[ ALBUM ] LES MARQUISES, La battue, electro-sensible.

La battue, nouvel album de Les marquises, disponible le 5 juin ( Les disques normal)

Une vibration qui pénètre. Un son, ou plutôt une unité de son qui nous caresse, nous heurte, nous plonge dans le désarroi, dans l’émotion. Avec son quatrième album La battue, Les marquises fait jouer la corde (électro) sensible, nous place face à une étendue vaste et sans limites, celle des émotions qui nous façonne.

Sans frontières.

La musique de Les marquises est une expérience. Non, elle n’est pas expérimentale, ne confondez pas tout. Elle est une expérience immersive dans un endroit dont les contours s’effacent progressivement sous le jeu des sentiments qui pêle-mêle nous assaillent. Cela ne se produit pas d’un seul coup, c’est très progressif. Une introduction donne le la. Elle indique la tonalité globale du disque à venir. Et déjà, elle nous transporte, peut-être bien dans un univers à la Kubrick, avec une photo léchée, des plans savamment étudiés, où le hasard n’a aucune prise.

Évidemment, il s’agit ici de musique, mais les qualificatifs ci-dessus valent aussi. Et puis ce terme de photo n’est, à notre avis, pas totalement anodin, puisque les images que déclenchent chacun des titres à une vraie portée, un peu comme si La battue était la bande originale du film interne à ses géniteurs (ou à ceux qui l’écoutent et qui, forts de leurs expériences de vie, en tireraient un film). Pour nous, cette photo correspond à merveille à celle qui illustre la pochette, à savoir un grain évoquant les années 70, avec assez « d’étrange » pour nous placer dans un ailleurs totalement fictif.

Violence des ressentis.

Parfois, une idée de décadence à l’écoute des morceaux nous gratte derrière les oreilles. Décadence ou insolence ? A vrai dire, un peu des deux. Nous allons vous révéler un peu de notre psyché en vous dévoilant certaines images qui s’impriment dans nos petits cerveaux (probablement bien surmenés comme vous pourrez le constater). Nous voyons sur au moins deux ou trois titres (La battue, Shape the wheel en première position) une fête royale, où le pouvoir en place s’enorgueillit d’être aussi beau, aussi riche, s’empiffre de friandise alors que ses sujets crèvent la dalle et les regardent avec envie. Un peu comme si le Marie-Antoinette de Sofia Coppola rencontrait Orange Mécanique, vous voyez ?

Cette vision est celle d’un cynisme sans nom, que retranscrit, à notre goût, la musique de Les marquises (qui n’est pas un groupe cynique mais qui montre ou démontre le cynisme). C’est-à-dire une dénonciation d’une puissance aveugle à tous les maux. Alors, les émotions qui nous saisissent nous portent les larmes aux yeux par la mélancolie, par la tristesse que la musique déclenche. Elles pèsent, ces émotions, sur notre plexus solaire, nous empêchent de respirer avec suffisamment d’ampleur pour nous sentir bien. Les tonalités nous plombent le moral, tout en étant paradoxalement d’une beauté indicible.

Beauté sensible.

Cette beauté émane de la pureté de la démarche du groupe. Autrement dit, en prenant leurs machines ou leurs instruments, en choisissant un relatif minimalisme, en répétant des motifs qui perforent nos résistances, Les marquises se mettent à nu tout comme elles nous foutent à poil, démunis de bouclier protecteur. Alors, comme sonnés, nous nous prenons l’équivalent d’un train en pleine tronche.

Il est rare que musique électronique nous fasse un si gros effet. Il faut dire que Les marquises introduit dans celle-ci quelques parties de basse d’une pertinence dingue, une ou deux guitares aux arpèges célestes, et surtout un chant parfaitement comme nous les aimons. Vous nous connaissez maintenant, vous savez que celui-ci doit être parfaitement imparfait, et c’est ici le cas, et ça fait mouche, instantanément. C’est un chant qui ne triche pas, qui ne se cache pas derrière une technique irréprochable, bref, c’est un chant miroir de l’âme, qui dispense une sensibilité folle, une fragilité empathique dingue. Il nous retourne ce chant (sur White Cliff notamment, mais pas que).

Bien sûr, il s’agit d’un tout, d’une aura qui habite les 9 titres et qui nous propulse là où toutes les barrières tombent à terre. Là où la pudeur a un sens. Un sens qu’il convient de montrer ou démontrer par la grâce de passages instrumentaux inspirés, qu’ils soient tirés d’instruments ou de machines. D’ailleurs, ici, elles n’ont jamais semblé si organiques. Le travail du son, des tessitures, des agencements des diverses strates des compositions nous laissent à la fois contemplatifs et émerveillés. Sans que jamais la musique de Les marquises ne perde en sens. La battue est un grand disque, ni plus ni moins.

Le titre de La battue.

Nous vous avons déjà présenté deux grands titres de cet opus, Head as a scree et The trap. 2 sur 9, ça fait déjà beaucoup, non ? Eh bien non. Parce que deux autres titres volent très hauts à nos yeux. Il s’agit du morceau titre La battue et White Clilff. Ce dernier pour son côté presque pas électronique. Et le premier pour tout. Alors lequel choisir ?

Nous allons pencher du côté de La battue. Parce que ce titre décuple le pouvoir annonciateur de l’entame du disque ((La battue se trouve en deuxième plage). Il poursuit donc le travail commencé sur Bare Land pour nous conduire vers The trap. Et de quelle manière ! Une très longue première partie, tribale, très minimaliste, avec un chant presque incantatoire, comme si nous assistions à une cérémonie ancestrale avant que, sur une deuxième partie, le rythme change légèrement, que les claviers apparaissent plus nombreux, que le chant décolle un peu de la boue, portant dans ses vêtements la poussière qui les recouvre. Mais l’homme est debout, il avance, et il poursuivra son but. Il y a de l’ampleur dans La battue, un côté presque épique qui nous transperce, avant de laisser place à The trap, donc, lui aussi d’une puissance rare.

Les marquises head as a scree

Revoir les vidéo de Head as a screa et de The trap

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