MUTUAL BENEFIT Thunder follows the light

Douceur.

Ce mot à lui tout seul décrit à merveille ce que nous ressentons à l’écoute de Thunder follows the light de Mutual Benefit (alias Jordan Lee). Douceur à l’écoute, douceur à l’imaginaire, une sucrerie loin de toute mièvrerie, serti dans des compositions flamboyantes.

Nous avons failli passer à côté de cet album faute à une rentrée très chargée. Celle-ci nécessité énergie, rapidité et presque par hasard, alors que le feu n’était plus attisé par le tourbillon des nouveautés, nous avons pu nous poser tranquillement sur notre fauteuil et nous plonger dans l’écoute de cet album sorti chez Transgressive recordings/[PIAS] le 21 septembre dernier.

Il fallait bien ça, du calme, de la sérénité, pour absorber ce que Thunder follows the light proposait, à savoir une pop/folk délicate, aux voix satin et aux couleurs pastorales, bucoliques. Si nous retrouvons ici tous les ingrédients inhérents à la pop, ils sont agencés de façon à sonner le plus légèrement possible. Dans cet album, n’attendez pas de riffs tranchants, d’arêtes vives, vous ne les trouverez pas.

En revanche, vous vous retrouverez embarqué dans un univers moelleux, où les chants d’oiseaux comblent les interstices entre deux moreaux, où les cordes, les cuivres réchauffent les cœurs. Il y a aussi un piano aérien, un banjo discret, qui viennent apporter quelques notes plus cristallines.

L’art de Jordan Lee, avec Mutual Benefit, réside dans l’orfèvrerie des compositions. Nous avons la sensation qu’il crée des nouveautés comme s’il en pleuvait alors que les morceaux sont classiques dans leur forme (évitant cependant l’écueil habituel couplet/refrain). Oui, mais ils dégagent un sentiment d’ampleur, prenant tout le champ sonore sans pour autant le surcharger, sans avoir peur de laisser les notes vaquer à leurs propres envies.

Il existe chez Mutual Benefit une grâce envoûtante, celle du travail bien fait, ne subissant aucune pression. Tout respire la quiétude, la félicité pourrions-nous presque dire. Ce groupe nous fait penser à celui d’Evening Hymns, sans la noirceur camouflée de celui-ci.

Thunder follows the light, le tonnerre suit l’éclair, porte alors mal son nom car, en opposition avec cette production musicale, l’album respire la lumière, le calme après la tempête, ou celui la précédant. Ce titre ironique paraît bien être le seul pied-de-nez de Mutual Benefit sur ce disque absolument essentiel pour se reconnecter avec soi-même.


En douceur, évidemment.

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