FREAK IT OUT, Turtle Race

TURTLE RACE FREAK IT OUT

Nouvel EP déjà disponible

La musique est-elle toujours une forme d’art ? À voir le nombre de groupe, indépendants ou non, qui en font commerce, nous sommes en droit de nous le demander. Fort heureusement, certains groupes ou artistes lui redonnent des lettres de noblesses. Et assurément, Freak it out en fait partie, et son nouvel EP Turtle Race en est la preuve flagrante.

Fini les groupes pour GMS (grandes et moyennes surfaces) ? Rien n’est moins sûr. La musique est un bien de consommation commun, reproduisant ses schémas, éculés pour la plupart, à base de textes insipides et auto-centrés sans la moindre inventivité et musique aseptisée qui fait qu’aucun groupe ne se démarque plus de son voisin. Ma musique, pour certains, c’est un moyen de se faire du fric, au détriment d’avoir un message à faire passer. Oui, nous sommes volontiers provocateurs, mais il suffit de voir le nombre d’articles en rapport avec des albums publiés depuis un an donne un peu un aperçu de ce qu’on pense de la scène musicale actuelle.

Out of business

Mais des extraterrestres parviennent toujours à nous mettre le feu aux poudres et Freak It Out, quintet breton, en est la preuve plus que flagrante. Leur premier album Re : activate nous avait électrisé, mis nos sens en ébullition, et cet EP confirme la donne, prouvant qu’un groupe peut encore s’émanciper du marketing de masse, du commerce putassier et de la fange dans laquelle tous pataugent pour écrire une musique qui ne ressemble qu’à lui. S’exprimer, faire une musique qui nous tient à cœur, poser là nos ressentis sur le monde actuel, sans être frontal mais tout en subtilité, tel est le parti du quintet qui nous éblouit avec son mélange des genres et sa personnalité rayonnante.

Il est vrai qu’ici tout se télescope, avec une finesse que vient contrebalancer l’engagement de la musique. À la fois exigeante sur le plan des compositions, sur l’harmonisation des voix, sur l’architecture et le canevas sonore tissé par les différents musiciens, Turtle race se veut à la fois pointu et entraînant. Autrement dit, le groupe ne se prostitue jamais (il ne cherche pas à se faire éhontément du fric sur le dos de mélomanes de pacotilles, tout comme il se refuse à adoucir les angles de son art pour rentrer dans les cases de la standardisation), quand bien même sa musique s’avère paradoxalement accessible grâce à un groove démentiel et un côté collégiale qui prendra à partie le public en live (et même la personne qui écoutera le disque seule chez elle).

Sincérité incoercible.

L’énergie est communicative, flamboyante, autant que la musique se veut réfléchie, mûrement réfléchie même, travaillée dans ses moindres détails (production, superpositions des voix, des motifs instrumentaux). Esprit hip-hop et rock se bousculent sur fond d’emprise funk, voix scandées autant que chanté, invectives contrôlées, ton rageur ou plus enjôleur, l’effet est immédiat. Thibault (chant lead, clavier) porte d’ailleurs cette intensité à son paroxysme, aidé en cela par une base rythmique trépidante et mortelle (Pierre à la basse et Lancelot à la batterie et chant additionnel) qui se démène pour que jamais ne retombe le soufflet. La guitare de Maxime (également au chant additionnel) et les machines de Fabien (claviers, bidouilles, percus, chant additionnel) posent un matelas sonore sur lequel peuvent s’exprimer les personnalités de chacun des membre du groupe, lui donnant se supplément d’âme qui manque hélas à tant d’autres formations.

Ce groupe fait simplement du bien à l’heure on nous perdons foi en à peu près tout. Il insiste sur le fait que la musique reste un art pour qui décide d’être un tant soit peu sincère dans sa démarche. C’est plus que louable, et c’est vers cela que nous devrions tous nous tourner. Si avoir un énorme public n’intéresse pas forcément le combo, on lui souhaite malgré tout de rallier un vaste public sous sa bannière, qu’il puisse ainsi continuer à explorer sa psyché et son art pour nous proposer un nouvel album très bientôt et ainsi continuer à nous faire rêver !

La revue du premier album de Freak It Out

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