LISA MITCHELL, A place to fall apart

Lisa mitchell a place to fall apart4é album disponible le 22 avril.

6 ans après son précédent opus, Lisa Mitchell revient avec A place to fall apart, un quatrième album d’une maturité profonde, qui place celle qui un jour a participé à la version australienne de La Nouvelle Star. Mais oubliés les débuts, c’est en se déconstruisant (et en se reconstruisant par voie de conséquence) que la chanteuse de 31 ans nous offre un album magnifique.

A place to fall apart nous place en effet dans la suite du processus de mue de l’artiste. Celle-ci s’est éveillée à elle-même suite à son retour en Australie (après des années vécues à Londres). Lisa Mitchell s’est en effet penchée avec attention sur l’histoire de cette île, sur celle de ses premiers habitants (les aborigènes qui se sont faits volés leur terre par les colons britanniques), mais aussi sur ses racines celtiques (écossaises en particulier). Cette prise de conscience, importante pour ne pas dire majeure, lui permet de proposer un album riche, dense, mais aussi un peu magique.

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Pop folk hors du temps.

La temporalité n’existe pas. Ou du moins sa linéarité se trouve fortement remise en cause sur ce disque. En effet, en onze titres, l’artiste nous transporte en un lieu totalement déconnecté du monde. Un refuge, une île déserte sur laquelle se propage sa pop folk délicate. Elle se traduit par une base commune à tous les albums de ce genre, à savoir une assise guitare basse batterie, à laquelle s’ajoute un piano, quelques cordes. Les instruments acoustiques et la production boisée lui donnent des atours folk de toute beauté, superbement mis en relief par une voix splendide.

Si le disque ne s’avère pas révolutionnaire dans la construction de ses morceaux, qui reposent tous sur une formule couplet refrain pont, il l’est davantage dans son essence et son propos. Car c’est en effectuant sa révolution que Lisa Mitchell parvient à trouver sa voie, le sens qu’elle veut donner à la fois à sa vie et à son œuvre. Cette vérité, qui lui est très personnelle, trouve un écho dans sa musique et éveille en nous des souvenirs enfouis dont nous n’avions pas conscience.

Ce disque dégage vite quelque chose de magique. Nous évoquions une production boisée, mais elle est en vérité bien plus que cela, car elle dégage une ampleur majestueuse en jouant sur des effets parfois électroniques, parfois plus simplement analogiques (écho, delay) mais sans perdre de vue son objectif principal, celui d’être au plus près du propos de l’artiste.

lisa mitchell

crédits : Jess Brohier styling Jam Baylon scaled

Désapprendre pour mieux comprendre.

Depuis plusieurs années, la jeune femme s’est remise en question, a désappris ce qu’on lui avait inculqué, pour s’éduquer finalement elle-même sur les questions dont les réponses lui échappaient. Remise en question qui la pousse à apprendre la langue et les traditions aborigènes, qui la pousse à apprendre le gaélique écossais, afin de savoir d’où elle vient et de comprendre où elle est. Cette quête de sens fini d’achever sa mue, la place dans un mouvement de prise de conscience quant à sa propre place dans ce grand tout qu’est le monde.

Musicalement, cela se traduit par une certaine quiétude. Si la nostalgie semble être omniprésente de l’album, la mélancolie y est relativement absente. Nous sentons au contraire quelque chose de très positif émaner des 11 morceaux (dont le premier de l’album, Zombie, scande I’m not a zombie, ce qui donne la tonalité d’entrée de jeu), une forme non pas d’espoir mais de certitude qu’en connaissant mieux le monde dans lequel on vit, qu’en connaissant mieux ses racines, nous sommes plus en mesure d’agir sur notre propre destiné, sur nos actions futures.

Une vérité.

A place to fall apart dégage ainsi une vérité sans âge, une vérité délicatement forgée dans les histoires à la fois personnelles de leur autrice mais également dans celle de son pays. Nous retrouvons à travers ses mélodies et à travers une simplicité d’interprétation une forme d’expression totalement sincère. Il s’agit, pour Lisa Mitchell d’aller au fond des choses, au fond d’elle-même pour toucher à l’essence de sa musique. Plus que jamais, elle propose une vision du monde, une humanité pure, que rien ne pourra dévoyer.

Ce monde justement, il n’est pas qu’une somme d’individualités disparates, mais plus une somme de personnalités qui peuvent trouver, à travers ses mots, mais plus largement à travers la sincérité de sa musique (car tout le monde ne parle pas ou ne comprend pas l’anglais), la force de changer les systèmes et les diktats. Le disque appelle, l’air de rien, à se transcender pour évoluer, mais également à se transcender pour rendre le monde meilleur. Tout cela s’entend, se démontre également, par le caractère presque sacré qui se dégage du disque.

Car, si, comme nous l’évoquions plus haut, la musique de Lisa Mitchell ne révolutionne pas la folk ou la pop (ou les deux ensembles), elle possède une force incroyable, celle qui gonfle le cœur d’un espoir gros comme la Terre. Sans doute parce qu’elle est bien faite (techniquement), mais plus sûrement parce qu’elle parle à ce qu’il y a de meilleur en nous. Ainsi, nous nous prenons à espérer, malgré tout ce qui nous est tombé de pourri sur la tête depuis un peu plus de 2 ans, que tout peut évoluer de façon positive autour de nous.

Lisa Mitchell

crédit : Jess Broheir styling Jam Baylon scaled

Optimisme.

Ainsi, ce disque s’avère profondément porteur d’un message d’optimisme. Les compositions dégagent toute une chaleur bienveillante, sans pour autant que cela ne soit clamer haut et fort. Ainsi, ce qui n’est pas dit s’entend parfois mieux que lorsqu’on force la chose. Cela prouve une fois encore que la chanteuse compositrice interprète qu’est Lisa Mitchell a tout compris et qu’elle met en pratique son nouveau savoir. Dès lors, il porte un message complémentaire à sa musique.

Ainsi, c’est le cœur rechargé de bonnes vibrations que nous quittons le disque (pour y revenir quelques minutes, heures, ou jours plus tard) pour nous reprendre un shoot de conscience (jamais politique, mais toujours fortement humaniste). Ce disque, qui pourrait apparaître anodin au premier abord, est au final tout sauf ceci. Il est le Grand Disque d’une Grande Artiste, un petit bijou qui fait un bien fou.

LE titre d’A place to fall apart.

Il faut déjà préciser qu’aucun titre faible n’est à relever sur le disque. Une fois cela dit, tous dégagent une grâce qui lui est propre, parfois romantique, parfois plus entraînante, voire dansante comme peuvent l’être les musiques celtiques (d’ailleurs, ce disque possède quelques touches celtiques, discrètes mais belles et biens présentes). Nous avons une tendresse toute particulière pour Dreaming Swimming, justement pour cette ligne de chant d’une douceur absolue et aux aspects celtiques un peu plus appuyé (quelque part au niveau des lignes de chant).

Mais surtout, c’est ce mid tempo à la ritournelle obsédante de piano qui nous bouleverse. On est presque en présence d’une valse, dans l’esprit, et le titre nous fait tourner la tête, nous enivre par sa force mélodique et sa sobriété instrumentale, contrastant avec une production qui lui donne des ailes. Émouvant, le titre nous habite pendant un long moment, et nous serions presque tentés d’arrêter le disque une fois celui-ci terminé. Mais ce serait un crime (il reste 3 morceaux à écouter par la suite) puisque les derniers titres possèdent eux aussi des charmes bien à eux. Un album somptueux, du début à sa toute fin.

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