ces batteries ouatées notamment). Mais ces impressions ne sont fondées que sur une écoute distraite de l’album qui s’avère d’une incommensurable richesse. Si les années 80 suscitées vous rebutent autant que nous, sachez qu’elles ne sont qu’une vague évocation dans cet univers entre pop et électro, nourrie d’incursions jazz et d’une certaine forme de world music travestie (ou pas).

Essayons de reprendre les choses par le commencement. Le premier titre brouille déjà les pistes, notamment lorsque les voix s’entrechoquent avec une bonne dose de mystère (voix naturelles, d’autres passées dans divers filtres). Superpositions, chœurs hachés, ligne de chant évidente, simple et addictive, le groupe joue la perte de repères à plein pot pour proposer une musique n’appartenant qu’à eux.

Pop ? Électro ? Ou autre ?

The dots déroute autant qu’il séduit. Les strates des titres demandent des lectures approfondies. Nous devons soulever la première couche sonore pour qu’apparaisse la deuxième, puis éventuellement la troisième, quatrième etc… Ce que nous entendons de prime abord, ce qui nous accroche, n’est pas forcément aussi simple qu’il le paraît. En effet, comme un mille feuille, chaque couche apporte sa dose de surprise ou de petites trouvailles géniales.

L’architecture des morceaux repose pour beaucoup sur les nappes de clavier. Elles dispersent aux quatre vents des tonalités plutôt lumineuses, même si une infime part de mélancolie, toute britannique, donc flegmatique, semble rôder. Les programmations électros secondent une batterie sensuelle, pleine d’un groove discret mais efficace, pour un résultat aux couleurs chaleureuses (un peu à l’image de l’artwork de The Dots).

Bien entendu, parce qu’ils sont anglais, il y a des guitares électriques, une sensibilité pop et dansante évidente. Mais en ajoutant des parties de saxo, nous ressentons une accointance avec le jazz, même si Alaskalaska ne donne que superficiellement dans ce registre. Pourtant, il n’y a rien de superficiel ici. Cette touche jazzy apporte elle aussi une teinte particulière à l’univers du groupe, des couleurs délicates et évanescentes plutôt qu’une véritable assise dans ce style.

Métissage.

Un autre élément transparaît, mais tellement grimé que nous nous demandions si nous le rêvions. Il s’agit de l’aspect world music. Il semble dilué ici et là, à travers des sonorités caribéennes, dans les sonorités électro de certaines percussions, dans une approche presque reggae par moments, de certains morceaux. Le groupe brasse ici toutes ses influences, autant personnelles que musicales. Leur environnement intime est source d’inspiration, Alaskalaska le restitue à sa manière, originale et inventive.

Le métissage apporte une véritable personnalité à ce groupe qui ne se prive de rien, pour notre plus grand plaisir (et ce contre toute attente). Nous sentons que The dots ne souffre d’aucune forme de pression, juste d’une envie de faire les choses à la manière dont Alaskalaska l’entend.

La liberté de ton de ce groupe ne fait donc pas de doute. Il n’y a pas de désir de plaire à tout prix, mais juste l’envie de faire une musique qui ressemble à chaque membre du groupe ce qui fait qu’au final nous prenons un pied terrible à écouter ce disque qui, quoi que nous fassions, revient toujours en haut de la pile des disques à écouter, puis à réécouter.

Preuve qu’il vaut le coup, non ?

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