THIERRY GIRANDON Quand fleurissaient les cow-boys
Quand fleurissaient les cow-boys.
Rien que le titre… Il dégage déjà une tonalité de ce qu’il renferme, de cette poésie inhérente à Thierry Girandon dont nous avions déjà pu chroniquer l’excellent Amuse-Bec (chez Crispation Éditions tandis que Quand fleurissaient les cow-boys est édité chez Utopia Éditions).
Quand fleurissaient les cow-boys nous projette au far-west. Il était une fois dans l’ouest, Le bon la brute le truand, Pour une poignée de dollars, tout a été dit de cet univers très viril où les vengeances sont terribles.
Tout ou presque…
C’est ce que nous démontre Thierry Girandon, avec sa plume pleine de poésie et d’imagination. Nous sommes aux abords de Fair-City, ville ravagée par une épidémie, autour de laquelle rôdent des vilains, des moins vilains, et des reines. Bon, nous n’allons pas vous en dire beaucoup plus histoire d’attiser votre curiosité, mais sachez que différents protagonistes se retrouvent dans des situations inextricables, générant mort et désolation autour d’eux.
Bon, c’est pas guilleret tout ça, non ? C’est vrai, les histoires se déroulant au far-west ont la sale manie de se terminer, souvent, tragiquement, mais dans ce court roman, même s’il finit mal, on reste comme captif d’une bulle en apesanteur, comme captif d’un imaginaire ou la violence crue serait en confrontation avec les images poétiques tissées autour de l’intrigue.
Par exemple, nous ne résistons pas à l’idée de vous transmettre ce passage aérien, qui nous a soufflés (comme tant d’autres du reste) : « Et ainsi, le savon vécu trois bains, passa de main en main, s’étourdit au contact de ces corps doux et langoureux, et les bulles qui descendirent la rivière racontèrent les émotions merveilleuses causé par le sel d’une poitrine, le velouté d’un dos et l’effet d’une cambrure sur l’âme d’une savonnette. »
L’autre point fort de ce roman, ce sont les dialogues, vifs, incisifs même, parfois décalés ou légèrement surréalistes, ils apportent une nuances presque comique à cet univers de feu et de songe. Ils apportent aussi une humanité déconcertante à certains personnages, loosers célestes que nous nous surprendrions presque à vouloir couver de notre affection.
Hélas, en l’espace de 80 pages, certains mourront, d’autres non, pas forcément les bons (mais qui sont les bons?). Cela nous laisse un peu tristes, au fond, mais aussi réjouis par cette plume unique qui continue à dire des choses là où nous pensions que tout était dit.
Et ce avec une délicatesse et un angle de vue original et plutôt fin. Bien joué !