[ NOUVELLES ] ALYS H.WOOD, Les diables hautains

Les diables hautains, nouvelles du village de Goffre, recueil de nouvelles d’Alys H.Wood.

Ne cherchez pas le village de Goffre sur une carte, il n’existe pas. Pourtant, il nous semble réel car il représente ce genre de petit village français, de campagne, donc peu peuplé, mais chargé d’histoires de damnations, malédictions, d’abandons aussi. Avec Alys H.Wood (qui a la classe de ne pas nous en vouloir pour cet énorme retard de chronique, le recueil étant déjà disponible depuis de longs mois. Nous la remercions pour cela !), nous partons en Gironde, quelque part entre Libourne, Castillon la Bataille et Saint-Émilion, pour 8 nouvelles brouillant les pistes entre réalité(s) et cauchemars, comme si Les diables hautains de Goffre se jouaient de nous. Pour de vrai.

Un lieu « commun ».

Dans chacune de ses nouvelles nous nous trouvons à Goffre, un village où règne tour à tour une malédiction, une créature venant d’un autre monde, un tueur, des histoires de tromperies, des histoires d’amour qui finissent mal (comme c’est le cas en général), le tout tissant l’identité d’un endroit d’apparence tranquille, normale, mais révélant une âme corrompue par le sang.

Avec une plume habile, Alys H.Wood se joue de la réalité, nous entraîne sur des fausses pistes, jalonne le chemin que nous empruntons de pièges plus ou moins dissimulés et horribles. Ceux-ci, tour à tour, nous déstabilisent, nous émoustillent les sens, nous perdent dans nos réflexions et nous mettent face à des stéréotypes ici subtilement détournés. En 8 nouvelles, l’autrice se joue de nous, tout comme elle joue avec nous.

Une malédiction ?

Le recueil commence par une malédiction, une histoire surnaturelle. Mais à l’image du roman L’ombre du vent de Carlos Ruiz Zafon (récemment décédé), le surnaturel de cette histoire ne l’est pas tant que cela. Tout est au contraire rationnel mais, sous la plume d’Alys H.Wood, prend des contours emplis d’une sombre magie. Tout comme cette histoire de bulbe, nouvelle de science-fiction horrifique pouvant pourtant trouver une explication rationnelle (mais qui ne l’est pourtant pas).

Il y a cette histoire d’une joggeuse, au mauvais endroit, au mauvais moment, et qui subit les outrages d’un rustre frappadingue. Une histoire comme ça, chaque village en a déjà vécu une, et c’est justement, dans la crédibilité émanant de ces écrits, qu’Alys H.Wood marque le coup. Car en ne surjouant pas sur le côté émotionnel (en étant clinique d’une certaine façon), l’autrice nous met face au fait accomplit et nous laisse ainsi interpréter les histoires à notre manière. Ainsi, par exemple, cette histoire de bulbe, aussi fantastique soit-elle, nous laisse plutôt penser à un homme qui péterait les plombs et assassinerait sa famille (du moins c’est ce que nous pensions avant la chute de la nouvelle, preuve que l’autrice nous a bien surpris).

Une plume entraînante.

Dans Les diables hautains, la lecture est aisée. Les différents événements se déroulent tous dans le même village, et ce fil rouge délivre une atmosphère particulière, proche d’un exercice de style que viendrait rompre la diversité des genres abordés (fantastique, thriller, « fait divers ») etc. Cette atmosphère particulière est celle d’une appartenance à un lieu, ici perverti par les passions et le mal habitant une terre.

Sans beaucoup d’effets clinquants, c’est-à-dire avec sobriété, Alys H.Wood nous propulse dans des contes où la morale n’est jamais moralisatrice (un simple constat d’un acte en entraînant un autre) et où chaque chute, ou presque, déroute (celles qui ne nous surprennent pas n’ayant de toute façon pas vocation à le faire). Nous y trouvons nous-même notre rythme derrière des descriptions efficaces, jamais surchargées, qui nous mettent instantanément dans l’ambiance.

De même, l’écriture d’Alys H.Wood ne s’embarrasse pas du superflu. Nous sentons que chaque mot est exactement là où il doit être, qu’il sert de point d’équilibre à chaque phrase, à chaque intonation, à chaque impulsion de l’histoire qui l’entoure. Proches d’un langage parlé, ces nouvelles pourraient très bien s’inscrire dans une veillée conte et propager, subrepticement, comme les ragots et rumeurs, des légendes factices plus vraies que nature.

Et c’est là que réside le talent de cette autrice qui fut en son temps l’auteure du mois sur Litzic : rendre réel l’imaginaire. Les 8 nouvelles que renferment Les diables hautains en sont une preuve plus que probante !

alys H.Wood les diables hautains

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