REPTILES, My sworn enemy (album déjà disponible)

reptiles my sworn enemyFlirter avec sa part d’obscurité.

Nous vous avons déjà parlé de Reptiles, avec son EP, déjà baptisé My sworn enemy. Nous y retrouvons donc des titres en communs, parmi lesquels Venin bleu, My sworn enemy et Now qui ouvrent la face A, ainsi que Tooth for Tooth qui clôt la face B. Les rejoignent, et complètent par le milieu, Face god, Sordid hotel, The last surivor, Darkness is mine et The Only true. Tous forment un album qui transpire la sueur, le mal-être, le sang, l’obscurité, mais aussi une beauté, une poésie en décalage permanent, comme un espoir empêchant de sombrer corps et âme.

Si Reptiles était un personnage, il pourrait être un de ceux qui se rapprochent du croquemitaine, mais en version torturée, en remise en question permanente. Il serait un être dont le cœur semble se déchirer en deux du fait d’une trop grande sensibilité, d’une dualité sans cesse en combat (celle de vouloir être normal, tout en se sachant pas normal). Un être dont le bien et le mal façonnent la personnalité, dont le beau et le laid semblent sans cesse le ramener au niveau du parquet. Finalement, un être, humain, tout simplement.

Lumière.

Tel un homme en noir, en contre-jour, sa silhouette se dessine sur un fond métissé dans lequel croisent le fer post punk, synth rock, et un soupçon d’électro. Sa présence en impose d’emblée. Elle paraît tout recouvrir d’une étrange aura, oppressante, étouffante, véhiculée en partie par une voix provenant des tréfonds des tripes, leurrées par l’absorption massive d’hectolitre d’une bibine frelatée, par des maux de ventre psychosomatiques, et qui ressurgirait, telle une diablesse, de sa carcasse fracassée.

Elle propulse un cri. Un râle. Un souffle. Une idée selon quoi ce qui reste à pourrir dans le bide fini invariablement par nous dégommer. Alors elle s’exprime. Viscéralement, directement, frontalement. Et invariablement, cela nous désarçonne, nous fait chuter de nos préjugés, de nos petites vies bien rangées, de nos tours d’ivoires inaccessibles, de nos rêves avortés, aussi.

Et pourtant, la beauté…

Baume à l’âme.

La beauté éclabousse par la grâce des mélodies. Elles s’imprègnent petit à petit dans nos veines, comme un remède à la morosité d’une existence sans relief. Mais attention, comme tout remède pouvant potentiellement s’avérer pire que le mal qu’il soigne, ces mélodies évitent l’écueil du trop facile, du trop évident. Elles s’apprivoisent, délicatement, comme on dompte un cheval sauvage qui se cabrerait dès qu’on l’approcherait d’un peu trop près.

Alors il faut quelques écoutes successives pour que la lumière émerge des 9 titres. Il faut aussi abaisser la garde, accepter de perdre, parfois, le combat contre les évidences. Elles se font d’elles mêmes, et ici elles nous crient simplement que derrière un aspect crépusculaire, qu’au-delà de la démarche titubante de l’artiste maudit, se trouve un trésor inestimable qui mérite d’être découvert.

Car, enlevé le clinquant de certaines productions, vous n’obtenez que du vent. Grattez un peu la surface évidente de My sworn enemy et vous découvrirez une richesse folle d’arrangements, souvent minimes, une sensibilité à vif de la voix, un mouvement vers l’émancipation d’un être. Comme une mue, Reptiles devient plus grand que lui-même.

Fini l’oppression.

Dès lors, cette musique qui nous apparaissait de prime abord oppressante nous entraîne dans un rythme presque hypnotique, mais toujours orienté vers l’avant. Un courant de vie, en quelque sorte, qui allège la peine, les doutes, ne fournit pas de réponse pour autant, mais juste une voie, personnelle, à explorer pour tenter de les obtenir.

Le titre qui clôt l’album, revoyant à la loi du talion, au « dent pour dent » nous prouve bien qu’il faut parfois se faire violence pour naître ou renaître de nos vies passées, usées sur le bitume. Avec cet album, survenant après une longue carrière underground, le reptile apparaît au grand jour, en pleine lumière, et cela ne peut que nous réjouir. En ce sens, My sworn enemy s’avère puissant et cathartique. En plus de cela, il est une cure de jouvence. Qu’espérer de plus ?

Reptiles sera présent lors de La Super Cathédrale, le 21 juillet, à Binic (22)

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