[ALBUM] BADEN BADEN, La nuit devant, les rêves à suivre…

Troisième album du duo Baden Baden, La nuit devant, sortie le 04/10 chez Starlite Rec. | Kuroneko

Ne pas si fier aux apparences. Derrière une musique très actuelle, le duo Baden Baden (Julien Lardé, Éric Javelle) nous invite dans une nuit fantasmée, personnage à part entière hébergeant rêves, confidences et errances. La nuit devant est un album pop à la richesse insoupçonnée.

Sonorités nouvelles et vintages.

Comment réussir l’alchimie entre passé et présent, avec pour vocation de durer dans le futur. Baden Baden utilise les technologies modernes pour tapisser leur album de nuances électro. Mais en réveillant les spectres de la new-wave, ils inscrivent leur musique dans un processus de mutation vers l’avant.

Celle-ci se nourrit donc des recettes du passé en les modernisant de façon plutôt intelligente, car il ne s’agit pas là de revival bêtement copié. Non, les tessitures du duo osent la danse (le titre Les longs formats par exemple), tout autant que des moments plus introspectifs (Ma chère), où la poésie des textes transcende les genres.

Textes intimes.

Le côté intime des textes ressort de façon frappante, malgré leur absolue douceur. Les auteurs dévoilent ici des sentiments pleins de pudeur, approchant une forme d’universalité poétique, de celle que nous échangeons, sur les marches de l’escalier, devant la maison, un soir où nous nous laissons aller à la confidence. Cet aspect prédomine dans cet opus qui ne se fige pas dans un schéma précis mais qui, au contraire, ouvre des horizons multiples à qui sait se laisser embarquer.

Précis, jamais intellectualisés à l’extrême, ni ne se la jouant tourmentés, les propos sont clairs, subtils, précis également. Le choix des mots vient concurrencer celui des habillages sonores et, couplé à des mélodies efficaces, nous guide vers le jardin secret de Julien Lardé et Éric Javelle.

Voyage au bout de la nuit.

Non, absolument pas, cet ouvrage n’évoque nullement celui de Céline (trop sombre, trop geignard), mais la promiscuité de l’idée de la nuit nous saisit. Ce moment de la journée, charriant ses fantasmes, ses défaites, ses rêves, ses promesses nous apparaît effectivement superbement mis en relief par Baden Baden. Son caractère enveloppant, mis en exergue par une production ample et des arrangements recherchés, nous protège de quelconques prédateurs (répondant au doux nom de mauvais goût).

Dans La nuit devant, il n’existe pas, ce mauvais goût, car il est sans cesse repoussé par une forme de grâce, certes travaillée, qui paraît innée. Le duo nous offre donc une lecture d’un monde nocturne qui nous tend les bras, avant que le jour ne lui cède la place. Et d’assumer ici un renouvellement salvateur pour les corps et les âmes endoloris.

Avec cet album, Baden Baden nous invite à sortir des sentiers battus de la pop française, plaçant au centre de leurs préoccupations de textes superbement agencés, aux mots pesés, et aux images puissantes. La nuit devant, oui, mais la vie également…

LE titre de l’album

Pour nous, le titre nous faisant le plus d’effet est CLSS (après tirage à pile ou face avec BH). Pourquoi ? Une ligne de chant relativement dynamique, un jeu avec les mots, avec le champ lexical de la drogue. On aime aussi cette phrase : « la nuit je rêve en lapsus et j’ai peur de tout dire. » La musique joue un tempo alangui, comme pour mieux nous perdre dans les méandres d’une nuit sans éclat. Simple musicalement, complexe dans ces mots, CLSS nous embarque, dès le début de l’album dans un univers mélancolique/romantique du plus bel effet, effet qui ne retombera pas tout au long de l’album même si tous les titres n’ont pas cet impact sur nous.

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