Sélection clip 22-18, de Phaon à Lady La Fée
Nouveautés musicales et vidéos du vendredi 20 mai 2022.
On retrouve dans cette sélection 22-18 des artistes qu’on aime à retrouver, comme Phaon, et des découvertes un peu improbables comme Lady La fée (dont l’un des membres n’est autre que Loki Lonestar). Mais surtout, c’est une nouvelle fois par la beauté conjointe du clip et de la musique que nous nous retrouvons. Qu’ils soient sérieux ou non, les clips prolongent le plaisir d’un titre, à un moment donné. Alors on savoure, sans bouder.
PHAON, Phobie nocturne (nouvel EP)
C’est un groupe que nous aimons bien par chez nous. Phaon revient avec un nouvel EP, 3 titres enregistrés live, répondant au nom de Phobie Nocturne. En trois parties, le groupe y dévoile tout son savoir-faire pop/new wave, toujours en français, poétique, dans le texte. Musicalement, on retrouve sa patte classieuse, sur un rythme parfois proche du disco, voire par instants d’un électro-rock proche de la techno, sans jamais sacrifier à la qualité mélodique de leur univers. Le mélange fonctionne merveilleusement, montre aussi un côté très dynamique du groupe qui se repose en général plus sur des atmosphères « romantiques » d’ordinaire.
Cette autre facette de son travail à tout pour plaire mais surtout démontre que Phaon en a sous la semelle, sans que jamais cela ne nuise à la qualité d’écriture et de composition. Pas forcément une sinécure chez d’autres groupes qui ont parfois tendance à sacrifier l’un des deux au profit d’une efficacité du moment (par exemple énergie pure pour une session live au détriment d’un texte, ou inversement). Heureusement, l’intelligence du quartet lui permet de sombrer dans un quelconque excès. Cette session live en est donc le parfait exemple et Phobie nocturne n’en est que plus parlant !
ANDRÉE BEAUBOiS
Derrière des airs déjà entendus, Andrée Beaubois se démarque de la masse par ses qualités mélodiques et un texte très bien écrit. Musicalement, sa pop, qui laisse entrevoir un léger esprit shoegaze (cette façon dont la voix, mixée très bas se mélange à la musique), s’oriente plus vers une presque idée de psychédélisme. Pour nous, ce H.Bogart pourrait être l’équivalent d’un titre de Foxigen, mais en français dans le texte.
On succombe donc au charme esthétique de cette musique, mais également de ce clip qui renforce cet aspect vaguement psychédélique, ou du moins nostalgique des années 60-70 par le choix de ses couleurs. Une belle découverte !
STRAWBERRY SEAS
Clip trop meugnon, avec des chiens dedans. Mais là n’est pas le propos puisque ce qui nous intéresse avant tout, et bien que les jolis toutous soient mignons tout plein, c’est la musique ! Ce n’est pas une surprise, c’est elle qui prime. Nous y retrouvons un je-ne-sais-quoi propre aux années 60 dans le chant, cette forme de presque désinvolture hyper cool, le tout porté par une musique qui revisite l’histoire du rock, du funk en passant pour la côté lo-fi, légèrement garage, la pop, évidemment, le rock itou, et que tout cela se tient admirablement en 3 minutes et 9 secondes, soit le rêve de tout musicien qui se respecte !
Green grass à donc tout pour plaire, et on ajoute qu’on trouve le titre hyper sexy. Et ceci n’a rien à voir avec nos amis canidés.
MARIE MATHEMATIQUE
Me and Mark Hammil déboule comme ça sans crier gare et nous harponne d’emblée. Mélodie folle, psychédélique yéyé, ou rock 60’s avec une pointe de punk, le titre s’avère totalement imparable. Il y a quelque chose de gamin dans cette façon de chanter, une forme d’innocence qui pimente l’ensemble, comme pour dire que derrière nos jeunes années se cachait déjà un regard plein d’intelligence et de lucidité.
Habillé d’un clip do it yourself, Me and Mark Hammil mérite amplement d’être mis en lumière, dont acte. Il annonce l’album Nos jours étranges qui sortira le 24 mai chez Lunadélia records.
JULIA PERTUY
Ce titre pourrait paraître anodin. Mais derrière l’évidence pop, qui réside en grande partie par le choix de mélodie sur les couplets, il apparaît vite une notion presque expérimentale (le refrain est saisissant et nous paraît une belle définition de ce qu’Abyssal veut dire). Les choix artistiques de Julia Pertuy sont très marqués, laissent affleurer une pointe classique par le choix des instrumentations, mais surtout une grande force dans le texte qui évite les poncifs.
Mais encore une fois, c’est cette expérimentation des plus surprenantes qui nous attrape et ne nous lâche plus. Elle permet non seulement à Abyssal d’éviter les clichés, mais elle lui permet aussi de démontrer un très gros travail d’écriture et une personnalité totalement à part. Inclassable, oui, mais terriblement séduisant ! (et puis, c’est tout sauf anodin, Abyssal est le premier single de la dame. Son EP, lui, est attendu pour octobre).
AGATHE
Nous naviguons en plein western urbain avec 6 AM, l’histoire d’une mauvaise rencontre, à 6 du mat’. Outre la qualité du clip, beau noir et blanc dont le sens ne vous échappera pas, celle de la musique lui donne une dimension plus dramatique encore. À la manière d’une musique provenant des États-Unis, une folk fortement teinté d’imaginaire far west, Agathe nous entraîne à sa suite dans ce voyage intimiste qui s’avère rapidement très poignant.
Sans faire dans la démonstration excessive, Agathe appuie là où ça fait mal, c’est-à-dire dans la mélodie qui accroche l’oreille, qui nous dit de venir en terrain conquis, avant de nous entrainer profondément dans son univers. Certes, nous pourrions y voir des similitudes avec des morceaux existants, mais tous n’ont pas la grâce de cette artiste.
LADY LA FÉE
On termine cette sélection par le délire du jour, à la sauce (presque) Mad Max. Mon coco est une reprise d’un classique réunionnais des années 60-70 redynamisé par Lady La fée (groupe originaire de l’île), qui y mêle aspect metal (les screams), punk, un je-ne-sais-quoi pop, le tout en costume d’époque (post-apocalyptique évidemment). C’est efficace, assez marrant, ça ne se prend pas trop au sérieux, et ça fait du bien. Une excellente façon de refermer cette sélection en somme.
