[RENCONTRE] LÉNA JESTIN, réveiller les archives.

Les Archives Dormantes, maison d’éditions fondée par Léna Jestin, au cœur du territoire et de ses habitants.

Nous avons rencontré Léna Jestin qui dirige les Éditions Les Archives Dormantes et nous avons décidé de vous en parler. Pourquoi ? Eh bien simplement parce que cette maison d’Éditions a pris le parti de raconter l’histoire dans l’Histoire. On s’explique.

L’essence.

Si Les Archives Dormantes portent ce nom, ce n’est pas par hasard. En effet, Léna Jestin réveille les archives départementales et municipales pour qu’elles nous content leurs histoires. En fouillant, elle met à jour des récits souvent oubliés, d’illustres anonymes ayant un jour ou l’autre pris la plume, pour une raison ou une autre.

Par exemple, dans le cas de Boulevard des étrangers, nous avons accès au journal de bord d’Hugo Ringet, Allemand installé à Paris qui a été capturé et enfermé dans un camp pour « internés civils » en 1914, au début de la Grande Guerre. Son journal de bord est ainsi traduit de l’allemand pour nous relater les détails de sa captivité.

Celle-ci est bien évidemment une petite histoire dans la grande, un fragment de la culture « locale » car cet internement s’est effectué dans le département des Côtes-du-nord (ancienne dénomination des Côtes-d’Armor). D’autres récits sont également édités, récits racontés par des « locaux » partis à l’autre bout du monde, de façon volontaire ou contrainte, et/ou ayant vécu la guerre, et ayant ainsi transmis un fragment de leur vécu.

Avec Les Archives Dormantes, il est donc question de transmission, de mémoire, de celle d’un territoire ou de ses habitants, de se réapproprier l’Histoire à travers celle d’auteurs qui n’en étaient pas véritablement. Les témoignages ainsi remis en pleine lumière acquièrent une dimension particulière grâce au travail de Léna Jestin. Ainsi, sans y paraître, ce travail permet de se réapproprier un passé en vue de mieux connaître notre présent, ou démontre comment l’intime devient universel.

La transmission.

Mais tous les ouvrages disponibles dans le catalogue n’ont pas une vision aussi historique des choses. Nous vous avions parlé du livre Tu l’écris, je le crie de Gaspard Verdure qui est une forme de témoignage indirect des habitants de Saint-Brieuc, ou de ses visiteurs, qui mêle drôlerie et poésie. De la même façon, l’ouvrage Je n’ai jamais écrit de Damien Pouvreau (auteur/musicien) Vincent Flückiger (illustrateur/musicien) questionne sur l’importance des écrits personnels dans la transmission et la mémoire collective.

Mais Les Archives Dormantes ont également une autre vocation, celle de permettre à des anonymes de publier leur livre à eux, en toute petite série, à l’usage de leur famille ou de leur proche (donc non commercialisable). Les Archives Dormantes façonnent donc un vrai livre, s’occupent de la mise en page et de tous les aspects techniques/physiques, tout en étant pudique sur d’éventuelles remarques. Le but n’est pas de juger le travail de ces auteurs anonymes, juste de leur permettre d’exprimer, pour leur proche, leur histoire et leur vécu.

Les Archives Dormantes est donc une maison d’Éditions pour qui la transmission de la mémoire est une valeur sacrée. Avec énormément de respect, de tact, elle restitue donc un univers méconnu, soit dans le but de l’inscrire dans un mouvement de réhabilitation de la mémoire collective, soit dans celui du cadre familial et intime. Une éthique qui nous touche tout particulièrement car tout le monde le sait, les paroles s’envolent mais les écrits restent.

léna jestin les archives dormantes

crédit : Face 2 Breton

Les Archives Dormantes

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Les Archives Dormantes, et Gaspard Verdure, seront au salon des écrivains bretons le dimanche 06/10 à Binic (22)

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