[BIOGRAPHIE] THIERRY JOURDAIN, Little Steven, the disciple of soul

Little Steven, the disciple of soul, biographie de Thierry Jourdain (éditions Camion Blanc).

Relativement méconnu en France en dehors d’un cercle de connaisseurs et de passionnés de musique, Little Steven, Steve Van Zandt pour être plus précis, fait pourtant partie des musiciens iconiques discrets du rock n’ roll. Fidèle second du Boss (Bruce Springsteen) qui évolue de façon plus que régulière au sein du fameux « backing band » de ce dernier, le fameux E Street Band, Little Steven est plus connu sur nos terre comme étant l’un des personnages secondaires de la géniale série Les Sopranos que pour sa musique. Pourtant, si ce rôle de l’ombre n’est pas pour lui déplaire, le musicien est également un artiste solo, engagé et conscient. Thierry Jourdain lui tire le portrait dans cette biographie exhaustive, la première du genre lui étant consacrée.

Ombre et lumière.

Steve Van Zandt, surnommé Little Steven, est un pilier. Ce genre de type robuste, solide, l’ami fidèle sur qui l’on peut toujours compter, quoi qu’il advienne. Il rencontre celui qui n’est pas encore le Boss au début des seventies et leur histoire d’amitié, d’amour fraternel, ne se démentira jamais. Alors qu’ils oeuvrent tous deux dans des groupes distincts, évoluant dans le New Jersey, c’est très rapidement qu’ils lient connaissance. Leur amour du rock les unira, et les conduira tous deux au sommet de l’Olympe.

Mais loin de revendiquer la gloire et de vouloir devenir Calife à la place du calife, Van Zandt se satisfait de l’ombre du géant Springsteen. Oeuvrant discrètement en « coulisses », Little Steven est un conseiller hors pair, sorte de bon (ou mauvais) génie de Springsteen, ce qui le conduira probablement à ce que le Boss soit le boss. Steve Van Zandt en effet n’hésite pas à donner son avis, à remettre Springsteen dans le droit chemin, participe activement à la production des albums de ce musicien, toujours avec sincérité. Même si des fois les deux hommes ne sont pas d’accord, même si des fois Springsteen ne l’écoute pas, leur amitié ne s’en trouvera jamais affectée.

Ombre aussi à la télé.

C’est aussi, durant presque une décennie (8 ans), qu’il sera le Consigliere de Tony Soprano, mafieux spleeneux dans la fabuleuse série qui porte son nom. Homme de conseil, de confiance, le seul à ne pas vouloir devenir chef de la famille, Van Zandt trouve un rôle à son image, dans lequel, avec discrétion mais charisme, il crève l’écran. Vous l’aurez compris, ce rôle s’inspire grandement de son histoire avec Springsteen (comprendre qu’il ne s’agit pas là d’un rôle de composition). Néanmoins, Little Steven a aussi une carrière bien à lui, de producteur (donc encore dans l’ombre) mais également en tant que frontman avec ses Disciple of soul, ou même en solo.

En effet, l’homme a sorti presque une dizaine d’albums sous son nom, des albums rock, tendance presque garage, qui l’ont conduit a effectuer des premières parties de grands groupes (certes ceux du Boss, mais également ceux de U2, créant là aussi une forte amitié avec Adam Clayton, bassiste du groupe irlandais) et à voyager hors du sol américain. C’est là qu’il prend conscience de la réputation militaire de son pays, qu’il est aussi exposé, par exemple, à l’Apartheid en Afrique du sud. Ces révélations éveilleront l’homme qui n’aura de cesse de combattre ces états de faits et d’en exposer les faces sombres avec ses projets solos.

Homme de coeur.

De la même façon, sa conscience s’éveillant (relativement) sur le tard, il n’aura de cesse dès lors de s’investir dans l’éducation par la musique, le rock étant pour lui un excellent moyen d’aider les jeunes à reprendre pied avec l’éducation. Nous n’allons certainement pas contredire cette idée que la musique, et le rock en particulier, est un excellent moyen de reprendre pied et de s’épanouir à l’école (et personnellement). Généreux donateur, il est actif dans de nombreuses associations et n’hésite pas, avec le coeur gros comme ça, à donner de sa personne pour les causes qui lui sont chères.

Le portrait tiré par Thierry Jourdain revient de façon complète sur le parcours de cet homme hors norme, un homme finalement modeste, qui n’a jamais oublié d’où il vient et où il va. Son parcours est un modèle du genre, d’abnégation, de prise de conscience, un parcours de passionné aussi (Little Steven tient un podcast depuis près de 20 ans dans lequel il délivre ces coups de coeur rock, de l’origine des temps de celui-ci jusqu’à aujourd’hui). Son ego n’est pour boursoufflé, ne gangrène pas son amour de la musique ni même son amitié avec une personnalité que nous pourrions penser étouffante (celle de Springsteen).

Une biographie complète qui dresse un portrait juste.

Au contraire, son envie de jouer est demeurée intacte depuis sa rencontre avec les Beatles, un certain soir de 1964, à la télévision. Depuis, il voue sa vie au rock et si ce simple fait le rend déjà foutrement attachant, ses caractéristiques humaines ne font rien pour le contredire. C’est donc un ouvrage que nous conseillons, d’autant que le talent de conteur de Thierry Jourdain n’est pas à démontrer non plus. Tous les ouvrages que nous avons lu de cet auteur passionné sont passionnants, tant dans leur fond que dans leur forme, et Little Steven disciple of soul ne déroge pas à la règle.

 

little steven thierry jourdain

Un autre ouvrage de Thierry Jourdain : Elliott Smith, Can’t make a sound

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