[POESIE] VANHONFLEUR, Le super soldat // Fantaisie militaire.

Fascicule poétique par Vanhonfleur.

Petit livre vert, de peu de chose, à la couverture texturée, il porte le nom de Le super soldat. En sous texte, en texte tout court d’ailleurs, et noté sous le titre : « la guerre c’est bien mais pour la gagner la guerre il faut être le meilleur et pour être le meilleur il faut devenir un super soldat avec un organisme édifiant et des armes absolues et il faut être allé sur Mars sans ses amis. »

Et pour être un super-poète écrivant sur un super soldat, Vanhonfleur est-il allé sur Mars, avec ou sans ses amis, ou est-il lui-même un martien ? La question reste entière. Mais ce texte, agrémenté de courtes vignettes textuelles, et d’images soldatesques, nous donne une certitude : sa plume est bel et bien terrienne.

Ode au super soldat.

S’agit-il d’une déclaration d’amour à d’improbables guerriers, à la mort, à la vie, au pouvoir militaire, au pouvoir humain ? Dur à dire. Car ce texte, cette prose, dont chaque strophe commence par « un super soldat » et s’achève par « j’aimerais être », faisant que début et fin se confondent, ressemble à une énumération technique de capacités plus ou moins réalistes d’un super soldat mi-homme mi-machine.

« Un super soldat j’aurai un casque dynamo-muant fondant les pensées en acier trempé épais injecteur halluciné un casque magique et tragique un trou profond ou résonneront les cliquetis des clac de mes balles-bulles lâchées tels des molosses accrocs… ». Le rythme est là, présent du début à la fin de cette notice du super-guerrier 2.0 d’un espace-temps indéfini et profondément naïf. Car il y a de la naïveté dans ce poème, une naïveté surréaliste qui nous fait penser que ce super-soldat est un enfant qui parle et qui jouerait à être « comme si ».

Mais oui, souvenez-vous, quand vous étiez gosses, les jeux, ces appropriations que vous faisiez. Si j’étais un artiste je serais Vanhonfleur et j’écrirais des poèmes. L’a-t-il imaginé ? En tout cas il l’a concrétisé. Et il en publie aussi, de la poésie (mais c’est une autre histoire que nous vous raconterons nous en sommes sûrs un jour ou l’autre). Donc poète, il délivre un univers techno poético naïf, et pur, de chair, de sang et de métaphores aériennes, quand bien même il est question de soldat. Mais justement, ne les rend-il pas plus supportables, plus humains ? Sans doute que si.

Courtes vignettes textuelles.

Ainsi, dans son poème il nous décrit un être imaginaire combinant corps physique, corps mécanique et réflexions quantiques, et il martèle la donne de courts textes, des vignettes, qui tiennent en 3 lignes comme elles pourraient tenir en 100. Ils y reviennent sur l’image du soldat, des poilus pouilleux aux soldats à chat, en passant par les rats démineurs et autres godemichés cachés proscrits des écoles américaines alors que les guns, cachés eux aussi, ne le sont pas. Ces vignettes donnent en peu de mots une dimension incroyable au propos guerrier, remettant en exergue l’absurdité de la guerre en détournant ces codes meurtriers.

Car c’est bien cela qu’il faut y voir, une moquerie de la guerre, de sa bêtise, de cette virilité mal placée, mais aussi avec ce côté fascinant chez les jeunes et les moins jeunes « pourquoi les enfants aiment-ils tant les armes (…) puis passé l’âge enfant on aime les jeux où l’on s’entretue (..) pourquoi pourquoi ? »

Vous avez 4 heures.

Plus.

Pour confirmer les dires de ces vignettes textuelles, des images, un patchwork d’images, piochées ici et là , dans le films, dans les œuvres d’art, dans des publicités etc… On y reconnaît entre autre Terminator, JCVD, Le voyage dans la lune de Mélies, Guignol aussi. On pense aussi, fortement, à cette aberration que l’on retrouve dans Full Metal jacket, avec ce badge Peace and love alors que sur le même super soldat, un marine, on retrouve l’inscription Born to kill. Ce paradoxe ressort de ce poème de façon criante, séduisante également.

Car la langue est belle, car elle nous prend à revers, à rebrousse poil, pour mieux nous amener à réfléchir. En fin de fascicule, nous retrouvons à nouveau un certain surréalisme dans ce dialogue entre Supersoldat et Amazng-z294, dialogue en anglais. Celui-ci nous semble être, pardonnez-nous si nous n’avons pas bien traduit le dialogue en anglais, frenchies de base que nous sommes, un dialogue de sourds, comico-tragique. Bref, pour la modique somme de 5 euros, vous vous ferez plaisir avec un objet unique et malin. Ou vous pourrez l’offrir à votre belle-famille pro-militariste. Comme vous voulez !

le super soldat par vanhonfleurRelire la chronique de Toujours pas de nouvelles de mon frère.

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