RAZORLIGHT Olympus sleeping
Nous ne donnions plus cher de ce groupe. Il faut dire qu’après un départ fracassant, il sombra rapidement dans une espèce de guimauve rock FM assez écœurante. Au bout de trois albums en 4 ans, la clef est jetée sous la porte. Seules quelques apparitions anecdotiques contrediront de façon spasmodique que le groupe existe toujours, quoique fortement remanié (seul le leader Johnny Borell maintiendra les apparences et la barque à flot).
Quand nous avons su que Razorlight sortait un nouvel album, nous n’étions pas plus emballés que ça. Les derniers souvenirs du groupe nous ayant laissé un arrière goût plutôt dégueulasse en bouche. Pourtant, il s’avère qu’Olympus Sleeping tient plutôt bien la route et qu’il révèle de jolies surprises.
Le premier titre ne parvient pas à se débarrasser des vilains tics de ses deux prédécesseurs avec ce rock FM plutôt banal. Malgré tout, un petit quelque chose dans le groove qui en émane nous maintient en alerte, nous disant que, peut-être, il se passera un truc…
Et effectivement, il se passe quelque chose, de plutôt inattendu. Les rythmiques sont bondissantes, joyeuses, enlevées, la paire basse/batterie faisant des pirouettes et évitent le gros martèlement de fûts/cordes jouées au médiator (bien que cela soit le cas, mais fait avec tact) pour appuyer une sensualité toute rock n’rollesque qui n’en a pas besoin car feeling il y a.
La voix, mixée très simplement, sans fioritures, possédant un punch tout britannique soit-il, participe à la fête. Borell est en forme, n’en fait pas des caisses, ne sombre dans aucune mièvrerie à l’America (sur leur album Razorlight). Non il chante, sans complexe, sans chercher à plaire, juste à être comme il est.
L’ensemble de la production sonne épuré, lorgnant avec l’énergie punk à la The Clash. Les mélodies sont plutôt bien senties elles aussi, évitant la surenchère de ceux qui veulent vendre un maximum d’album. Si certains titres sont un peu faibles, avec des attaques légèrement reggae, le groupe revient vite sur les rails d’un rock pas prétentieux mais abouti.
C’est cela qu’il faut comprendre sur cet opus. Le groupe a appris de ses erreurs, et au lieu de lorgner la facilité, il a appris à se faire plaisir. Celui-ci se ressent véritablement à l’écoute des 12 titres. De temps en temps les mauvaises habitudes refont surface, mais cela reste relativement anecdotique et n’entrave en rien le plaisir que nous ressentons. La musique de Razorlight débarrassée du superflu, sonne décomplexée et plus humble que par le passé.
Il est pour nous évident que le groupe vient de ressusciter. Probable que son leader se soit mis une pression de fou, pourtant elle ne se ressent pas sur Olympus Sleeping. Certes, le disque n’est pas un chef-d’œuvre absolu du genre mais il reste de très bonne facture et mérite que nous nous arrêtions un instant pour entendre ce chant qui prouve que Razorlight est toujours vivant.