[ROMAN] THOMAS DEGRÉ, La demoiselle de nulle part.

Nouveau roman de Thomas Degré, La demoiselle de nulle part, paru chez JDH éditions (collection magnitude).

C’est avec plaisir que nous retrouvons Thomas Degré, qui fut notre auteur du mois de février dernier, avec son nouveau roman, La demoiselle de nulle part. Une nouvelle fois, Thomas Degré nous raconte une histoire fortement inspirée par son amour pour le septième art, notamment par les Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy.

Une œuvre se dévoile.

Nous avons la chance d’avoir lu (presque) toute l’œuvre de Thomas Degré. Nous pouvons ainsi décrypter avec une certaine acuité (et nous l’espérons justesse) l’évolution de sa plume. Si ses deux premiers livres étaient relativement noirs par leur contexte historique (un livre de témoignage De Budapest à Paris, revenant sur l’histoire de son père adoptif, l’autre un roman, Marie, 4 novembre 1943, complétant de façon romanesque le précédent livre de témoignage), la suite s’avère plus réjouissante.

En effet, 10 jours de canicule, et maintenant La demoiselle de nulle part, sont beaucoup plus légers et très loin de l’histoire sinistre relative à la seconde Guerre Mondiale. Pourtant, il est question de meurtre dans La demoiselle de nulle part, du crime crapuleux d’une jeune femme de 17 ans étant entrée, sans crier gare, dans l’univers d’un écrivain en transit. Hommage au cinéma de Jacques Demy, mise en abyme du travail d’écrivain, enquête policière, les thématiques sont nombreuses et s’articulent avec fluidité autour d’un personnage lambda qui semble subir sa vie plus qu’il ne la conduit.

La malice de Thomas Degré.

Nous évoquions plus haut l’évolution de la plume de Thomas Degré. Celle-ci est des plus malignes. Si elle était déjà efficace et plutôt habile, elle gagne en précision en allant à l’essentiel dans ce nouveau roman. Nous sentons en effet que chaque mot est pesé, tombe pile où il doit, sans que cela ne soit le fruit du hasard. Il n’y a jamais, tout au long des 160 pages, de lourdeurs, de redites. Cette efficacité diabolique nous entraîne à dévorer, littéralement, ce livre qui, à peu de chose près, pourrait faire un excellent best-seller.

En effet, une jeune femme de 17 ans décide de perdre sa virginité. Elle tombe sur un inconnu, dans le métro, un homme de 35 ans. Ils se rendent à l’hôtel, couchent ensemble, échangent leurs numéros de téléphone. Le lendemain, le 24 décembre, ils décident de réveillonner ensemble. Mais le soir venu, la jeune femme ne répond pas au coup de sonnette de l’homme, ni à ses appels téléphoniques. Il repart, conscient de l’absurde de cette « relation ».
Quelques jours plus tard, il sera entendu par la police. La jeune femme a été retrouvée morte. Innocenté par manque de preuve, il part dans l’Aveyron pour continuer l’écriture de son roman. Mais ses personnages le rattrapent, lui et cette histoire de meurtre.

Une histoire à tiroirs.

Il n’est pas aisé de résumer une histoire comme celle-ci en quelques mots. Nous pouvons simplement dire que nous voyons ici un effet domino se mettre en place. Une inspiration provenant d’un fait divers, une diversion provenant de l’imaginaire d’un auteur, des courts-circuits entre réalité et imaginaire, un amour du septième art, tout se combine à merveille pour nous entraîner dans cette histoire à la narration diablement addictive.

Peut-être pourrions-nous croire qu’en si peu de pages chacun des thèmes ne seraient qu’effleurés en surface, mais il en est tout autre. Effectivement, tout n’est pas dévoilé, mais le propre de La demoiselle de nulle part est bel et bien de tisser une atmosphère, une ambiance, à la fois légère et pleine de sens. En outre, Thomas Degré se joue de nous, nous irrite ou nous excite les neurones pour tenter de découvrir le fin mot de l’histoire avant le terme de celle-ci.
Au final, quelques questions restent en suspens, mais qu’importe puisque l’important a été dévoilé.

Un « presque » best seller

Les deux « entités », homme et roman, eux-même captifs de la plume de Thomas Degré, se bousculent dans une histoire absolument maîtrisée de bout en bout, avec un clin d’oeil à 10 jours de canicule (qui lui-même est une histoire de chantage, et d’enquête policière très inspirée par le cinéma de la nouvelle vague). Nous retrouvons dans ces deux romans la même légèreté, parfois à la limite de la désinvolture, et une aura particulière teintant ces histoires de notes sépia.

Nous évoquions l’absence de lourdeur, nous pourrions aussi insister sur le fait que ce roman ne s’essouffle jamais. Le plaisir de lecture n’en est que plus fort, d’autant plus qu’il irrigue notre cerveau de références cinématographiques façonnant l’inconscient collectif, lui apporte des couleurs folles, ce qui ne fait que décupler le bonheur de suivre une nouvelle fois la trace de cet auteur qui affine son écriture pour un rendu frôlant la perfection !

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