Chronique musique Portrait/interview
MEZERG, des Transmusicales 2019 au MMEA.
Retour sur un musicien techno atypique.
Nous avons appris jeudi soir que Mezerg faisait partie des 5 lauréats des MMEA 2022. Pour rappel, il est accompagné par 5 autres artistes, Denise Chaila (Irlande), ДEVA (Hongrie), Blanks (Pays-Bas) et Alina Pash (Ukraine) . La Belge Meskerem Mees remporte le grand prix du jury tandis que le duo Arménien Ladaniva remporte lui le prix du public.
Nous revenons un peu plus longuement sur ce musicien atypique que nous avions découverts sur scène à l’occasion des Transmusicales de Rennes 2019, où sa prestation nous avait autant éblouie par sa qualité, par sa technique, que par la personnalité explosive du musicien Bordelais.
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Sans machines.
Tout d’abord, il convient de rappeler que Mezerg fait de la musique électro, mais sans machine. Pas de beat enregistré, tout est fait live. Pour cela, le musicien possède un jeu de clavier, des pédales de batterie (Charleystone, grosse caisse), et il a fréquemment recours à un térémine, ce drôle d’objet créé en 1920 par Lev Sergueïevitch Termen et qui produit des sons à partir d’ondes que l’on vient perturber de la main. Le matériel est planté, ne reste plus qu’à faire parler le talent.
Et assurément, Mezerg en possède une pleine valise. Il se met en scène dans des vidéos qui font le buzz un peu partout. Il faut dire que l’art du musicien ne s’arrête pas aux simples instruments, mais aussi à l’image qu’il donne de lui. Si on devait faire une analogie douteuse, nous dirions qu’il nous fait penser à une sorte de marionnette du Muppet Show avec sa silhouette longiligne, sa chevelure qui lui couvre souvent une partie du visage, avec une gestuelle souvent exacerbée. Bref, il fait le show.
Elctro mais pas que
Mais il surprend aussi. Car s’il fait de la musique électro, I l sait aussi innover, en branchant, par exemple, des légumes en guise de touche de clavier. Forcément, ça crée le buzz. Mais là où il est surtout fort, c’est qu’il parvient à insuffler une touche de jazz à ses compositions, dansantes, mélodieuses. Il explose un peu les préjugés et surtout, il peut jouer un peu n’importe où, en solo, tant qu’il possède une prise de courant pas très loin.
S’il joue principalement en solo, il effectue aussi pas mal de duos avec des musiciens parfois atypiques comme lui. Le résultat est toujours étonnant et bluffant de maturité artistique. Toujours inventif, il lui arrive de reprendre des standards rock qu’il réinterprète de façon magistrale mais aussi totalement décomplexée. On pense notamment à une reprise des Doors qui vaut son pesant de cacahuètes.
Talent de dingue !
Ce n’est donc pas véritablement une surprise que de le voir ici récompensé. C’est plutôt une confirmation du talent de ce musicien totalement à part, foutrement sympathique que nous ne saurions que trop vous conseiller de voir sur scène. Vous en prendrez plein les mirettes et les oreilles, et vous danserez aussi jusqu’à l’épuisement. Du divertissement pur et dur, oui, mais toujours avec du sens et une inventivité débordante. Bref, au risque de nous répéter, Mezerg possède un talent de dingue !