JÉRÔME TOUZALIN, On ne se méfie jamais assez de ses parents.

On ne se méfie jamais assez de ses parents, de Jérôme Touzalin, paru chez Maïa Éditions.

Derrière le titre en forme d’uppercut, On ne se méfie jamais assez de ses parents de Jérôme Touzalin nous pose la question, éternelle, du qui sommes-nous ?, en se basant sur les injonctions et comportements de nos géniteurs. Le plus souvent dans le mauvais sens de la chose.

Jérôme Touzalin n’est pas à proprement parler un philosophe. Dramaturge, il est auteur de plusieurs pièces de théâtre. Pourtant, On ne se méfie jamais assez de ses parents, bien que le titre puisse sonner comme celui d’un thriller, pose des questions justifiées, parfois sous un angle presque drôle, même si, le plus majoritairement dans ce livre, il est plutôt incisif et vigoureux.

Des idées à la pelle.

Comme tout philosophe se respectant, Jérôme Touzalin a le verbe haut, et les idées tout autant, même si des fois elles se situent parfois, pour le bien du livre, au-dessous de la ceinture. Donc l’auteur, le philosophe déploie ses idées autour du thème suivant : nous ne choisissons pas de vivre, n’avons rien demandé à ceux qui sont nos parents, consentant ou pas, pourtant nous arrivons au monde vierge de tout « préjudice », même si nous le demeurons très peu de temps.

En effet, nous sommes rapidement soumis au diktat des parents, sous toutes les formes que ce soient (tendresse ultra-présente/étouffante, tyrannie de la gifle, idéologies etc.). Jérôme Touzalin fait un tour qui nous paraît exhaustif de la question de l’héritage (généalogique, éducationnel) en omettant peut-être la notion assez complexe de la génétique. Cela n’est pas bien grave car nous avons déjà fort à faire avec les idées avancées dans le bouquin.

L’histoire ici est de déterminer à quel point notre libre arbitre est dicté par nos parents et que, quoi que nous fassions, tout est toujours dirigé en ce sens (désir d’émancipation, recherche de soi, atteinte de certaines limites, on en oublie).

Jouer au philosophe.

Notre but n’est pas de jouer au philosophe avec l’auteur. Nous ne ferions assurément pas le poids. Nous n’allons pas lui opposer de contre-arguments, ni remettre en question son raisonnement. Si certaines notions nous paraissent très justes, d’autres nous laissent plus dubitatives, notamment (et c’est finalement peut-être le seul argument que nous pourrions lui opposer) parce que l’avis propre de l’enfant, qu’il soit jeune ou vieux (car même à 80 ans nous sommes ou avons été le fils ou la fille de quelqu’un, donc son enfant), n’est pas pris en compte.

En ce sens, nous pensons que certains concepts ici ne laissent pas place à l’intelligence individuelle face à celle, collective, du monde qui nous entoure et qui tend à valider au minima à 99,9 % de ce que Jérôme Touzalin explique ou argumente. Nous avons trop d’exemples concrets qui lui donnent raison, quel que soit le coin du globe.

Un ton particulier.

Pour tous ceux que la philosophie barbent, et ils sont nombreux, nous dirons simplement ceci pour vous amener à lire ce livre. Il y a, car on ne se refait pas, ou du moins jamais complètement, un ton parfois théâtral dans l’écriture de Jérôme Touzalin. Le rythme est très fougueux, presque virulent, mais nous y discernons aussi, à de multiples occasions, comme un second degré, de l’ordre d’un humour dissimulé.
Le ton est semble-t-il provocateur, pour justement nous pousser dans nos retranchements de lecteurs, mettre nos neurones en ébullition pour apporter notre réponse à l’auteur. Mais surtout, cela nous pousse à revoir nos comportements et à nous interroger, ne serait-ce qu’en surface, sur ce qu’est notre parcours de vie. Nous disons « ne serait-ce qu’en surface » car il est vrai que peu d’entre nous osent s’aventurer plus avant dans les entrailles dont nous sommes constitués.

En fin de livre (d’essai devrions-nous dire), nous avons tout de même l’impression que l’auteur met un peu de côté l’intelligence de certains êtres qui essayent, par leurs actes, par leurs pensées, de s’affranchir de schémas imposés par leur ascendance, et du coup permettre à leur descendance d’acquérir ce semblant de pensée propre et dénuée de tout aspect « de cause à effet ». Mais peut-être que Jérôme Touzalin est finalement dans le juste, peut-être croyons-nous simplement des éléments de contradiction qui sont déformés par notre propre histoire.

Le débat reste entier et nous sommes tout à fait enclins à en discuter avec lui. Parce que la philosophie est avant tout un art vivant qui demande des confrontations (en bonne et due forme).

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Relire la chronique de Faillir (roman ou la philosophie a toute sa place)

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