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[ ROMAN JEUNESSE ] MIDO, 1, 2, 3… Noël
1, 2, 3… Noël !, contes de Noël par Mido (aux éditions Ex Aequo).
Mido est une autrice jeunesse dont nous allons vous parler chaque jour de cette semaine, ou presque. Elle est autrice de plusieurs ouvrages, parus aux éditions Ex Aequo, pour enfants de 7 à 77 ans. Non, oublions cette phrase. Si ses livres sont en effet à destination des plus jeunes, ils sauront aussi émouvoir leurs parents comme c’est le cas de ces 3 contes de Noël, sobrement intitulés 1, 2, 3… Noël !
Ces trois contes, loin de la légèreté habituelle inhérente à cette date si particulière, nous plongent dans des univers faits de questions, de conscience, d’amour et de fraternité. Qu’il s’agisse du Cadeau de Millie, de Murmure d’aiguille ou de La lettre de Bana, Noël n’est finalement qu’un prétexte pour placer des enfants en pleine interrogation dans un contexte plus doux.
Le cadeau de Millie.
Emilie (Millie de son surnom, écrit au Père Noël une lettre bien particulière. En effet, elle demande à cet illustre personnage, pour cadeau de Noël, qu’il envoie un lutin susceptible de rendre le sourire à son grand frère de dix ans. Celui-ci est en effet bien triste depuis longtemps, et Millie aimerait le voir à nouveau heureux. Le Père Noël répond à sa lettre et dépêche un lutin sur place pour remédier au problème.
Ce conte est extrêmement touchant. Il nous montre à quel point Mido, qui fut professeur des écoles, a gardé de cette époque des traces profondes. Nous n’allons pas trop développer l’intrigue pour vous laisser la surprise, mais nous pouvons néanmoins dire qu’il y est question d’une forme de violence qui ne devrait plus avoir lieu à notre époque, mais qui pourtant perdure. Les personnages, comme c’est également le cas dans les autres romans, sont décrits avec justesse malgré des portraits qui pourraient ne paraître qu’esquissés au regard du nombre de page de chaque histoire.
Il y a une grande générosité dans la plume de Mido, tout comme dans le coeur de la petite Millie qui, plutôt que de choisir égoïstement un cadeau rien que pour elle, cadeau « marchand », elle choisit un cadeau qui n’a pas de prix : celui de permettre à son grand frère de retrouver un peu de douceur de vivre.
Murmure d’aiguille.
Nous sommes le 21 décembre et Arthur, qui a sans cesse repoussé l’exercice au lendemain, se rend compte que sa lettre au Père Noël n’est toujours pas rédigée. Il se dépêche de la rédiger et, pour être sûr qu’elle lui arrive à temps, il décide d’aller la lui porter en main propre. Ainsi, il pourra vérifier si les vilaines rumeurs circulant dans sa classe et dans la cours de récréation sont fondées. Car ces rumeurs, ce sont elles qui ont retardé l’écriture de la lettre.
Plus traditionnel, ce conte nous dépeint un petit bonhomme plein de caractère, qui ne veut pas se laisser dicter ses rêves. Ou plus exactement, c’est un petit garçon qui ne se contente pas des réponses que lui fournissent copains et parents. Il veut en avoir le coeur net, pour continuer à vivre ses rêves comme son coeur le lui dit. Alors, à la nuit tombée, il part dans une grande aventure à la recherche du Père Noël.
La malice du petit héros, son intelligence et sa curiosité nous le rendent instantanément attachant. IL nous permet de réveiller le petit garçon (ou la petite fille) qui sommeille en nous depuis bien trop longtemps. En faisant les bons choix, en voulant atteindre ses rêves, il obtiendra toutes les réponses à ses questions. Étrangement, nous pensons à l’acteur Macauley Culkin, héros de Maman j’ai raté l’avion par sa finesse d’esprit et son côté enfantin plus vrai que nature.
La lettre de Bana.
Ce conte est en vérité une lettre au Père Noël, rédigée par Bana, une petite fille syrienne.
Nous n’allons pas en dire trop. Ce conte est bouleversant de justesse et d’humanité. Qu’ajouter de plus à cela ? Peut-être simplement dire, en plus de ce qui a été mentionné, que l’avenir de l’homme est dans chaque enfant qui naît et qu’il convient de toujours les protéger, bien avant nos propres intérêts, bien avant nos propres egos. En 5 pages, Mido fait le tour de la question de ce qu’est l’humanité (ou de ce qu’elle devrait être). Ce conte qui clôt le recueil est d’une force rare. Il referme ce 1, 2, 3… Noël ! avec maestria puisqu’en est exempt toute mièvrerie. Nous le conseillons donc plus que fortement, pour les enfants sages, mais aussi pour ceux qui ne le sont pas (parce que s’ils ne le sont pas, c’est qu’il y a une bonne raison).