CERRONE Paradise
Vous connaissez forcément le nom de Cerrone. Que vous soyez jeunes, un peu moins jeunes ou même jeunes depuis quelques ou plusieurs décennies, vous n’avez pas pu passer à côté de lui. Mais ce que vous connaissez de lui n’est probablement lié qu’à sa seule musique. Avec Paradise, son autobiographie écrite avec l’aide de Bee Gordon, aux Éditions E/P/A, vous serez incollables avec cette superstar de la dance music.
Marc Cerrone est avant toute chose un batteur. Sa première batterie, il l’a obtenue lorsqu’il a réussi à finir une année sans se faire virer de l’école. Il ne le savait pas mais ce coup de foudre pour l’instrument lui ouvrira les portes d’une carrière exceptionnelle, ponctuée de nombreux succès et d’une reconnaissance mondiale.
Pourtant, rien ne prédestinait cet enfant d’immigré à réussir dans la musique. Ses parents, d’origine modeste, divorcent alors qu’il n’a que 6 ans, faisant voler en éclats son monde d’enfants. Placé en orphelinat (sa mère est dépressive et son père n’est pas capable de gérer Marc et ses frères et sœurs), il vivra un calvaire pendant deux ans. Puis, enfin récupéré par sa mère, il devient ingérable. L’école ne l’intéresse pas, mais la batterie, si, terriblement, passionnément, à la folie.
Ado, il se fait recruter par le Club Med. Puis, un peu plus vieux, mais pas encore majeur, il forme un groupe Kongas. Après cela, c’est une sorte de conte de fées qui se met en place pour Marc. Il est signé chez Barclay, enchaîne les tournées, bref, il vit la vie qu’il rêvait. Il dit qu’il a eu beaucoup de chance dans sa carrière, celle d’avoir rencontré les bonnes personnes au bon moment. Si nous ne pouvons pas lui retirer cela, à la lecture de son autobiographie, nous pensons au contraire que cela n’a rien à voir avec la chance.
Marc Cerrone a un caractère bien trempé. Il sait ce qu’il veut, et pour l’obtenir, il y va, de son dire, souvent au culot, créant justement cette chance qu’il dit posséder. Dans un premier temps, tout lui sourit. Il monte un mégastore du disque, dans l’un des premiers centres commerciaux ayant vu le jour en France. Malin, il le fait fructifier, mais l’envie de faire de la musique ne le quitte pas. Alors, il compose et écrit de la musique, l’enregistre, puis la vend dans son propre magasin. Mieux, il en vend à d’autres puis rachète ses propres disques pour créer le besoin et un chiffre de ventre qui se verra.
Un jour, pour cause d’erreur, un carton de ses disques part aux États-Unis, où les DJ se l’approprient. C’est la gloire, sauf que lui l’ignore. Par un jeu d’engrenages, il est mis au courant, part aux states et le voilà propulsé grand manitou du dancefloor et du disco. Sa carrière, même après un problème de contrefaçon de disque, ne connaîtra plus de limites.
Nous découvrons à travers Paradise un homme étonnant, finalement très loin de l’image que nous nous faisions de lui (nous l’imaginions frimeur, flambeur, strass et paillettes, ce qui s’avère être une navrante erreur). Le premier élément qui nous marque, c’est son côté « petit garçon ». Joyeuse, son écriture transmet une sorte d’énergie propre aux enfants, avide de tout découvrir, ignorant la peur de s’engager dans quelque chose de pourtant impressionnant. Nous pourrions presque y déceler de la naïveté, mais ce n’est pas le cas.
Outre une modestie que nous sentons sincère, nous découvrons un artiste perfectionniste que se refuse à produire une musique, un spectacle, un roman, de piètre qualité. Pour lui, il faut se montrer digne de la confiance de ceux qui croient en lui, digne de la confiance du public sans qui il ne serait rien. Ne pas décevoir, tel est son leitmotiv.
Nous découvrons également un homme faourchement indépendant dont les valeurs sont profondes, fortes, résultantes de l’éducation qu’il a reçu étant enfant (c’est lui-même qui le dit). Si Cerrone a su s’entourer, il n’en demeure pas moins qu’il s’avère extrêmement fidèle en amitié. Il place sa confiance en des personnes et (re)travaille régulièrement avec elles. Bien sûr, son livre fait rêver et nous pouvons parfois nous dire qu’il est impossible de parvenir à un tel degré de réussite, néanmoins Cerrone ne cesse de dire qu’il faut y croire, qu’il faut se créer les occasions, qu’il faut ouvrir les yeux sur qui peut nous aider.
Foncièrement positif, son livre est un petit régal qui nous permet d’approcher un peu l’homme derrière le mythe. Cet amoureux de la vie fait preuve d’une honnêteté désarmante à travers ces pages. Si certaines répétitions s’avèrent inutiles, Paradise n’est à aucun moment pénible à lire. Nous l’avons dévoré à pleines dents, un peu comme ce musicien dévore la vie.
Carpe Diem…