Chronique livre chronique roman, nouvelles, récit
[ROMAN JEUNESSE] MIDO, La porte des temps imaginaires.
La porte des temps imaginaires, roman jeunesse de Mido (Editions Ex Aequo).
Notre autrice jeunesse Mido revient pour une dernière chronique, consacrée à son roman pour 9-12 ans (et pour les plus grands aussi) La porte des temps imaginaires. Dans ce roman, il est question de respect de la planète, vu par le regard ancestral des Aborigènes australiens. Entre fantastique et légendes séculaires, Mido nous parle, par le biais de jeunes héros courageux, d’écologie et de respect de notre mère à tous (mais aussi d’amitié, car c’est toujours important).
Légendes et imaginaire.
Lilou et Max se retrouvent régulièrement au parc où leur grand-mères respectives ont plaisir à se retrouver. Les liens amicaux des deux jeunes adolescents ne font aucun doute. Quand un jour Lilou attend son ami en nourrissant quelques oiseaux, elle remarque une tourterelle se blessant par sa faute involontaire. Elle décide de la soigner en la portant chez l’Oiseleur, un vieillard qui terrifie un peu la jeune fille. En voulant récupérer l’oiseau blessé, elle se fait attaquer par un plus gros oiseau à l’aspect aussi effrayant que surprenant. En arrivant chez l’Oiseleur, elle fait connaissance avec la petite fille de celui-ci, qui lui dit avoir perdu son oiseau. Il se trouve que c’est le même qui a attaqué Lilou.
Voilà qui résume, relativement mal, le début de cette histoire extraordinaire. Car, en effet, rien ne laisse présumer, quand nous lisons la quatrième de couverture, de l’aventure dans laquelle nous allons être plongés. Dans celle-ci, il est question de légendes Aborigènes, d’un monde parallèle, imaginaire, émanant d’un livre dans lequel Max, Lilou et la petite fille de l’Oiseleur, Anyupa, vont entrer pour rencontrer le Serpent arc-en-ciel.
Écologie.
Ce livre est en quelque sorte une fable écologique. Cela reste réducteur car il est finalement plus que cela. Il invoque une prise de conscience, de celle que les hommes ont une sérieuse tendance à éviter de titiller, en se goinfrant d’un confort les rendant hermétique à ce qui les entoure. Pire, ce confort vise à détruire, par la passivité, par la facilité, à détruire ce qui les entoure et surtout à ne rien faire pour réparer les dégâts qu’ils causent. Quand des signes avant-coureurs sont envoyés par la nature, l’homme y reste irrémédiablement aveugle (et ce n’est pas la pandémie que nous connaissons qui va nous faire penser le contraire).
Ici, les jeunes héros tentent, à leur mesure, de contre-balancer le terrifiant pouvoir du Serpent arc-en-ciel. Mais est-il si terrifiant ? Nous avons plus l’impression que le vrai monstre de l’histoire n’est pas ce serpent, sorte de Dieu pour les Aborigène, ou du moins symbole de la mère-nature, ni même son pouvoir pourtant destructeur, mais bel et bien l’espèce humaine. En cherchant à soigner la tourterelle blessée, Lilou est remarquée comme étant « une personne pure », digne de confiance. Dès lors, la responsabilité lui incombe de changer les choses.
Lire et parler.
Ce livre, comme les autres de Mido, est un livre à lire avec ses parents, ou seul mais avec la possibilité d’échanger sur son thème, fort. Car en effet, les bouleversements climatiques sont un combat dans lequel tout le monde doit se lancer, et que chaque action, même minime, est importante. Éveiller la conscience des plus jeunes, c’est bien, faire changer la chose auprès des adultes en est une autre, car elle entraîne une refonte de certains mécanismes consuméristes de nôtre espèce. Et même avec tout l’optimisme qui est le notre, nous avons peine à croire que certains, les plus gros pollueurs, changeront de train de vie ou de confort pour le bien de la planète.
Très bien écrit, rythmé, La porte des temps imaginaires se dévore (nous disons cela en tant qu’adulte). Le vocabulaire est riche et parler de la culture des peuples aborigènes y apporte une dimension exotique très intéressante. La recherche autour de ce peuple permet à Mido d’être dans l’expression la plus juste de l’urgence dans laquelle nous nous trouvons, sans que cela ne sonne faux à aucun moment.
Humain, responsable, conscient, ce livre, et son auteure, nous dépeint des « enfants » finalement plus adultes que pas mal de parents. Est-ce de la science-fiction ? Hélas, nous craignons que non. Mais grâce à de telles histoires, nous sommes sûrs que la donne peut changer. Petit à petit, les consciences évolueront et, peut-être que nos enfants finiront par être fiers de nous. Espérons-le en tout cas !
Relire, de Mido : la chronique de 1, 2, 3… Noël ! et la chronique de Mut-Muk et de Les chemins d’Alana.
Dominique SIMON
#
Un grand grand merci pour toutes les chroniques que vous avez écrites sur mes trois romans jeunesse. C’est un immense bonheur pour l’auteure que je suis, de vous lire. Vos chroniques sont justes, précises et fidèles à mes écrits. Merci de m’avoir donné cette visibilité !
Reply